
Parc Astérix, Vulcania, Futuroscope : les parcs de loisirs rivalisent de nouveautés
Après une année 2022 record, le secteur a largement investi pour surprendre son public. Le contexte inflationniste n’inquiète pas outre mesure.
Les montagnes russes de la crise sanitaire semblent déjà bien loin, et les parcs de loisirs veulent maintenant capitaliser sur le fort rebond enregistré en 2022. « On a assisté à une reprise extrêmement dynamique pour réaliser la meilleure année de notre histoire », résume François Fassier, directeur de la partie loisirs au sein de la Compagnie des Alpes (Parc Astérix, Futuroscope, Walibi). Symbole de cet exercice exceptionnel, cette division a, pour la première fois, généré plus de revenus que les domaines skiables exploités par le groupe.
Plus globalement, « les entreprises du secteur ont démontré leur résilience, après deux années très dégradées, en 2020 et 2021 », selon Arnaud Bennet, patron du parc animalier Le Pal et par ailleurs président du Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (Snelac).
Développement de l’offre d’hébergement
En 2023, il s’agira de composer sans l’effet rattrapage du Covid – même si celui-ci est susceptible de se prolonger. Pour cela, le secteur peut compter sur un grand nombre de nouveautés : fruit d’un investissement de près de 36 millions d’euros, le Parc Astérix mise par exemple sur un nouvel espace « Toutatis », un grand huit pensé pour les amateurs de sensations fortes.
Dans le Puy-de-Dôme, Vulcania a inauguré le plus grand planétarium de France, avec un an de retard dû à un incendie sur le chantier. Pour cette attraction phare, la région Auvergne-Rhône-Alpes, propriétaire du parc, a mis la main à la poche à hauteur de 10,7 millions d’euros. Le nouveau spectacle du Puy du Fou, consacré aux débuts du cinéma et baptisé « Le Mime et l’Etoile » , a lui coûté 20 millions d’euros. D’autres proposeront des animations spéciales, comme le PAL, qui célèbre ses 50 ans d’existence, ou La Mer de sable, qui fête ses 60 ans. « En moyenne, le secteur réinvestit 15 % de son chiffre d’affaires dans les attractions ou dans l’hébergement », rappelle Arnaud Bennet.
Ce dernier point constitue d’ailleurs l’un des principaux axes de développement des parcs de loisirs, qui se transforment, peu à peu, en véritables destinations touristiques. Alors que Disneyland Paris avait lancé le mouvement, avec ses nombreuses boutiques mais aussi ses hôtels destinés à favoriser les visites sur plusieurs jours, ses concurrents se sont mis au diapason. La capacité du Parc Astérix est ainsi passée de 100 logements en 2013 à 450 en 2021, un chiffre qui pourrait doubler d’ici à 2030. Le Puy du Fou compte désormais six hôtels, tous ouverts lors des quinze dernières années.
Du côté de Poitiers, le Futuroscope inaugurera cet été un hôtel baptisé Ecolodgee, composé de 120 lodges, portant sa capacité propre (en plus des hôtels partenaires) à plus de 500 unités. Le Zoo de La Flèche va, quant à lui, proposer une douzaine de nouvelles suites avec vue sur les lions et les guépards.
Hausse des prix inévitable
Alors que la nouvelle saison va débuter, les tendances sont plutôt encourageantes. « Les niveaux de préachats sont bons, tant sur la billetterie que sur l’hébergement », se réjouit Arnaud Bennet. Le contexte inflationniste, lui, n’inquiète pas outre mesure. Il pourrait au contraire inciter certains Français à renoncer à leurs vacances, tout en s’autorisant un court séjour près de leur domicile.
Le secteur est d’ailleurs historiquement hermétique aux crises financières : « En 2008, les parcs avaient battu leurs records », rappelle Charles Bennet, directeur des opérations du groupe Looping (La Mer de sable, Bagatelle, Zoo de La Flèche).
Pourtant, une hausse des prix semble inévitable, notamment pour répercuter une partie des montants investis. Le tout dans un contexte économique difficile : « Nous sommes obligés d’augmenter un peu nos tarifs, car notre masse salariale a été réévaluée de 6 %, tandis que la hausse du coût des matières premières a atteint 10 % », explique François Fassier.
Mais pour une grande partie du public, le choc sera pratiquement indolore, grâce aux promotions, tarifs spéciaux et autres prises en charge par les comités d’entreprise. « Il faut essayer de préserver nos marges pour pouvoir réinvestir, mais l’élasticité des prix n’est pas illimitée », relève Arnaud Bennet. Certains acteurs pourraient ainsi réduire leur taux de rentabilité de manière à soutenir la fréquentation.
Améliorer l’expérience client
Pour pérenniser leur croissance, les parcs de loisirs ont d’autres atouts en main. La plupart d’entre eux travaillent d’arrache-pied afin d’améliorer l’expérience client , en particulier pour éviter de trop longues files d’attente aux portes des attractions. A la Mer de sable, une allée permettant de s’immerger en plein Far West et une ferme animalière ont été installées de façon à mieux répartir le public sur les 45 hectares du parc. « Nous avons également investi de manière importante pour modifier le circuit des files d’attente, afin que les clients puissent mieux apprécier l’attraction avant leur passage. Alors que notre modèle est basé sur un taux de revisite supérieur à 70 %, cet effort est indispensable pour que notre clientèle revienne », détaille son directeur, Antoine Lacarrière.
Au Parc Astérix, une limitation des capacités durant les périodes de pointe est, par exemple, à l’étude. Mais cette stratégie possède son lot de contraintes, en particulier pour les plus petites structures, puisque cela suppose de fonctionner quasi uniquement sur réservation.
Une autre piste mène enfin à l’extension des « ailes de saison », notamment l’hiver. Certains prolongent ainsi le plaisir jusqu’à Halloween, tandis que d’autres tentent leur chance pendant la période de Noël.
Yann Duvert
Source : Parc Astérix, Vulcania, Futuroscope : les parcs de loisirs rivalisent de nouveautés