La réouverture de l’Hôtel de Crillon donne encore un peu plus de lustre à l’offre de la Ville lumière. La reprise de la demande se confirme, à l’heure où rouvre aussi le Fouquet’s Barrière sur les Champs-Elysées.

Reprise confirmée, optimisme retrouvé, offre toujours plus luxueuse : après deux années difficiles, l’hôtellerie parisienne brille à nouveau, et sous de plus beaux atours encore.

Ce mardi 5 juillet rouvre en effet le mythique Hôtel de Crillon, situé place de la Concorde et fermé depuis… mars 2013 ! Quatre jours après la réouverture, samedi, du Fouquet’s Barrière rénové, à l’angle des avenues Champs-Elysées et George V. Un double événement qui illustre la spectaculaire montée en gamme de l’hôtellerie de luxe parisienne, dans la foulée de la création de nouvelles « adresses », dans un cycle ayant débuté en 2002 avec le Park Hyatt Paris Vendôme. « Je connais bien Londres, New York et Tokyo. Paris est aujourd’hui la plus belle des places », assure le directeur général du Mandarin Oriental Paris, Philippe Leboeuf.

Une nouvelle génération de 5 étoiles

Ouvert en 2006, le Fouquet’s Barrière (81 chambres, dont 33 suites) témoigne de l’émergence d’une nouvelle génération de 5 étoiles. Après six mois de travaux, sa rénovation met en exergue la nécessité de rester à niveau alors que la concurrence est toujours plus vive. Et cela vaut aussi pour sa célèbre et plus que centenaire brasserie (1899), qui rouvrira, elle, le 10 juillet. Enfin, une extension de l’hôtel offrira 19 chambres et suites supplémentaires fin 2018.

Avec l’Hôtel de Crillon, premier grand hôtel de prestige parisien – ouvert en 1909 dans un bâtiment datant du XVIIIe siècle -, on verse dans l’exceptionnel. Si le montant de l’opération reste confidentiel, d’aucuns avancent le chiffre de 2 à 3 millions d’euros par chambre ! De fait, son inventaire, selon le jargon des professionnels, a été remis à plat, avec notamment une réduction du nombre de chambres et suites de 147 à 124, avec, au passage, un renchérissement du « produit ». Pour ce faire, l’aménagement de deux suites et d’une chambre a été confié à Karl Lagerfeld. En outre, l’établissement a été doté d’un Spa et d’une piscine, d’où le percement d’un deuxième sous-sol.

Ce fleuron national, détenu depuis la fin 2010 par un membre de la famille royale d’Arabie saoudite, devait, il est vrai, a minima s’aligner sur la concurrence pour rester dans l’élite composée de ces cinq étoiles bénéficiant du label « palace », créé il y a quelques années. Un mouvement déjà accompli par le Ritz, rouvert en juin 2016 après une fermeture de près de quatre ans.

Meilleur taux d’occupation

Par là même, ces deux institutions de l’hôtellerie de luxe parisienne ont répondu à l’arrivée, ces dernières années, des enseignes de luxe asiatiques : Shangri-La, Raffles, Mandarin Oriental et, enfin, Peninsula. La réouverture du Crillon s’opère sous la houlette de Rosewood, une chaîne d’origine texane et détenue depuis 2011 par un groupe hongkongais. Le propriétaire du Crillon l’avait finalement préféré en 2013 à Sofitel.

L’Hôtel de Crillon, tout comme le Fouquet’s Barrière, revient au premier plan à l’heure où l’hôtellerie de luxe parisienne est repartie de l’avant. Selon le cabinet d’études et de conseil MKG, le taux d’occupation s’est accru au premier semestre de 5,4 points par rapport 2016, à 67,2 %, la recette unitaire par chambre disponible ayant bondi de 15,7 %. La profession reste toutefois en deçà de ses performances du premier semestre 2014 (huit points en termes de taux d’occupation).

Ventes de dernière minute

Cela étant, le moral a viré au beau fixe dans ce petit cercle des patrons des grands hôtels de la capitale. « Ce début d’année est très encourageant et juillet s’annonce bien », déclare notamment Philippe Leboeuf du Mandarin Oriental, avant de souligner un phénomène de ventes de dernière minute « jamais vu », avec des « réservations à J-15 très majoritaires ». Cette situation ne s’expliquerait pas seulement par un souci de sécurité face à la menace terroriste. Internet et le développement du transport aérien ont rendu la demande flexible.

Reste à savoir si sa croissance, alimentée par ces nouvelles clientèles asiatiques ou latino-américaines, sera suffisante pour absorber les capacités. « On arrive au moment de vérité », relève le dirigeant-fondateur du cabinet de conseil Sentinel Hospitality, Gabriel Matar. En outre sont attendus, dès 2018, le Lutetia, propriété de l’israélien Alrov et annoncé comme le premier palace de la rive gauche, et le Cheval Blanc dans l’ex-Samaritaine. Par ailleurs, Paris fourmille de projets de 5 étoiles. A titre d’exemples, une quatrième Maison Albar naîtra près de l’Opéra fin 2018, et deux SO Sofitel sont annoncés pour 2020 et 2021, le second étant situé sur les Champs. Par ailleurs, l’offre s’accroît du côté des résidences hôtelières de luxe. En juin 2018, le géant Ascott ouvrira ainsi sa première unité à l’enseigne La Clef, tout près des Champs-Elysées.