Moët Hennessy accélère la recherche pour protéger la vigne des aléas climatiques

Moët Hennessy (LVMH) a inauguré un centre de recherche, situé en Champagne, au coeur du vignoble afin de travailler à l’évolution des pratiques viticoles. Une réponse à l’épuisement des sols et au changement climatique. Le groupe a investi 30 millions d’euros dans ce nouvel équipement.

La terre agricole est fatiguée. La biodiversité s’est appauvrie. Les vignes subissent de plein fouet les excès du climat . Le constat ne fait plus débat.

Pour Moët Hennessy, il y a donc urgence. « On doit donner un coup d’accélérateur à la recherche pour avoir des sols vivants, une agriculture durable et une terre transmissible », explique Philippe Schaus, PDG de la branche vins et spiritueux de LVMH, numéro un mondial du luxe (et propriétaire des « Echos »).

En ouvrant un centre de recherche mondial dédié à la vigne à Oiry, au coeur de la Champagne, Moët Hennessy veut se doter des outils nécessaires pour mieux anticiper les chocs climatiques. Le groupe y a investi 30 millions d’euros, dont 20 pour la construction et 10 pour un équipement ultramoderne. Il abritera une trentaine d’experts oenologues et de chefs de projet du groupe, qui partageront leurs travaux avec les Instituts de recherche publics, tels que l’Inrae, le CNRS, le CEA, ou privés.

Vaincre le mildiou

Bien que situé en Champagne, le Centre Robert-Jean de Vogüé s’intéressera aussi aux problèmes des autres vignobles du groupe en France ou ailleurs dans le monde. « Ce centre est mondial et complémentaire aux travaux des instituts de recherche publique et privée. Il est en Champagne parce que nos meilleures équipes de recherche sont dans la région », précise Philippe Schaus. « On s’est installé au milieu des vignes afin de profiter des échanges au quotidien avec les experts opérationnels à côté du site de Mont Aigu, qui produit pour Moët & Chandon », poursuit-il.

Très high-tech, ce centre de recherche est équipé de chambres spéciales où simuler les conditions climatiques et tester les plants de vigne en situation exceptionnelle. La qualité des sols y sera analysée de près. De nombreuses recherches sont lancées pour tenter de trouver un remède au mildiou , un champignon qui fait des ravages dans le vignoble lorsque se conjuguent l’humidité et la chaleur. Aucun traitement n’a été trouvé hors fongicides. « Il n’y aura pas de traitement miracle. Je crois plus à l’amélioration des végétaux et au génotypage pour lutter contre ce parasite », dit la PDG de Moët & Chandon, Berta de Pablos-Barbier.

Des couloirs de biodiversité

L’arrêt des herbicides et l’enherbement des vignes obligent à travailler différemment. « On a développé le travail mécanique, mais cela a des inconvénients. Il va falloir aller plus loin dans l’utilisation de l’herbe dans le vignoble. Nous allons créer des couloirs de biodiversité sur quarante hectares dans les vignes de Ruinart afin de recréer les équilibres perdus », explique Philippe Schaus. L’augmentation du taux de sucre dans les raisins oblige à trouver de nouvelles levures, responsables des arômes. Les 25 maisons de Moët Hennessy se sont dotées de leurs levures personnelles. Même les bulles sont sous étroite « surveillance » à Oiry. « Le bullomètre mesure leur vitesse et leur persistance », explique le président de Veuve Clicquot, Jean-Marc Gallot. « Nous sommes en recherche permanente du verre de dégustation idéal pour le champagne, qui permettra d’optimiser la trajectoire de la bulle et la perception olfactive ».

Tous les travaux à venir vont profondément modifier les conditions de travail en Champagne, mais aussi le paysage. Quant au champagne, « il continuera d’être produit en Champagne dans cinquante ans. J’en ai la conviction », dit Philippe Schaus. Le vin sera néanmoins sans doute différent.

Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Moët Hennessy accélère la recherche pour protéger la vigne des aléas climatiques | Les Echos