
Nestlé assure être sur la voie du redressement
Le géant suisse de l’agroalimentaire a enregistré l’an dernier un nouveau recul de l’activité. Mais le nouveau directeur général, Laurent Freixe, assure que son plan de redressement porte de premiers fruits.
Pas de miracle pour Nestlé. L’entreprise suisse a enregistré un nouveau recul de son chiffre d’affaires de 1,8 %, à 91,4 milliards de francs suisses, et une baisse de son bénéfice net de 2,9 %, à 10,9 milliards, selon des chiffres publiés lundi. Très regardée par les investisseurs, la croissance organique s’établit toutefois à 2,2 %, dont 1,5 point expliqué par une hausse des prix. A la mi-octobre, Nestlé avait revu ses prévisions à la baisse. Le titre progressait de 6 % en Bourse après la publication des résultats.
Dans un communiqué, Laurent Freixe, le nouveau directeur général, salue « une solide performance », « dans un contexte macroéconomique difficile et un environnement de consommation peu dynamique ». Il souligne « un retour à une croissance interne réelle positive de 0,8 % », cette dernière et la croissance organique s’étant « renforcées au second semestre », soutenues par le café (Nespresso, Nescafé, Starbucks), les confiseries (KitKat) et les produits pour animaux (Purina, Friskies).
D’un point de vue géographique, la croissance enregistrée en Europe et dans les marchés émergents a permis de compenser un recul de l’Amérique du Nord. Outre-Atlantique, Nestlé a notamment perdu des parts de marché dans les pizzas surgelées, avec une forte concurrence sur les prix aux Etats-Unis, et les crèmes à café.
Vers une marge en baisse
Laurent Freixe promet, grâce à son plan d’action, une amélioration de la croissance des ventes cette année, « bien que la marge opérationnelle courante récurrente puisse temporairement diminuer en raison de nos investissements de croissance ». Cette progression attendue n’est toutefois pas chiffrée.
A moyen terme, Nestlé vise au moins 4 % de croissance. Face à la hausse du coût des matières premières – café et cacao en tête -, Nestlé fait de la « compétitivité des prix » sa priorité. Alors que les recettes existantes ne changeront pas, les nouveaux produits pourraient inclure une proportion plus élevée de biscuits ou de gaufrettes pour atténuer les coûts élevés du cacao, a prévenu Laurent Freixe.
« Cette mise à jour a rassuré ceux qui s’attendaient à un retour sur l’engagement de 16 % de marge opérationnelle en 2025 et à un dividende stable », a déclaré David Hayes, analyste chez Jefferies, à Bloomberg. Il a toutefois remarqué que l’engagement à une croissance organique des ventes en 2025 « est faible » et a remis en question la « crédibilité » du programme de réduction des coûts.
Interrogé par « Les Echos », Jean-Philippe Bertschy, responsable de la recherche pour le marché suisse chez Vontobel, estime que ces résultats sont « la base pour un nouveau départ ». « En 2024, il y a eu des événements négatifs qui ne devraient pas se reproduire en 2025 », souligne-t-il, soulignant la campagne de boycott dont a souffert Nestlé, comme d’autres marques, en lien avec la guerre au Moyen-Orient, ou encore la politique de réduction des stocks chez les clients.
La publication de ces résultats était particulièrement attendue, alors que Nestlé n’a cessé de baisser en Bourse, (même si les résultats ont été bien accueillis ce jeudi). L’action a perdu près du quart de sa valeur en 2024. Début février 2025, elle oscillait autour de 77 à 78 francs suisses, très loin de ses sommets à près de 130 francs de la fin 2021. Avec cette chute, le géant de l’agroalimentaire s’est vu détrôné de son rang de première capitalisation de la Bourse suisse, tombant à la troisième place, derrière les géants pharmaceutiques Roche et Novartis. Ce jeudi, le groupe annonce une augmentation de dividende par action de 3 francs suisses à 3,05.
Nommé directeur général le 1er septembre à la suite de l’éviction de Mark Schneider, le Français Laurent Freixe, 60 ans, s’est vu confier la délicate mission de relancer les ventes du groupe suisse qui peine à surmonter la vague d’inflation ayant poussé les consommateurs à tailler dans leurs dépenses. Il reste également marqué, en France, par le scandale des pizzas Buitoni et les problèmes de Nestlé Waters, empêtré dans une affaire de traitement de ses eaux minérales interdit, qui tourne à l’affaire d’Etat.
Plan d’économies
Dès novembre, il a dévoilé un projet de nouvelles mesures d’économies, le groupe prévoyant notamment de se séparer du tiers de ses forces commerciales en France. « Nous progressons bien et avons déjà assuré des économies de plus de 300 millions de francs suisses pour 2025 », grâce aux efforts réalisés au dernier trimestre 2024, sur les 2,5 milliards d’économies attendues sur trois ans, a annoncé ce jeudi Laurent Freixe. Ces baisses de charges proviennent principalement des achats, a-t-il souligné.
Il a annoncé une augmentation des dépenses publicitaires axées sur les produits de Nestlé à plus fort potentiel, dont les « 31 marques milliardaires » (dont les ventes annuelles dépassent le milliard de francs), comme Nespresso, KitKat ou Purina One. Il a également amorcé une réorganisation des activités d’eau, regroupées dans une entité séparée début janvier. Si certains y ont vu le prélude à une vente, Laurent Freixe a balayé cette option. Nestlé cherche plutôt à nouer des partenariats. Les trimestriels d’avril seront déterminants pour prouver l’efficacité de cette stratégie.
Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/nestle-assure-etre-sur-la-voie-du-redressement-2148443