Antoine FabryDirecteur généralPro à Pro
Quel bilan tirez-vous de l’exercice écoulé ?Antoine FabryNous avons fait une année record. Nous avons fait une croissance d’à peu près 15 % en chiffre d’affaires, encore portée par l’inflation, et légèrement inférieure en volume. Rappelons que nous réalisons 71 % de notre activité en collectivités. Celle-ci a été fortement soutenue dans trois segments en particulier : le marché de l’entreprise (+ 20 %), la santé (+ 18 %) et l’éducation (+ 16 %). La restauration commerciale, quant à elle, a progressé malgré tout de 14 %. Cela veut dire que nous avons su prendre des parts de marché.
Depuis mars-avril, la situation s’est un peu plus tendue en restauration commerciale et n’a pas encore totalement repris. Nous étudions la meilleure façon d’accompagner nos clients afin de les aider à se relancer. Cela reste compliqué en termes de consommation et il faut être attentif aux crédits clients.Constatez-vous davantage de retards de paiements et d’impayés ?Antoine FabryNous sommes là pour discuter intelligemment avec nos clients, mais il faut être encore plus vigilants qu’auparavant. Par ailleurs, fait nouveau, certaines SRC régionales ont mis la clé sous la porte. Une situation peu commune dans la collective.
Quelles ont été les gammes de produits qui ont bien performé ?Antoine FabryLa famille des légumes est en très forte croissance avec + 28 %. La gamme traiteur a augmenté de 21 %. La troisième famille à avoir bien performé est celle des produits de la mer. Le sec, qui représente près de 45 % de notre CA, demeure dynamique. Et si l’on y ajoute les boissons et produits d’entretien, cela pèse pour 55 % de notre activité. Les produits phares, quant à eux, restent les huiles, le riz, le thon, la farine…
La montée en puissance du surgelé se confirme-t-elle ?Antoine FabryOui, elle se confirme avec une croissance à deux chiffres, soit près de 24 % à 132 M€. Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’avoir une véritable offre tritempératures et de répondre à des marchés. C’était important car nous avons des prospects qui recherchent une solution globale.
Quels sont les événements marquants à retenir de cet exercice ?Antoine FabryJ’en retiens deux. D’abord, le sujet de l’inflation, car même s’il a été vite enterré, il est toujours bien présent. Il y a des familles qui ont continué à inflater. Ensuite, il y a un sujet qui nous concerne tous et qui, à mon avis, n’est pas encore totalement résolu, c’est celui de la crise agricole. C’est un sujet fort pour nous avec la suite d’Egalim, c’est-à-dire Egalim 4. Nous avons beaucoup travaillé nos gammes pour être en capacité de répondre au secteur scolaire, qui est le plus gros demandeur en matière de produits éligibles Egalim.
Que vous demandent vos clients actuellement ?Antoine FabryEn restauration collective, l’enseignement est très fortement demandeur de produits locaux et durables. Avec toujours, bien sûr, un besoin d’avoir des informations claires sur l’origine des produits et sur les méthodes de production. Il faut aussi de la flexibilité et de la variété des produits pour répondre aux divers menus. Nous continuons à travailler notre offre végétarienne et végane, à des tarifs qui doivent rester compétitifs.
Le secteur de la santé est davantage attentif à une offre personnalisée avec des produits correspondant aux régimes particuliers : sans gluten, faible en sodium ou encore le manger-main. La fiabilité et la fréquence des livraisons est clé pour ce secteur, et nous les accompagnons avec des éléments de formation sur la sécurité alimentaire, la composition des menus, etc.
On note depuis quelques années une tendance de fond de consommation des Français, qui expriment une certaine exigence sur la qualité et l’origine des produits, en se tournant vers le local, le bio… C’est donc naturellement que la restauration commerciale attend une offre plus large, diversifiée avec des produits ethniques et des alternatives végétales. On commence également à nous demander des ingrédients rares, et de plus en plus de conseils et de personnalisation. Enfin, la restauration commerciale est demandeuse aussi bien d’inspiration que de solutions alternatives économiques.
À combien se sont montés les investissements en 2023 et sur quoi portaient-ils ?Antoine FabryNous sommes toujours à environ 1 % de notre chiffre d’affaires en investissement. Nous avons ainsi lancé la commande de 6 véhicules électriques, 16 tonnes, qui arriveront dans le courant de cette année. L’objectif étant d’avoir environ 15 % de notre flotte en électrique à horizon 2030. Ceci afin de répondre aux contraintes de centre-ville, avec les ZFE, et également de voir comment ce type de véhicules va se comporter dans le temps. Nous avons besoin d’aides pour les financer car ce sont de très gros investissements : un véhicule 16 tonnes thermique bitempératures coûte à peu près 150 000 €… en électrique, c’est 300 000 €.
Avez-vous développé de nouvelles synergies avec Metro ?Antoine FabryNous menons conjointement des négociations avec nos fournisseurs communs, et certaines se font au niveau du groupe pour les produits avec de très gros volumes. Nous avons 12 marques propres, dont Metro chef, et nous regardons comment nous allons les développer en collectivités.
Quels sont vos dossiers prioritaires ?Antoine FabryAprès avoir lancé notre premier catalogue Inspiration de chefs–collection Printemps-Été au mois de mars, nous préparons celui de la collection Automne-Hiver pour la rentrée, lequel inclura les produits festifs de fin d’année pour la restauration commerciale. En parallèle, nous maintenons évidemment un focus sur les produits festifs dédiés à la collective.
En 2025, nous allons poursuivre le développement de notre digitalisation, faire évoluer notre site web afin qu’il soit à la hauteur de nos attentes et de celles de nos clients. Nous avons bien sûr le rendez-vous du Sirha qui est un événement majeur. Et puis nous continuons à spécialiser nos forces de vente, tant en restauration commerciale que collective.Qu’en est-il en matière d’innovations ?Antoine FabryNous échangeons beaucoup avec la Feef, qui regroupe beaucoup d’entreprises qui peuvent offrir des solutions intéressantes. De notre côté, nous avons créé une direction de l’innovation et des marques propres qui travaillent sur ce sujet pour imaginer comment proposer à nos clients des solutions qui sortent des sentiers battus.
Nous devons rester vigilants quant à notre stock et aux produits que nous avons dans nos entrepôts. Les gammes ne sont pas extensibles et il faut faire des choix, mais nous travaillons sur l’innovation de manière continue. Il est nécessaire ici trouver des partenaires qui puissent garantir la régularité, de la qualité et de la disponibilité du produit.
Source : [Top 100] « Nous avons su prendre des parts de marché »