Restauration collective : Sodexo poursuit la transformation de son modèle économique
C’est début 2024 que le groupe procédera au spin-off de son activité titres-restaurants Pluxee, la plus lucrative, sur Euronext Paris. Alors que le chiffre d’affaires de Sodexo sur l’exercice a crû de 11,6 %, celui de Pluxee a bondi de près de 27 %.
« Sodexo va bien, le business de la restauration collective n’est pas mort du tout », a affirmé ce jeudi Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration du groupe, à l’occasion de la présentation des résultats annuels. Le secteur devient selon elle plus « premium » car les entreprises « nous demandent de les aider à faire revenir les salariés au bureau. Nous proposons des expériences plus personnalisées, avec toujours un engagement durable. Si le collaborateur vient au bureau, il faut que ce soit différent », dit-elle.
Et cette adaptation s’observe dans les résultats, avec un taux de fidélisation client record à 95,2 % malgré la renégociation de nombreux contrats du fait de l’inflation. La performance de l’exercice 2023 est supérieure aux objectifs, avec une croissance du chiffre d’affaires de +11,6 % à 22,6 milliards d’euros, une marge d’exploitation à 5,6 % à 1,33 milliard, hors activité titres-restaurants désormais comptabilisés à part en vue du projet de scission de cette branche. Les résultats ont été bien accueillis en Bourse, le titre progressant de plus de 5 % dans la matinée.
Pluxee génère le tiers du résultat net
Pour la seule activité titres-restaurant, rebaptisée Pluxee, qui fera l’objet d’une entrée en bourse début 2024 sur Euronext Paris, c’est encore mieux, avec un chiffre d’affaires en hausse de 26,9 % à 1 milliard, et une marge d’exploitation en augmentation de 33,1 % à 364 millions. Pluxee génère à lui seul 234 millions de résultat net contre 560 millions pour toutes les autres activités Sodexo.
C’est pourquoi la grogne des restaurateurs et le bras de fer actuel sur les commissions payées par ces derniers aux émetteurs n’ont rien changé au calendrier choisi pour mettre cette branche en Bourse. D’autant que l’activité avantages aux salariés de Sodexo est mondiale.
La holding familiale Bellon SA, qui contrôle plus de 40 % du capital du groupe, entend conserver un rôle d’actionnaire de contrôle à long terme sur Pluxee, dont la présidence exécutive du conseil d’administration sera confiée à Didier Michaud-Daniel, ex-patron de Bureau Veritas. Gilles Pélisson, ex-PDG de TF1, sera proposé comme nouveau membre du board de Sodexo.
Adaptation mondiale
Les titres-restaurants feront toujours partie de la panoplie de services offerte aux entreprises. « Avant le Covid, nous anticipions ces changements de modes de consommation, cette montée en gamme et cette demande multicanal de la part des entreprises, mais la pandémie a accéléré notre transformation », poursuit Sophie Bellon.
« Cette transformation de nos offres progresse dans l’ensemble des géographies et en particulier en Amérique du Nord. Nous opérons un recentrage sur nos services de restauration, avec un développement plus sélectif dans les Facilities Management et la cession des services d’aide à domicile. Une rationalisation pour ne garder que des positions de leader dans nos activités » poursuit-elle.
Propager les bonnes pratiques
Par petites acquisitions, progressivement consolidées, telles celles de FoodChéri ou de l’américain Frontline Food Services, Sodexo s’est renforcé dans la distribution de snacking et les corners alimentaires chez ses clients. Sa couverture internationale – les Etats-Unis représentent 46 % du chiffre d’affaires de ses services sur site, devant la France, le Royaume-Uni, et le Brésil – lui permet de prendre les bonnes idées là où elles se trouvent.
Sodexo a ainsi exporté en Amérique du Nord l’offre de Good Eating Company acquise en Angleterre : une restauration sur site et sur mesure et à base de produits en circuit court qui se décline en version livraison avec Good Eating Company Delivered. L’acquisition de Nourish Inc. lui a permis de s’enrichir d’un modèle qui offre 25 types de cuisine différents, axés sur le frais et le végétal.
Du premium pour fidéliser les talents
Avec sa participation majoritaire dans Fooditude basé à Londres, un service de livraison de restauration très haut de gamme avec des propositions étendues au petit-déjeuner (jusqu’à 12 pounds) et au dîner (jusqu’à 15 pounds), a pu être mis en place. « Parfois, pour attirer les meilleurs talents, les entreprises sont prêtes à prendre en charge l’intégralité du coût des repas comme Pinterest en France », constate Sophie Bellon. La Banque Lazard, le Campus Cyber à la Défense, Microsoft, ont aussi contracté des offres premiums sans pour autant les subventionner à 100 % pour leurs salariés.
L’offre étudiante s’est aussi adaptée, se rapprochant de la restauration commerciale. « Par exemple, aux Etats-Unis, le simple fait d’intégrer un Starbucks dans un campus nous a permis de doubler notre chiffre d’affaires » précise Sophie Bellon
Enfin la branche Sodexo Sports et Loisirs devrait bénéficier de l’effet JO grâce à son partenariat en tant que supporter officiel : le groupe est en charge de l’alimentation des athlètes, de la restauration grand public dans 14 sites de compétition et sa flotte de bateaux sur la scène mobilisée pour la cérémonie d’ouverture.
Par Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Restauration collective : Sodexo poursuit la transformation de son modèle économique