Le numéro un mondial de l’alimentation a enregistré une progression de 2,4 % de ses revenus en 2017.  Il ne reconduira pas le pacte d’actionnaires qui le lie à L’Oréal.

Nestlé a déçu les attentes. Le numéro un mondial de l’alimentation a fait état de la plus faible croissance de son histoire en 2017, ouvrant ainsi un peu plus largement la voie aux pressions de  l’activiste américain Daniel Loeb . Nestlé, qui ne reconduira pas  le pacte d’actionnaires qui le lie à L’Oréal , a réalisé un chiffre d’affaires de 89,8 milliards de francs suisses (77,8 milliards d’euros) en 2017, soit une croissance organique de +2,4 % et une croissance réelle de 1,6 %. Le bénéfice net, plombé par une perte de goodwill de la division de soins de la peau ( Nestlé Skin Health ), a plongé de 15,8 % à 7,2 milliards francs suisses, alors que les investisseurs tablaient sur 9,6 milliards francs suisses. La marge opérationnelle courante, elle, a reculé de 60 points de base à 14,7 % en raison d’une hausse des coûts de restructuration.

Plus de lait infantile

« Nous sommes dans le bas de nos aspirations », a reconnu Mark Ulf Schneider, le directeur général, après avoir rappelé les diverses mesures prises depuis son arrivée à tête du groupe début 2017 pour relancer la croissance. La révision du portefeuille de ses 2.000 marques, la cession de l’activité de confiserie aux Etats-Uni s, l’acquisition de Atrium, un groupe spécialisé dans la santé nutritionnelle et de Blue Bottle Coffee porteront leurs fruits et commenceront à se traduire dans les résultats en 2018, a-t-il estimé. Tout comme la modification de l’organisation des activités de lait infantile destinée à « accroître les capacités de l’entreprise à s’imposer dans cette catégorie à forte croissance »

Les nouveaux consommateurs

Les résultats de Nestlé ne remettent pas en cause les fondamentaux de sa stratégie, a insisté Mark Schneider. En revanche, ils incitent le groupe à accélérer ses efforts d’adaptation à un contexte qui change de plus en plus vite. « Les consommateurs attendent des produits sains à valeur ajoutée avec des plus pour la santé », a rappelé le patron du géant suisse. « Les articles standards sont de plus en plus délicats à manier et le cycle des produits premium s’abrège de plus en plus vite ».

Le résultat de ces évolutions est l’obligation pour les industriels de l’agroalimentaire d’innover de plus en plus vite » et de « lancer les nouveaux produits dans des délais de plus en plus brefs. Tout ce qui ne correspond pas aux besoins doit être ajusté » a précisé le patron de Nestlé.

Marché américain au point mort

Au cours de l’exercice écoulé, « la croissance des ventes a été encourageante en Europe et en Asie, tandis que l’Amérique du Nord et le Brésil ont continué de faire face à un environnement difficile », a indiqué le groupe. Hors confiserie, la croissance aux Etats-Unis a été nulle. « La demande a été faible sur le marché américain », a commenté François-Xavier Roger, le directeur financier. « La croissance économique est là mais ne se communique pas en termes de consommation alimentaire » a fait valoir Mark Ulf Schneider.

Pour tenter d’y remédier, Nestlé a entrepris de pousser les produits mieux valorisés (bio, végétariens) et développe le e-commerce. Les ventes par internet ont doublé en 2017 et devraient encore doubler en 2018. Au Brésil, le groupe a subi les effets de la déflation. Dans la grande zone « Europe, Moyen Orient, Afrique », la croissance a été générale, mais ce sont le café et le pet food qui ont fait les meilleurs scores. La croissance en Chine est redevenue légèrement positive, soutenue par la stabilisation de  Yinlu , qui propose du porridge en boîte et les boissons à base de cacahuètes, ainsi que par les ventes de café, glaces et de produits culinaires.