
Les ventes de Pernod Ricard souffrent encore du trou d’air des spiritueux
Alors que le secteur des vins et spiritueux traverse une profonde crise, le groupe français est confronté à des difficultés sur deux de ses principaux marchés : la Chine et les Etats-Unis. Ses ventes reculent de 14 % au premier trimestre de son exercice décalé.
Mauvais temps pour les spiritueux. Alors que Pernod Ricard avait réussi à limiter la casse sur son exercice décalé 2024-2025, en voyant son chiffre d’affaires baisser de seulement 3 % malgré la crise des spiritueux, le millésime 2025-2026 commence plus difficilement.
Au premier trimestre de son exercice décalé, le numéro deux mondial des spiritueux voit son chiffre d’affaires en données organique reculer de 14,3 %. Les ventes, affectées par un effet de change négatif et la cession en 2024 de l’activité vins, se sont élevées à 2,38 milliards d’euros, contre 2,5 au quatrième trimestre. En données organiques – hors effets de change et de périmètre -, elles reculent de 7,6 %, plus que le consensus des analystes qui tablaient sur une baisse de 7,1 %.
Incertitude douanière aux Etats-Unis
« Nous nous attendions à un démarrage en douceur », a assuré lors d’une conférence de presse Hélène de Tissot, vice-présidente exécutive en charge des finances du groupe. Ces ventes en berne s’expliquent par des difficultés sur deux des principaux marchés de Pernod Ricard : les Etats-Unis, qui représentent le premier débouché du groupe français avec 19 % des ventes, et la Chine (8 % des ventes).
Outre-Atlantique, l’incertitude douanière avait conduit les distributeurs à augmenter les niveaux de stocks à la fin de l’année 2025, les ajustements de stocks ont donc participé au recul du chiffre d’affaires de 16 % dans cette zone. Mais la bonne tenue des ventes aux consommateurs est « un signal encourageant » pour la suite, indique Pernod Ricard, alors que les vins et spiritueux européens sont depuis août soumis à des droits de douane de 15 % imposés par l’administration Trump. « La saison des fêtes [plus favorable à la consommation de spiritueux] n’a pas encore commencé » a également signalé Hélène de Tissot, se montrant plus optimiste pour les trimestres à venir.
En Chine, le chiffre d’affaires du groupe, qui commercialise entre autres Absolut Vodka, le whisky Ballantine’s ou le cognac Martell, s’est contracté de 27 % entre le 1er juillet et le 30 septembre. « La demande des consommateurs est restée faible » pendant l’été et jusqu’à la fête de la mi-automne, a justifié Hélène de Tissot. Les ventes de cognac sont restées en forte baisse dans le pays, bien que les marques haut de gamme du groupe, tel que le whisky Jameson, aient poursuivi leur croissance au cours du trimestre.
« Une année de transition »
Les ventes hors taxes de Cognac devraient reprendre au deuxième trimestre après que Pernod Ricard, comme Rémy Cointreau et d’autres entreprises de spiritueux ont accepté de maintenir les prix en Chine au-dessus des niveaux minimaux, pour être exemptés de droits anti-dumping. En revanche en Inde, son second marché, le chiffre d’affaires progresse de 3 %.
« Il est difficile d’avoir de la visibilité sur les résultats du prochain trimestre en Chine », a toutefois admis Hélène de Tissot. Le groupe entrevoit « une amélioration des tendances en chiffre d’affaires organique » à partir du deuxième semestre même si 2025/2026 restera « une année de transition », a prévenu Pernod Ricard dans un communiqué.
Sur le moyen terme, Pernod Ricard attend une amélioration de la croissance organique de son chiffre d’affaires, qui devrait atteindre 3 % à 6 %, et une progression de sa marge opérationnelle organique, comptant sur des positions géographiques étendues et des marques diversifiées. Le groupe, qui a annoncé en juin un plan de réorganisation, table aussi sur un plan d’économie d’un milliard d’euros entre 2025/2026 et 2028/2029, et compte maintenir « des investissements conséquents », notamment publi-promotionnels sur ses marques.
Par les Echos – A retrouver en cliquant sur Source
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