Titres-restaurant, cadeau : émancipé de Sodexo, Pluxee suit sa feuille de route
Le spin-off de Sodexo a déroulé la feuille de route promise : gagner des parts de marché et enrichir l’offre autour des avantages aux salariés, par croissance organique, acquisitions ou partenariats.
Les investisseurs n’aiment pas les incertitudes. Le flou réglementaire et politique pesant sur la réforme des titres-restaurants en France a fait dévisser ces derniers mois de plus de 30 % le cours de Bourse du leader du secteur, Edenred, comme de son challenger Pluxee, malgré leurs résultats solides. Les performances prometteuses de Pluxee sur son premier exercice annuel dévoilées auront su rassurer les analystes. le cours pris 21% jeudi à la Bourse de Paris.
« C’est une année exceptionnelle avec une croissance organique de 18,6 %, un chiffre d’affaires de 1,21 milliard d’euros et un taux de marge opérationnelle de 35,6 % à 430 millions, un résultat net de 133 millions », se félicite Aurélien Sonet, le directeur général de Pluxee qui annonce « revoir à la hausse les perspectives financières pour 2025 et 2026 ».
Nombre record de nouveaux clients
En coupant le cordon avec le géant de la restauration collective Sodexo, via une scission en février 2024 , Pluxee a changé de culture et recruté dans la tech. « Être dorénavant un ‘ pure player autonome rend notre stratégie plus lisible. Nous avons enregistré un nombre de nouveaux clients record engendrant 1,6 milliard d’euros de titres (restaurant, cadeau, mobilité… NDLR), à rapporter à un volume d’affaires total émis de 24 milliards d’euros. C’est le fruit de nos investissements digitaux, et de notre marketing revu en profondeur pour rajeunir notre marque », pointe le dirigeant.
Pluxee est leader dans 17 des 31 pays où il est présent, mais Edenred a une longueur d’avance qui sera difficile à rattraper. Il y a toutefois de la place pour deux champions français compte tenu du marché potentiel mondial estimé à 1.000 milliards d’euros, pénétré seulement à 20 %. Et 30 % de la croissance du volume vient des PME-PMI, cible qui reste encore largement à développer. « En Inde par exemple, où l’on est numéro un, nous en sommes encore à conquérir les entreprises de plus d’un millier de salariés, tel ce contrat avec la société informatique HCL aux 15.000 salariés », insiste Aurélien Sonet.
Offre multi-bénéfices dans 16 pays
Si 70 % du chiffre d’affaires est réalisé avec des titres-restaurant ou des titres alimentaires, ces produits constituent une porte d’entrée pour apporter ensuite d’autres services. « Actuellement un tiers de la croissance de nos volumes provient des nouveaux contrats, un tiers de l’augmentation de la valeur faciale de nos titres, et un tiers de la vente de solutions complémentaires. Nous avons déjà déployé notre offre multi-avantages dans 16 pays, permettant à nos clients de bénéficier de l’ensemble de notre gamme. D’ici 2026, les avantages hors restauration et alimentation représenteront 40 % de la croissance de nos revenus opérationnels », affirme le dirigeant. L’entreprise est également leader des programmes d’aides sociales représentant 4 milliards d’euros, déclinés dans 12 pays auprès de 12 millions de bénéficiaires.
Et alors qu’Edenred s’intéresse aussi à la gestion des frais professionnels et aux paiements inter-entreprises, Pluxee se centre exclusivement sur les avantages aux salariés. La société détenue à 42,8 % par la famille Bellon (comme Sodexo, d’ailleurs) a même pris une participation dans Happiness Index. Cette entreprise britannique mesure le niveau d’engagement et de « bonheur » des collaborateurs, dans une optique de soutien à la fidélisation des salariés. « Nous intégrons déjà ses solutions dans nos applications en Roumanie et aux Etats-Unis, et bientôt au Brésil », poursuit le dirigeant.
Des acquisitions ciblées
Objectif : apporter toujours davantage de valeur aux offres utilisées par 36 millions de bénéficiaires. « La data, l’intelligence artificielle, permettent des parcours plus personnalisés. L’innovation dans le paiement, comme en Bulgarie passée au 100 % digital ou au Panama avec un système de QR Code, diminue le coût des transactions pour les commerçants », ajoute-t-il, un sujet sensible.
Parallèlement Pluxee poursuit ses acquisitions ciblées, comme en Espagne avec Cobee qui compte 1.500 entreprises clientes et 100.000 bénéficiaires. « La start-up, implantée aussi au Portugal et au Mexique, propose une douzaine d’avantages auxquels les salariés peuvent souscrire : restauration, mutuelle santé, garderie, transport… C’est l’offre la plus complète du marché, nous avons la capacité de l’internationaliser davantage puisque Pluxee est aussi au Brésil, en Colombie, au Pérou, au Chili », souligne Aurélien Sonet.
Le Brésil, moteur de croissance
Par ailleurs, un partenariat a été signé avec Santander, plus grosse banque du Brésil. Le géant bancaire a pris 20 % de la filiale de Pluxee dans ce pays, y renforçant sa position de numéro deux. « Le Brésil sera un moteur important de la croissance dans les prochaines années. Il représente 30 % de notre chiffre d’affaires contre 10-12 % pour la France. Nous avons déjà migré la moitié des clients de Santander sur notre plateforme et généré ensemble près de 90 millions d’euros de volume d’affaires », constate le dirigeant.
Martine Robert