Ricard mise sur une recette aux plantes fraîches pour relancer la soif de pastis

Le nouveau Ricard aux plantes fraîches. Si la bouteille est verte, l’alcool garde sa couleur.

C’est la première innovation de la marque depuis sa création en 1932.«Un Ricard, sinon rien.» Longtemps, le slogan de l’inventeur du véritable pastis de Marseille reflétait une réalité: la domination absolue de la marque sur le marché français des spiritueux.

Inventé en 1932 par Paul Ricard à Saint-Marthe, un quartier de la Cité phocéenne où la marque a son siège social, Ricard est devenu un phénomène de société. Son créateur a favorisé la création d’un géant mondial des spiritueux depuis sa fusion, en 1974, avec Pernod, l’ennemi juré, propriétaire du Pastis 51.Les mariés n’ont certes pas réussi à exporter beaucoup de pastis: sur 43 millions de litres de Ricard produit l’an passé, 39 millions ont été consommés dans l’Hexagone. Mais le groupe, dirigé par le fils du fondateur (Patrick) puis par son petit-fils (Alexandre Ricard) a conquis le monde en rachetant moult marques de whisky, cognac et vodka.Las. Si Pernod Ricard est devenu numéro deux mondial avec un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros l’an passé, Ricard, dont les ventes globales sont estimées à 275 millions d’euros, n’est plus aussi dominateur. Certes, sa part du marché des anisés ne cesse de progresser (elle est passée en 10 ans de 39 % à 46 % en volumes et 51 % en valeur) et c’est la première marque de spiritueux devant le whisky William Peel (23 millions de bouteilles). «Les jeunes veulent du choix.

Mais le marché des anisés s’est effondré d’un tiers en 20 ans. Avec 24 % du marché des spiritueux (83 millions de bouteilles sur un total de 340 millions), le pastis n’est plus la catégorie favorite des Français, qui lui préfèrent le whisky (40 % du marché). Il ne s’agit pas tant qu’une désaffection des jeunes pour le bon vieux pastaga de grand-papa que d’un changement de comportement des consommateurs.

«Auparavant, nos amateurs étaient fidèles à Ricard et ne buvaient que cela à l’apéritif, explique Philippe Savinel, le PDG de Ricard. Désormais, les jeunes veulent du choix. Mais Ricard reste une référence incontournable pour toutes les générations.» Bien décidé à défendre son territoire tout en s’adaptant à la nouvelle donne, Ricard a élaboré une nouvelle recette. Du jamais-vu: depuis 1932, l’innovation était cantonnée à la pub, à la forme de la bouteille et au lancement d’un premix (du Ricard déjà dilué) au début des années 1990. Ricard sort lundi un pastis aux plantes fraîches. La badiane (anis étoilé) est remplacée par du fenouil aromatique cueilli et distillé sous 24 heures sur le plateau de Valensole (Haute-Provence).«En tant que leader, nous avons la responsabilité et dynamiser et de revaloriser le marché de l’anisé, explique Philippe Savinel. D’autres innovations arriveront d’ici 2 ans». Vendu 20 % plus cher que la version classique, le Ricard aux plantes fraîches est censé être plus dilué. De quoi concurrencer le spritz et le mojito, très à la mode. «Avec cet apéritif valorisé et gourmand, nous ciblons les bons vivants connaisseurs», confie Philippe Savinel. Si la bouteille est verte, l’alcool garde sa couleur. À l’apéro, les amateurs de petit jaune pourront donc commander «Un Ricard, sinon un Ricard».

Source : Le Figaro Premium – Ricard mise sur une recette aux plantes fraîches pour relancer la soif de pastis