Restauration : le fast-food haut de gamme tire son épingle du jeu

Selon le groupe d’études de marché NPD, la croissance du marché de la restauration hors domicile a ralenti l’an dernier, tant en termes de fréquentation qu’en valeur. La restauration rapide a confirmé son statut de locomotive.

Année 2018 mi-figue mi-raisin pour la restauration. Selon le groupe d’études de marché NPD, lequel s’appuie sur un panel de 14.000 consommateurs, la croissance du marché de la restauration hors domicile – y compris la « collective », les ventes de plats en grandes surfaces, et la distribution automatique – s’est ralentie l’an dernier, tant en termes de fréquentation qu’en valeur. En hausse de 1 % en 2017 , le nombre de visites ou occasions de consommation a crû de 0,6 % l’an dernier, soit un total dépassant légèrement 10 milliards, pour un cumul de dépenses avoisinant 56,1 milliards d’euros, en augmentation de 1 %, après une progression de 1,8 % un an auparavant.

Fin d’année catastrophique

Divers éléments tendent à expliquer cette décélération. La météo a notamment « pesé » tant début 2018 avec des conditions défavorables pour bien des professionnels que pendant l’été avec la canicule. S’ajoutent les répercussions liées aux tensions sociales avec les grèves à la SNCF et à Air France au printemps, et le mouvement des « gilets jaunes » à partir du 17 novembre. « La fin de l’année est catastrophique », indique le Syndicat national de la restauration thématique et commerciale (SNRTC). Cette organisation patronale, qui regroupe environ 1.800 établissements, évalue « l’impact » négatif des « gilets jaunes » à « 8 % à 10 % du résultat sur l’année ». Enfin, la Coupe du monde de football a pu affecter la restauration à table, tout en alimentant le fort développement du nombre de livraison à domicile ou au bureau, en hausse de 20 % pour l’ensemble de 2018.

Clivage

Plus largement, le cabinet d’études confirme le  clivage, déjà constaté en cours d’année , entre une restauration rapide en forme – stimulée par sa montée en gamme via certaines enseignes et une déstructuration de l’alimentation des Français -, et une restauration à table à la peine : la première consolide son statut de locomotive de la restauration commerciale avec un accroissement de la fréquentation de 1,2 %, la seconde accusant un repli de 0,5 %, après avoir été à l’étale en 2017.

Comme le souligne le président-fondateur du cabinet d’études et de conseil Food Service Vision, François Blouin, le constat de NPD doit toutefois être nuancé dans la mesure où il ne prend pas en compte « l’effet tourisme international ». Or, 2018 a été une année record.

Pour autant, le SNRTC ne cache pas son inquiétude. L’incidence des « gilets jaunes » perdure. Selon l’organisation patronale, il n’y a « pas d’amélioration en vue » et le « début 2019 ne s’annonce pas très bon à Paris ». Une « vague de dépôts de bilan » serait même « à prévoir chez les indépendants ».