Le patron fondateur de Groupe Bertrand, devenu un poids lourd de la restauration commerciale tricolore en quelques années, se lance un nouveau et gros défi en misant sur le groupe de restauration collective et concédée.

L’appétit vient en mangeant, et manifestement Olivier Bertrand en a toujours plus. Alors qu’il enchaîne les acquisitions depuis trois ans, le patron et fondateur – en 1997 – de Groupe Bertrand a quelque peu créé la surprise, vendredi, avec l’annonce par sa société de l’acquisition de 5 % du capital du groupe de restauration collective et concédée Elior. Et ce discret Cantalou, issu d’une lignée de brasseurs bougnats installés dans la capitale, a non seulement toujours plus d’appétit mais il n’a pas froid aux yeux non plus.

Vitesse de l’éclair

Si Elior est en quête d’un nouveau souffle, il pèse tout de même 6,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au titre de son exercice 2017-2018 alors que Groupe Bertrand prévoit un total de ventes sous enseignes – ce qui inclut l’activité des franchisés – de 1,9 milliard pour 2018. Groupe Bertrand n’en est pas moins le numéro deux de la restauration commerciale en France – derrière le géant McDonald’s -, ayant grossi à la vitesse de l’éclair par croissance externe.

Entre la fin 2015 et le début 2016, il a ainsi avalé Quick , afin d’alimenter le développement de Burger King dont Groupe Bertrand détient la franchise exclusive depuis cinq ans, mais aussi Groupe Frères Blanc et ses brasseries parisiennes (Le Procope, La Fermette Marbeuf, Au Pied de Cochon, Chez Jenny ou Le Grand Café Capucines…). Courant 2017, Olivier Bertrand a remis le couvert en prenant cette fois-ci le , soit à nouveau d’emblématiques brasseries parisiennes – La Coupole, Bofinger et Petit Bofinger, Le Boeuf sur le Toit, Le Vaudeville… – mais aussi la chaîne de restauration Hippopotamus. Le redressement accéléré de cette dernière confirme toutefois qu’Olivier Bertrand achète bien et sait relancer en s’appuyant sur des professionnels aguerris. A titre d’exemple, le pilotage de Burger King France a été confié à un ancien de McDo France puis Europe, Jérôme Tafani .

Malin

Olivier Bertrand, qui a toujours su garder le contrôle de son groupe, est aussi avisé sur le plan financier. Quick a peine racheté, il en cède toute la partie non française. De même, pour le développement de Burger King, il est épaulé par la société de capital-investissement Bridgepoint qui a pris, il y a quelques mois, une participation minoritaire dans la société holding détentrice de la « master franchise » sur le territoire national.

En s’invitant au tour de table d’Elior, Olivier Bertrand ne cache pas désormais s’intéresser non seulement à la restauration concédée qui lui est familière mais aussi à la restauration collective. A ce stade, il réserve son analyse stratégique au management d’Elior. Au moins deux questions s’imposent d’emblée : partage-t-il le projet de scission annoncé par Elior ? Est-il prêt au bras de fer, alors que son intrusion ne semble pas concertée ?