Nestlé confirme son redressement, soutenu par des hausses de prix et ses marques « milliardaires »

Le géant suisse de l’agroalimentaire enregistre une croissance organique de son chiffre d’affaires de 2,8 %, principalement portée par une hausse des prix. L’investissement dans les marques phares de Nestlé porte ses fruits.

La méthode Laurent Freixe commence-t-elle à payer ? Alors que le directeur général de Nestlé, nommé en septembre dernier, avait donné rendez-vous aux investisseurs en ce mois d’avril pour évaluer sa stratégie de redressement, les promesses semblent tenues. Malgré un contexte incertain, le groupe suisse a enregistré au premier trimestre 2025 une croissance organique de son chiffre d’affaires de 2,8 %, à 22,7 milliards de francs suisses (24,1 milliards d’euros), contre 1,4 % à la même période l’an passé.

Partout dans le monde, cette croissance s’explique principalement par une hausse des prix, dont l’effet est évalué à 2,1 %. La croissance interne réelle – mesure des volumes écoulée – ne progresse que de 0,7 %. Une inversion de tendance, alors que les volumes avaient davantage contribué à la croissance sur les trois derniers trimestres de 2024, avec une politique d’augmentations tarifaires plus modérée.

« Bien que le redressement de Nestlé pour relancer la croissance soit encore fragile, il semble donner les premiers résultats », souligne Jean-Philippe Bertschy, responsable de la recherche pour le marché suisse chez Vontobel. « Le PDG Laurent Freixe s’impose lentement mais sûrement. L’élasticité relativement faible des prix est de bon augure pour le pouvoir de fixation des prix de Nestlé pour ses marques milliardaires. »

Bonnes performances des « milliardaires »

Les hausses de prix récentes répercutent, selon le groupe, la flambée des prix des matières premières, notamment le cacao et le café. Résultat, la confiserie (+8,9 %) et le café (+5,1 %) sont les principaux contributeurs à la croissance du propriétaire de KitKat, Nescafé ou encore Nespresso. Le ralentissement de la croissance des volumes « a reflété les effets à court terme de l’adaptation des consommateurs et des clients aux augmentations de prix », explique-t-il.

L’investissement dans les marques dites « milliardaires » – 31 marques du groupe dépassant le milliard de francs suisses de ventes chaque année – paie. Dans les Amériques, la croissance de Nescafé a compensé « largement » la baisse des ventes de Coffee mate, une marque de crème à café. En Asie, KitKat et Maggie ont tiré la croissance. Quant à Nespresso, la croissance organique s’est établie à 5,7 % au niveau mondial, avec une croissance des volumes de 2,6 %, porté notamment par une « progression à deux chiffres » en Amérique du Nord.

Nestlé Waters en forme

Malgré les polémiques autour de ses eaux minérales en France, Nestlé Waters & Premium Beverages a enregistré une croissance organique de 3,6 % en ce premier trimestre. L’activité Eaux a progressé de 2,9 %, nettement moins que sur la même période l’an passé (+4,3 %) mais bien mieux qu’au dernier trimestre 2024 (-0,3 %).

Perrier, menacé de perdre son titre d’eau minérale naturelle, a enregistré « une performance plus faible en raison de l’impact continu des contraintes d’approvisionnement ». En revanche, Maison Perrier, gamme d’eau aromatisée produite à partir d’eau non minérale d’anciens captages d’eau minérale non exploitables sous cette appellation, a tiré le chiffre d’affaires, tout comme Sanpellegrino.

L’Europe à la peine

L’Europe est le seul marché qui a vu les ventes en volume reculer (-0,6 %), même si l’effet prix (+3 %) a largement compensé cette baisse, permettant d’enregistrer une croissance organique de 2,4 %. Sans surprise, ce sont la confiserie et le café qui ont tiré la croissance par l’inflation, alors que les volumes vendus de produits pour animaux – notamment Purina – ont augmenté.

« Les négociations avec les clients pour l’implémentation des nouvelles politiques de prix ont été menées avec des réactions limitées, dans un environnement concurrentiel persistant », souligne Nestlé. La Turquie, la France et la péninsule ibérique ont été les marchés les plus dynamiques de la zone, alors que l’Allemagne a enregistré une croissance négative.

Objectifs confirmés

« Notre performance du premier trimestre a été conforme à nos attentes », s’est félicité Laurent Freixe dans un communiqué, alors que les analystes s’attendaient à une croissance de 2,6 % en moyenne, selon Bloomberg. « Nos perspectives pour l’année 2025 restent inchangées », ajoute le DG, qui vise, à moyen terme, une croissance de 4 % au moins.

Laurent Freixe reconnaît une « situation dynamique, avec des risques et une incertitude accrus », du fait des atermoiements dans la politique douanière de Donald Trump notamment. Les prévisions actuelles reposent « sur l’évaluation de l’impact direct des tarifs douaniers actuellement en vigueur et notre capacité à nous adapter ». « Cependant, l’impact indirect sur les consommateurs, les clients ou sur les devises et les prix des matières premières restent incertains à ce stade », souligne le DG.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/nestle-confirme-son-redressement-soutenu-par-des-hausses-de-prix-et-ses-marques-milliardaires-2161572