Les ventes des magasins sont marginales après 21 heures

Nielsen indique qu’après 21 heures, les points de vente alimentaires, hypers, supers ou magasins de proximité, ne réalisent encore qu’entre 1 % à 2 % de leur chiffre d’affaires. Les professionnels rétorquent qu’en période d’atonie de la consommation, ce petit plus compte.

Les commerçants prônaient l’ouverture de leurs magasins.  Le gouvernement a fermé la porte. Le texte législatif sur l’extension des horaires d’ouverture des commerces alimentaires jusqu’à minuit fera l’objet d’une ordonnance qui sera prise « dans un délai de six mois », a tranché le Conseil des ministres du 13 novembre. L’institut d’étude Nielsen a mesuré mercredi l’impact de cette libéralisation repoussée sine die.

L’analyse des données montre que les points de vente qui ouvrent leurs portes après 21 heures, qu’il s’agisse d’hypermarchés, de supermarchés ou magasins de proximité (le plus grand nombre de points de vente concernés) ne réalisent qu’entre 1 % à 2 % de leur chiffre d’affaires quotidien après cette heure.

Confort d’achat

La faiblesse du chiffre pose la question de la pertinence de la demande d’évolution de la loi que font les professionnels. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le gouvernement n’a-t-il pas raison de lanterner ?

Le directeur distribution chez Nielsen, Daniel Ducrocq, modère la dureté du constat. « Les commerces de proximité et les grandes surfaces ont à coeur d’offrir à leur clientèle toujours plus de confort d’achat et de flexibilité de visite. Une partie d’entre eux ouvre déjà jusqu’à des heures tardives, au-delà de 21 heures », constate-t-il. En d’autres termes, l’ouverture en soirée ou de nuit serait un service rendu aux consommateurs, particulièrement dans les grandes villes dans lesquelles les temps de trajet travail-domicile sont très longs.

« Si l’essentiel de ces ventes nocturnes est à l’heure actuelle réalisé entre 21 et 22 heures, on peut penser qu’en fonction des zones et des profils de clients, les courses de nuit pourraient se développer selon les évolutions à venir du cadre législatif. Mais ces ouvertures ne répondent qu’à une partie minoritaire de la clientèle et n’ont sans doute pas vocation à représenter une partie importante des ventes », ajoute l’expert.

Monoprix

Les professionnels ne sont pas de cet avis. L’Alliance du commerce qui défend, entre autres, les grands magasins et Monoprix, rappelle qu’entre 20 et 21 heures ce sont 3 % à 4 % des ventes qui sont réalisées. L’ouverture en soirée, après 21 heures, favorise ce créneau. Un magasin qui ferme officiellement à 21 heures tire le rideau de nombre de ses rayons, notamment des rayons à service comme la boucherie ou la poissonnerie, à 20 h 30. Le personnel a besoin d’une demi-heure pour préparer la fermeture. On perd donc une demi-heure de commerce utile. Si le point de vente ferme des portes à 22 heures, ce temps de « débauche » est repoussé d’une heure.

Un professionnel remarque aussi que 1 % à 2 % du chiffre d’affaires équivaut à la moyenne de marge nette des groupes de distribution. En gros, le travail de nuit – à partir de 21 heures – serait le gras des Carrefour et autres Casino ou Monoprix. L’hiver de la consommation étant venu, ils en ont bien besoin.

Les chiffres montrent aussi que, globalement, l’extension de l’amplitude d’ouverture contribue à la croissance du marché. C’est en tout cas vrai pour le dimanche. La Fédération du commerce et de la distribution demande la possibilité pour les hypers et supers d’ouvrir le septième jour après 13 heures. Déjà, indique le syndicat professionnel, « les ventes du dimanche représentent 41 % de la croissance de la grande distribution en 2019 ».

Source : Les ventes des magasins sont marginales après 21 heures | Les Echos