Sécheresse : les industriels de l’eau en bouteilles adaptent leurs captages 

Le secteur fait déjà face à la pénurie de la ressource et aux pressions locales, des contraintes qui se renforcent à chaque épisode de sécheresse. A la clé un marché de 2,6 milliards d’euros en France, qui continue de progresser.

La corde se tend autour de l’industrie de l’eau en France à cause de la sécheresse. Elle prend même une tournure sociale cette semaine avec l’annonce de Nestlé Waters de la suppression « d’ici la fin de l’année » de 171 postes dans son usine de Vittel-Contrexéville, dans les Vosges. Parmi les raisons qui motivent cette décision, la fermeture de deux des six captages que le groupe exploite pour sa marque Hépar. En cause : le tarissement des sources locales par des sécheresses de plus en plus sévères.

Les contraintes de pompage touchent de plus en plus les grands groupes, comme Alma (Cristaline, St Yorre, Courmayeur…), Danone, Nestlé, du fait de leur poids dominant (75 %) sur un marché national de l’eau en bouteille pesant 2,6 milliards d’euros et toujours en progression.

Se défendant des critiques, Sources Alma, de loin le premier acteur du marché en volume, fait valoir que les industriels du secteur sont soumis à restriction en cas de sécheresse, comme l’ensemble des usagers de l’eau, « même si aucune baisse de potentiel hydraulique n’est observée dans l’aquifère exploité ». Le groupe affirme en outre avoir « réduit ses prélèvements depuis plusieurs années sur ses 35 sites d’embouteillage ». Il ne fait l’objet d’aucune restriction de prélèvement « à date ». Même discours de rationalisation des pompages chez Danone et Nestlé.

Fermeture de captages

Danone dit avoir « revu les plans de pompage depuis l’an dernier sur chaque site, afin de faire face aux restrictions de prélèvements, en lissant la production sur l’année ». De son côté Nestlé waters déclare « optimiser » ses process « tout au long de l’année afin de réduire la consommation d’eau. Nous prélevons des débits inférieurs aux seuils de prélèvements fixés par les autorités pour certains forages lorsque nous l’estimons nécessaire. »

Sources Alma comme Danone soulignent ne pas pomper d’eau dans les nappes superficielles, qui sont précisément celles que la sécheresse menace. A contrario de Nestlé dans les Vosges : « Du fait de leur faible profondeur, ces forages sont particulièrement sensibles aux aléas climatiques, qui affectent la disponibilité de la ressource. Cela rend très difficile le maintien de la stabilité des caractéristiques essentielles d’une eau minérale naturelle », explique-t-on chez Hépar.

Nestlé Waters indique que « de nouveaux projets seront mis en oeuvre » sans plus de précision dès ce printemps, afin « d’améliorer la résilience de ses activités… » Le géant de Vevey, qui exploite aussi les marques Vittel, Contrex et Perrier, précise que « dans les périodes de sécheresse, Nestlé Waters suit les prescriptions fixées par les arrêtés préfectoraux.

Dans le Puy-de-Dôme, où la préfecture a limité l’usage de l’eau dans 31 communes (piscine, arrosage…), la Société des Eaux de Volvic, propriété de Danone, a décidé de faire sa part même si la source n’est pas concernée. « Sur les mois de mai et juin, que couvre l’arrêté préfectoral, nous allons réduire de 5 % nos prélèvements, par mesure de solidarité, même si nous ne sommes pas directement impactés », explique Danone. Dans le bassin de Volvic, sur 11 milliards de litres, la société a le droit d’en prélever 2,5 milliards, soit plus de 20 %. Mais depuis 2021, en cas d’alerte sécheresse, Danone s’est engagé à limiter les prélèvements à 10 %. Un effort nécessaire pour apaiser les tensions, avec les communes voisines.

Fuites

En plus de Volvic, Danone a dans son portefeuille les marques Evian, Badoit et La Salvetat. Contrairement aux eaux de source, ces eaux minérales sont issues de nappes très profondes, en général à plus d’une centaine de mètres. Si dans l’immédiat, ces nappes ne subissent pas les effets du réchauffement climatique, à long terme c’est une autre histoire.

Sources Alma estime que son mode de fonctionnement est plus économe. Le groupe a précisé aux Echos que « la multi-implantation de ses sources favorise des prélèvements limités, contrôlés par l’Etat. Ces prélèvements ne dépassent pas la capacité de renouvellement de la ressource. » Il n’en va pas de même pour le réseau d’alimentation en eau potable, souligne le propriétaire de Cristaline. Très critique de son « état de vétusté », l’industriel estime à près de 20 % le volume d’eau perdu à cause des fuites. Soit 1 milliard de mètres cubes.

La consommation d’eau en bouteille représente 0,2 % des 5,5 milliards de mètres cubes prélevés annuellement pour la production d’eau potable en vue de la consommation domestique, fait valoir cette industrie.

Par Marie-Josée Cougard avec Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source

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