Moins de produits frais et plus de promotions : les nouvelles habitudes de consommation des Français
L’inflation a frappé de plein fouet la France des supermarchés. Avec l’envolée des prix alimentaires, les Français ont changé leur manière de remplir leur chariot selon une étude de Kantar. Revue du nouveau panier de la ménagère.
2023 a accéléré la transformation des habitudes d’achat des Français amorcée l’année précédente sous le coup de l’inflation. Le recul historique des volumes des produits de grande consommation de 3,2 % par rapport à 2022 pour des dépenses en hausse, elles, de 8,2 % ne reflète pas seulement la hausse des prix.
Elle signe aussi une accumulation de nouveaux comportements. Même si, au final, les volumes restent quand même en augmentation de 0,5 % par rapport à 2019, année d’avant le Covid. Décryptage en cinq chiffres issus du bilan annuel de la consommation que publie Kantar.
306 euros dépensés en plus, un record depuis quarante ans
Les Français ont déboursé en moyenne 306 euros supplémentaires en 2023 pour se fournir en produits alimentaires, hors vin mais en incluant les produits traditionnels frais comme la boucherie, les fruits et légumes, la poissonnerie. Un bond qui ne s’était jamais vu depuis quarante ans, selon Kantar.
Au total, ils ont dépensé 5.129 euros pour ce type de courses. Chaque chariot vaut 6 % de plus qu’en 2022.
En parallèle, la part des foyers considérés comme vulnérables par Kantar est passée de 35 % en 2020 à 41 % en 2023. Les moins de 35 ans, les foyers monoparentaux sont également ceux qui ont dû parfois sacrifier des repas.
80 % des arbitrages liés au pouvoir d’achat
Les Français ont fait plus souvent leurs courses l’an dernier. Ils ont réduit la taille de leurs paniers, avec 1,9 % d’articles en moins et le recours à de plus petits conditionnements (-1,3 %).
« La fragmentation des achats permet de rendre la facture psychologiquement moins douloureuse. Les achats de proximité peuvent aussi éviter d’avoir à utiliser sa voiture et donc réduire la note d’essence. Ils limitent les tentations avec une offre plus ramassée », analyse Gaëlle Le Floch, directrice des études stratégiques de Kantar.
Des segments ont été particulièrement touchés par le recul des ventes, notamment dans le non-alimentaire. Les produits d’entretien ont vu leurs volumes décroître de 6 % et l’hygiène-beauté encaisse une baisse de 7 % en grande distribution avec un effet encore plus fort pour le maquillage, les produits de douche et le rasage – des références à la valeur faciale élevée. En alimentaire, les produits frais traditionnels souffrent particulièrement.
Toutes catégories confondues, les paniers moins remplis ne sont cependant pas toujours source de frustration. « Il reste des marges de manoeuvre pour réduire ses achats sans limiter trop sa consommation. La lutte contre le gaspillage est davantage entrée dans les moeurs, de l’utilisation du tube de dentifrice jusqu’au bout à la meilleure gestion de ce qu’il y a dans le réfrigérateur », observe Gaëlle Le Floch.
16 % des changements associés à une descente en gamme
Le report vers les marques de distributeur et les premiers prix s’est poursuivi. A l’inverse, les produits bio ont décroché, avec un recul de 15 % dans les grandes surfaces. Les études montrent que les acheteurs occasionnels ont souvent arrêté d’en acheter, tandis que les plus grands adeptes des références sans pesticides, qui se fournissent souvent dans les magasins spécialisés, n’ont pas réduit leurs pratiques.
Autre phénomène, les achats de plats préparés régressent de 2,8 %, alors que le fait maison regagne légèrement du terrain (+0,3 %). Une façon de réduire la note en se mettant un peu plus en cuisine.
Mais les chiffres globaux ne doivent pas masquer la diversité des comportements.
3 points de hausse des foyers éco-engagés
L’inflation n’empêche pas les préoccupations environnementales de gagner du terrain. Près d’un quart des Français appartiennent aujourd’hui à des foyers « éco-engagés ».
« C’est souvent dans les classes aisées et dans le public attaché à la dimension durable que l’on observe les baisses de volumes les plus fortes. Ils peuvent réduire leurs achats sans faire vraiment de sacrifices », analyse Gaëlle Le Floch.
Les ménages les plus impliqués dans les acquisitions responsables ont d’ailleurs le plus réduit leurs emplettes, en retrait de 12,5 % en volume et de 3,5 % en valeur, malgré la hausse des prix.
0,4 point de baisse des promotions
A l’heure de l’inflation, les souhaits des Français et la réalité constatée dans la grande distribution opèrent un grand écart. D’un côté, les consommateurs réclament des promotions . 79 % déclarent acheter le plus souvent possible des produits en bénéficiant, soit 5 points de plus qu’en 2022.
Ceux qui stockent leur marque préférée dès qu’elle est à tarif réduit progressent aussi. Moins nombreux, les gens allant dans plusieurs magasins pour bénéficier des meilleures promotions s’accroissent et représentent désormais 36 % des ménages.
Mais les offres ne sont pas au rendez-vous. Les promotions sont en baisse de 0,4 point à 14,5 % des dépenses totales en produits alimentaires de consommation et frais libre service. Les industriels comme les enseignes les ont moins actionnées.
Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Moins de produits frais et plus de promotions : les nouvelles habitudes de consommation des Français