Nestlé supprime le tiers de ses forces commerciales en France
Le leader mondial de l’industrie agroalimentaire prévoit la suppression du tiers des effectifs dans l’Hexagone ainsi que l’externalisation de la commercialisation de plusieurs de ses marques, dont Nesquik et Maggi.
La cure d’amaigrissement de Nestlé en France se poursuit. La filiale tricolore du leader mondial de l’industrie agroalimentaire a cette fois prévu de réduire de 30 % ses équipes commerciales sur le terrain. Près de 150 postes sur 462 seraient supprimés dans l’organisation commerciale consacrée à la grande distribution, ont appris les syndicats, lors d’un comité de groupe extraordinaire du 23 octobre.
Les 314 commerciaux restants seraient « transférés dans une nouvelle société, dont les statuts sociaux restent flous », selon l’intersyndicale. Le plan de réorganisation de Nestlé en France inclut en outre l’externalisation de la commercialisation de plusieurs marques, dont la poudre chocolatée Nesquik, les céréales Nestlé, Maggi et le lait concentré. Les représentants des syndicats dénoncent ce projet comme étant « clairement conçu pour répondre aux impératifs de rentabilité imposés par le groupe ».
De 34 à 14 usines
Sollicitée par « Les Echos », la direction de Nestlé France affirme, sans fournir d’indications chiffrées, que ni les marques Nesquik et Maggi, ni les céréales éponymes et le lait concentré ne connaissent de difficultés. La réorganisation, qui a été « présentée et expliquée aux collaborateurs lors d’un tour de France », répond notamment à « un besoin accru d’agilité des équipes commerciales », a ajouté la filiale nationale.
Nestlé qui a eu jusqu’à 34 usines dans l’Hexagone – lorsque la France était le deuxième marché du groupe dans le monde (elle est le cinquième désormais) – n’en possède plus que 14 aujourd’hui. Les effectifs ont fondu de 16.000 à 8.700 en dix ans, selon les syndicats.
Le groupe traverse une période particulièrement chahutée de son histoire. Après le scandale Buitoni et la fermeture de cette usine pour des raisons sanitaires, il a dû gérer un autre scandale concernant les eaux en bouteille et notamment la marque Perrier. Les pizzas Fraîch’Up vendues sous la marque Buitoni sont mises en cause dans la mort de deux enfants et dans l’intoxication de dizaines d’autres.
Regagner la confiance des investisseurs.
La branche française de Nestlé et une de ses filiales, mises en examen, devront répondre dans cette affaire de divers chefs d’accusation dont « l’homicide involontaire, des blessures involontaires et tromperie ». Pour les eaux en bouteille, même si le groupe a déjà négocié un accord avec la justice, un nouvelle plainte a été déposée. Il est notamment reproché au groupe d’avoir usé de traitements, telles que la filtration, interdits par la réglementation sur les eaux minérales sans en avertir les consommateurs.
Ces affaires sont intervenues à un moment, où, dans le monde entier, l’industrie agroalimentaire subit les contrecoups de la période Covid, des changements de comportement des consommateurs, l’inflation et de multiples incertitudes liées au contexte international. Le patron de Nestlé, Mark Schneider, a été évincé cet été après sept années à la tête du groupe et remplacé par Laurent Freixe, préalablement chargé de la zone Amérique latine.
L’urgence pour Nestlé est de regagner la confiance des investisseurs. L’action a perdu 20 % en un an à la Bourse de Zurich. Le chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois s’établit à 67,1 milliards de francs suisses, en baisse de 2,4 %. Le groupe a revu ses prévisions à la baisse pour l’année 2024 avec une croissance organique des ventes d’environ 2 %, au lieu de 3 % annoncée en juillet, et à une marge d’exploitation commerciale d’environ 17 % pour l’année, contre 17,3 %.
Marie-Josée Cougard