Ses performances, jugées ternes, ont fait chuter l’action de plus de 7 %. L’exercice clos à la fin septembre, a vu le bénéfice net du groupe divisé par plus de trois, malgré un chiffre d’affaires en hausse de 4,2 %.

Malgré un discours rassurant, où il a souligné avoir « délivré les objectifs annoncés »« renforcé l’équipe de management »« clarifié la feuille de route », le directeur général d’Elior Group, Philippe Guillemot, n’a pas convaincu les marchés ce mardi matin lors de la présentation des résultats annuels du groupe de restauration et de concessions.

Restauration : Elior peine à convaincre les marchés

Ses performances sont jugées ternes, ses perspectives aussi. Du coup, l’action Elior affichait la plus forte baisse du SRD à la Bourse de Paris, à -8,68 % à la clôture. De fait, sur son exercice 2017-2018, clos à la fin septembre, le groupe a vu son bénéfice net divisé par plus de trois (-70,2 %) pour tomber à 34 millions d’euros, malgré un chiffre d’affaires en hausse de 4,2 %, à 6,69 milliards. La marge d’excédent brut d’exploitation retraitée est en recul de 5,8 %, à 500 millions et même de 10,6 % dans la restauration collective et les services, tandis qu’elle progresse de 1,3 % dans les concessions.

Ne pas ajouter de dette

Pour 2018-2019, la perspective d’une croissance organique de l’ordre de 1 %, contre 3 % sur l’exercice précédent et 3,6 % en 2016-2017, a déçu aussi les analystes. Le patron d’Elior a justifié cette  décélération par « la volonté de ne pas renouveler certains contrats non profitables » et par « l’impossibilité de saisir de nouvelles opportunités dans notre situation actuelle »« Je ne peux pas rajouter un seul euro de dette compte tenu de l’envolée des dépenses en 2015-2016 », a-t-il souligné avant d’ajouter : « 2019 devrait permettre une stabilisation de notre performance, après plusieurs années de dégradation. On a déprécié ce qui devait l’être. »

Après un troisième avertissement sur résultat lancé en mai dernier,  Philippe Guillemot a engagé un plan de transformation de l’entreprise destiné à améliorer sa rentabilité d’ici à 2021 et à alléger sa dette. Il a même annoncé, en octobre, envisager la cession d’Areas – la filiale de restauration de concession – pour retrouver des marges de manoeuvre dans la restauration collective, métier historique du groupe. Mais ce marché reste très concurrentiel.

Du côté des concessions, gares et aéroports ont tendance à s’adresser directement aux marques. Elior a ainsi perdu la gare Montparnasse gérée depuis vingt ans au profit de SSP dans la première phase d’attribution. Aucun nom de repreneur pour Areas (1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit 27 % de l’activité du groupe) n’est encore évoqué par le directeur général. Une décision définitive sera prise au premier semestre 2019, a-t-il dit. Le conseil d’administration ne s’est en effet pas encore prononcé sur cette éventuelle scission. Selon nos informations, Lagardère se serait manifesté au printemps dernier via sa filiale Relay, évoquant un prix inférieur à celui attendu. Ce que dément le groupe français, précisant que, « pour l’heure, il n’a émis aucune offre ni proposé aucun prix pour la reprise d’Areas ». Mais des entreprises comme SSP justement ou Aramark, ainsi que des fonds d’investissement, pourraient être intéressés. « La revue des options stratégiques des activités de concession du groupe, lancée en octobre, est en cours. A ce stade, Elior Group recueille des marques d’intérêt et non des offres chiffrées » observe la direction du groupe.

Départ d’une vingtaine de cadres

Si « la performance d’une entreprise est liée à la motivation des équipes », comme l’affirme le patron d’Elior, force est de constater un certain désarroi au niveau de la direction, avec le départ d’une vingtaine de cadres en un an. Certains salariés ont le sentiment de travailler dans une entreprise « au point mort ». L’actionnaire fondateur  Robert Zolade, qui s’est endetté pour reprendre le contrôle de son entreprise, chercherait à se renflouer et imposerait, avec son homme de confiance Gilles Cojan, sa stratégie. « Je ne fais pas de la figuration, j’ai 37 ans d’expérience professionnelle… », se défend Philippe Guillemot.