Restauration collective : Derichebourg et Elior discutent stratégie mais sans OPA 

Le groupe de services à l’environnement et aux entreprises confirme ne pas vouloir absorber la société de restauration collective, dont il est désormais le premier actionnaire. Pour autant, l’apport de sa branche multiservices à Elior est à l’étude. Un virage stratégique pour les deux parties.

Derichebourg n’a pas l’intention d’avaler Elior mais l’éventualité d’un rapprochement opérationnel entre les deux groupes est dans l’air. « Derichebourg confirme ne pas avoir l’intention de déposer une OPA sur Elior », a assuré jeudi matin la société de services à l’environnement et aux entreprises. Celle-ci a alors réagi à une flambée boursière autour de l’entreprise de restauration collective dont Derichebourg est devenu le premier actionnaire en mai dernier , prenant alors près de 20 % du capital, sa participation avoisinant désormais 24,4 %.

Le titre Elior a ainsi terminé la séance sur une hausse de 10,01% (à 2,83 euros), l’action Derichebourg bondissant simultanément de 8,37% à la clôture (à 5,24%), soit les deux plus fortes progressions du SBF 120, cet emballement des investisseurs faisant suite à une information de l’agence Bloomberg.

Cette dernière a indiqué mercredi soir que les deux groupes menaient des discussions à propos d’« un transfert d’actifs » de Derichebourg à Elior, lequel s’accompagnerait d’une augmentation de la participation de Derichebourg.

Revue stratégique

Evoquée depuis mai dernier, l’idée d’un rapprochement entre les groupes dans le multiservices demeure à l’étude alors même qu’Elior est en pleine « revue stratégique » sous la houlette de son nouveau PDG, Bernard Gault, nommé le 4 juillet . Dans deux communiqués publiés séparément, les deux groupes ont confirmé que l’une des options concerne l’apport éventuel de la branche multiservices – propreté, énergie, intérim, aéronautique – de Derichebourg à Elior Group. Les protagonistes ont pris soin de souligner qu’« il n’existe aucune certitude quant à l’issue de ces discussions ». Pour autant, elles ne manquent pas de sens.

Pour Elior, cette branche multiservices de Derichebourg, qui représentait 871 millions d’euros de revenus l’an dernier (sur un chiffre d’affaires total de 3,6 milliards), permettrait d’offrir une plus large palette de prestations aux entreprises et collectivités, un modèle que le géant Sodexo a fait sien de longue date, et mécaniquement d’atténuer le poids de la restauration collective, secteur qui doit se réinventer.

Bousculé avant la crise sanitaire, avec le développement de nouveaux modes de consommation alimentaire, le secteur a souffert du Covid avec les confinements puis la généralisation du télétravail. Et la sortie de crise est d’autant plus délicate pour les opérateurs que l’inflation pèse sur les comptes d’exploitation au moment où l’activité a rebondi, comme en témoignent d’ailleurs les comptes d’Elior.

Convalescence

La société, qui vient de publier ses résultats au titre de son exercice 2021-2022 (clôture au 30 septembre), a ainsi vu son chiffre d’affaires s’élever à 4,45 milliards d’euros, soit une augmentation de 20,6 %, sa croissance organique étant de 18,3 %. « Le rebond d’activité est moins marqué en France qu’à l’international du fait de l’impact plus important du variant Omicron lors du premier semestre », a-t-elle précisé. Elior, qui a dû procéder à des dépréciations comptables, s’est néanmoins enfoncé dans le rouge, sa perte nette part du groupe quadruplant par rapport à 2020-2021, à – 427 millions d’euros.

« Elior est un groupe encore convalescent. Le développement du ‘facilities management ‘(les services sur site, NDLR), qui représente 10 % de son activité, peut générer du chiffre d’affaires additionnel », observe un analyste à propos de l’éventuel rapprochement opérationnel avec Derichebourg, ajoutant toutefois : « Une fusion est toutefois un élément de complexité supplémentaire. » Selon lui, la question du désendettement d’Elior reste posée, alors que circule également l’hypothèse d’une augmentation de capital.

Quasiment inchangée au 30 septembre, la dette nette d’Elior avoisine encore 1,2 milliard d’euros.

De son côté, Derichebourg serait recentré sur ses métiers porteurs liés à l’environnement – collecte, gestion, recyclage et valorisation des déchets ; nettoiement urbain et gestion des centres de tri pour les collectivités – en apportant son pôle multiservices à Elior. Au passage, l’entreprise aurait un profil plus clair pour le marché boursier.

Par Christophe Palierse – A retrouver en cliquant sur Source

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