A Pékin et à Shanghai, Alibaba, roi du e-commerce en Chine, va livrer les cafés de Starbucks, ont annoncé les deux géants. Les Chinois ne boivent que 4,5 tasses de café par an et par habitant, contre 269 aux Etats-Unis, mais le café frais, boisson encore exotique, est en plein boom.

La Chine produit du café dans la région du Yunnan, au Sud du pays, mais les Chinois ne boivent encore, en moyenne, que 4,5 tasses de café par habitant et par an, contre 269 tasses pour les Américains (un quart du café mondial)… Encore est-ce, en Chine, du café instantané. Ce dernier représente 72 % d’un marché estimé à 13 milliards d’euros, une goutte d’eau dans un océan mondial de café estimé à 1.500 milliards.

Mais la donne change : les Chinois se mettent au café fraîchement torréfié. Alors que les ventes de café instantané ont à peine progressé en 2017 (et avaient stagné en 2016), celles de café frais ont connu l’an dernier la deuxième plus forte croissance parmi les boissons non alcoolisées, juste derrière l’eau gazeuse, selon Euromonitor International et  la Chine est déjà le neuvième producteur mondial d’arabica , avec une production de café qui a quadruplé en dix ans.

Le café frais part de bas mais son boom, dans un pays de plus de 1,3 milliard d’habitants, suscite les convoitises. Chacun se positionne, ou se repositionne dans le cas de Starbucks, présent depuis 1999 avec 3.300 points de vente dans 141 villes en Chine.

Une ouverture toutes les 15 heures

Car la chaîne américaine, bien qu’elle ait ouvert en décembre à Shanghai  son plus grand magasin au monde , souffre de la montée en puissance des chaînes locales. Sur le dernier trimestre, les ventes de Starbucks en Chine ont reculé de 2 % sur un an, à nombre de magasins comparable, contre +7 % en 2017. Et si Starbucks affiche encore une croissance à deux chiffres dans le pays, cela doit beaucoup au fait que la chaîne y ouvre en moyenne un magasin toutes les quinze heures.

Pour redresser ses ventes, l’enseigne devait réagir et faire évoluer son mode de distribution. Les Chinois aiment se faire livrer l’alimentaire ? A Pékin et à Shanghai, les cafés et viennoiseries leur seront livrés à partir de septembre prochain.  Confirmant les rumeurs qui circulaient , Starbucks a annoncé ce jeudi s’allier au roi chinois du commerce en ligne, Alibaba, pour développer un service de livraison, avec l’aide, pour la préparation physique des commandes, de la chaîne de supermarchés Hema détenue par Alibaba.

La livraison sera ensuite effectuée par les trois millions de livreurs dont dispose la plateforme de livraison alimentaire Ele.me d’Alibaba et ce programme de livraison sera ensuite étendu à 30 villes et plus de 2.000 points de vente d’ici fin 2018.

Triplement des ventes

Les deux groupes co-investissent (pour un montant non dévoilé) dans ce partenariat, qui ne va pas profiter qu’à Starbucks : Alibaba, aussi, doit défendre ses positions face à la concurrence dans la livraison alimentaire, où sa filiale Elme.me est concurrencée par la plateforme de livraison alimentaire Meituan Dianping. Cette dernière est la quatrième start-up mondiale par sa valorisation et prépare sa cotation à Hong Kong pour accélérer sa montée en puissance, en visant au passage une valorisation de 60 milliards de dollars (52 milliards d’euros) !

Il reste à prouver que la livraison changera la donne pour les deux partenaires, sur un marché du café en ébullition. Mais c’est stratégique pour Starbucks. L’an dernier, l’Asie Pacifique représentait 14 % de ses 22,4 milliards de dollars de ventes. Le groupe américain ne dévoile pas son chiffre d’affaires réalisé en Chine, mais il a annoncé vouloir le tripler d’ici à cinq ans, en doublant au passage le nombre de ses points de vente pour atteindre les 6.000 dans 230 villes. Sa croissance mondiale repose beaucoup sur la Chine et le test qu’il va réaliser à Pékin et à Shanghai à partir de septembre va donc être observé de près.