Taxes Trump, diversité… Sodexo voit toujours dans les Etats-Unis un levier de croissance

Sodexo maintient sa confiance dans le marché américain malgré les taxes douanières, et une récente révision de ses prévisions de croissance pour l’exercice actuel. Les Etats-Unis restent le premier marché du spécialiste de la restauration collective et de la gestion d’installations.

Les taxes douanières lancées jeudi dernier par Donald Trump n’y changent rien. Pas plus que la forte correction subie en Bourse par Sodexo il y a deux semaines, en raison de perspectives de croissance moins fortes que prévu, en large partie en Amérique du Nord. Le groupe français de restauration collective et de gestion des installations (« facility management »), continue de croire dans le marché nord-américain. C’est ce qu’il a souligné, vendredi matin, en présentant ses résultats du premier semestre (exercice décalé), alors que les Etats-Unis représentent près de la moitié de ses revenus.

Interrogée sur les recommandations d’Emmanuel Macron de suspendre temporairement les investissements aux Etats-Unis, la dirigeante du groupe, Sophie Bellon s’est montrée réservée. « Aux Etats-Unis, on est Américains, donc on va continuer à développer nos activités » dans le pays, a-t-elle insisté. « On n’est pas dans une industrie où on se pose la question de savoir si l’on va ouvrir une nouvelle usine aux Etats-Unis », a-t-elle ajouté lors d’une conférence téléphonique, précisant que le pays était le « premier marché mondial dans nos activités ».

« Pas beaucoup d’impact »

De même, le groupe ne prévoit pas que les nouveaux droits de douane aient « beaucoup d’impact » sur son activité. Donald Trump a annoncé jeudi soir une salve mondiale de taxes douanières, dont 20 % pour toutes les importations de l’Union européenne en direction des Etats-Unis. « De par leur nature, nos services ne vont pas être soumis aux droits de douane et ils ne sont pas impactés directement par les droits de douane annoncés. Il peut y avoir peut-être une petite pression inflationniste mais aujourd’hui, on n’a pas du tout vu cet effet et même d’ici la fin de l’année, on ne prévoit pas beaucoup d’impact ».

En cas d’inflation sur les coûts, le groupe n’exclut pas, comme il en a la possibilité, d’adapter ses contrats, ou ses menus. Sodexo met en avant qu’aux Etats-Unis il recrute, paye ses taxes et se fournit à 90 % localement, et pour le reste au Mexique ou au Canada.

Par ailleurs, ses revenus issus de contrats avec l’administration fédérale restent limités, indique également le groupe. Il explique par ailleurs ne pas avoir reçu de lettre, comme d’autres grands groupes français, leur enjoignant de préciser ou d’abandonner leurs politiques de diversité et d’inclusion.

« Nous n’avons pas reçu cette lettre », confirme Sophie Bellon. « Nous sommes prudents sur le sujet. Nous sommes une entreprise basée sur l’humain [« a people company », NDLR] mais nous restons très prudents sur ce qu’il se passe. Il y a des mots qu’on n’emploie plus, nous allons être prudents sur la manière dont on présente les choses. Nous ne changeons pas nos valeurs, mais nous ne voulons pas nous rendre vulnérables », explique la dirigeante.

Revenus en hausse

Le groupe emmené par Sophie Bellon a confirmé vendredi matin une croissance de 3,1 % de son chiffre d’affaires (à 12,47 milliards d’euros au premier semestre) et réitéré ses objectifs financiers, après un avertissement en mars, qui n’avait pas rassuré les investisseurs. Son résultat opérationnel est en baisse de 9,7 % à 580 millions d’euros.

Le groupe de services de restauration avait révisé à la baisse ses perspectives annuelles, anticipant une croissance interne du chiffre d’affaires entre 3 % et 4 % (contre 5,5 à 6,5 % initialement). Cette révision est due à 80 % à des sujets liés au marché nord-américain (200 points de base environ, soit 2 %), et au ralentissement du marché européen pour 40 points (0,4 %).

A Paris, à la mi-journée, l’action abandonne 6,3 %, alors que l’indice SBF120 dont elle fait partie reculait de 2,3 %. L’absence de précision sur les initiatives du groupe ou de mise à jour sur les objectifs à moyen terme a notamment été déplorée par les analystes de Jefferies. « Cela aurait apporté une visibilité bien nécessaire et aurait pu servir d’événement de compensation », estiment-ils dans une note.

Par Edouard Lederer – A retrouver en cliquant sur Source

Source :