Pourquoi la flambée des prix du jus d’orange est loin d’être terminée
En raison d’une sécheresse historique au Brésil, premier exportateur au monde d’orange, la récolte va chuter d’au moins 25 %. Les champs d’oranges sont ravagés par la maladie du dragon jaune. Les industriels envisagent de mélanger le jus d’orange avec des mandarines.
Entre le climat défavorable et la propagation de maladies, les cours du jus d’orange n’ont pas fini de voler de record en record. Sur le marché à terme de New York, la livre de concentré de jus d’orange congelé a été facturée plus de 5 dollars cette semaine, du jamais vu . Les prix sont en hausse de 60 % depuis le début de l’année et ont été multipliés par près de 3 depuis janvier 2023.
Cette flambée persistante est due à la sécheresse au Brésil, premier exportateur d’agrumes au monde. Au printemps dernier, Fundecitrus, l’association de producteurs brésiliens, mettait en garde contre une baisse de 25 % de la récolte d’agrumes. Elle devrait s’élever à 232,38 millions de cageots (environ 40,8 kg). « Si ces prévisions de production se confirment, il s’agira de la deuxième plus petite récolte depuis 1988-1989 », indiquait le rapport de Fundecitrus.
Maladie du dragon jaune
« Même cette prévision plutôt pessimiste ne pourra probablement pas être atteinte, compte tenu des conditions que nous observons actuellement », a confié au « Financial Times », Andrés Padilla, analyste chez Rabobank. Le Brésil est en train de vivre sa pire sécheresse en 50 ans. Il fait actuellement si sec dans ce pays que des incendies ravagent les plantations de canne à sucre.
Les précipitations du mois dernier, importantes pour la croissance des fruits, ont été trop faibles et comme si cela ne suffisait pas, la saison des pluies, censée commencer en septembre, aura un peu de retard selon les météorologistes.
Au ciel peu clément s’ajoute la terrible maladie du dragon jaune. Elle est transmise par un parasite à l’arbre dont les fruits deviennent de plus en plus amers jusqu’à devenir impropres à la consommation. La maladie est apparue aux Etats-Unis, en Floride, il y a une vingtaine d’années, mais concerne désormais aussi le Brésil. En dix ans la récolte en Floride a été divisée par 4, pour s’établir à moins d’un million de tonnes cette année, selon les données du ministère américain de l’agriculture.
Mélange avec des mandarines
Les cours s’envolent d’autant plus que le marché a enchaîné plusieurs mauvaises récoltes d’affilée. Or quand la collecte est décevante, les industriels se tournent vers le concentré de jus d’orange congelé pour maintenir les volumes de production ou rééquilibrer le goût des jus. Comme le jus congelé ne se conserve que deux ans, les réserves sont désormais épuisées et les industriels manquent de liquide.
Pour remédier à la situation, certains producteurs imaginent intégrer d’autres agrumes dans leurs recettes, comme les mandarines. Ces fruits présentent l’avantage de pousser sur des arbres plus robustes face aux maladies.
Jus de pomme
Tout changement de recette, même un simple mélange avec des mandarines, devra être au préalable autorisé par les codes de consommation, notamment outre-Atlantique pour que ce jus puisse continuer d’être commercialisé sous l’appellation jus d’orange.
Dans la même veine, les industriels envisagent une autre solution plus radicale encore : mélanger du jus d’orange avec du jus de pomme pour baisser les coûts. Mais là encore, le marché est sous tension et les prix sont orientés à la hausse. En Pologne, plus gros exportateur européen de pommes à jus, une vague de gel au printemps a compromis le rendement des vergers.
Par Etienne Goetz – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/pourquoi-la-flambee-des-prix-du-jus-dorange-nest-pas-terminee-2118319