Tourisme : dans l’hôtellerie, pas de baisse des prix à prévoir 

La nette augmentation des prix l’an dernier a permis aux hôteliers d’absorber le coût de l’inflation et de restaurer leurs marges. Même en cas de fléchissement de la demande, un retour en arrière semble peu probable.

A force de tirer sur la corde, va-t-elle finir par rompre ? Dans de nombreux secteurs, la forte augmentation des prix fait craindre un effet boomerang sur la demande, alors que les tensions sur le pouvoir d’achat persistent. Mais dans l’hôtellerie, le phénomène n’inquiète pas outre mesure, malgré des hausses pouvant dépasser 40 % à Paris depuis 2019, selon le cabinet MKG.

D’abord parce que cette politique tarifaire est en grande partie justifiée, font valoir les professionnels. Il a, en effet, fallu compenser la forte hausse du coût de l’énergie, avec des factures qui se sont envolées. En parallèle, le secteur s’est résolu à augmenter les salaires, de 16 % en moyenne, pour faire face à la pénurie de personnel. « Evidemment que les prix ont augmenté, et heureusement », selon Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Umih, principal syndicat du secteur. « Depuis 2019, l’inflation est d’environ 15 %. Et au-delà des charges, 95 % des hôteliers ont eu recours à un Prêt garanti par l’Etat (PGE) qu’il faut maintenant rembourser. Cela représente 6 % de leur chiffre d’affaires. »

Un bon millésime 2023

En outre, « cela dépend des marchés. Certes, les tarifs ont beaucoup augmenté en Ile-de-France et en Paca mais pour le reste, cela suit peu ou prou le niveau de l’inflation ». Enfin, ces hausses de prix apparaissent nécessaires pour préserver une marge suffisante et réinvestir, « car un hôtelier qui ne réinvestit pas régulièrement dans son produit signe son arrêt de mort », souligne la dirigeante.

Reste à savoir jusqu’à quel point ces hausses seront acceptées par les clients. Malgré un été marqué par une légère baisse du taux d’occupation, les signes d’un véritable fléchissement ne sont pas encore perceptibles. L’avant-saison a été particulièrement bonne, et le mois de septembre promet d’être un excellent millésime, porté par la Coupe du monde de rugby.

Si la clientèle française semble un peu moins présente – une partie s’est tournée vers d’autres modes d’hébergement cet été -, les étrangers sont revenus en nombre. En conséquence, l’année 2023 « devrait être équivalente à 2022 en matière de taux d’occupation », estime Stéphane Botz, directeur national Hospitalité chez KPMG.

La clientèle étrangère, aubaine pour les hôteliers

Dans ce contexte, beaucoup d’observateurs s’attendent à un maintien des prix à un niveau élevé, y compris en cas de scénario défavorable. « Après la crise de 2008, les prix ont connu un tassement, mais sont vite repartis à la hausse, tandis qu’en 2015, après les attentats, les tarifs se sont maintenus car les hôtels n’ont pas voulu se dévaluer », fait remarquer Stéphane Botz.

Si la demande venait à fléchir, des disparités pourraient toutefois apparaître entre les divers segments et zones géographiques : les hôtels milieu de gamme, situés en région hors des grandes métropoles, pourraient, par exemple, être les premiers à souffrir en cas de repli.

En revanche, Paris semble pouvoir envisager sereinement l’avenir, d’autant que la capitale a en point de mire l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques l’été prochain. « La période se prête vraiment à une bonne fréquentation des étrangers. On parle tellement des événements qu’ils viennent aussi avant et après », souligne Stéphane Botz. Les Américains, qui profitent de la robustesse du dollar, devraient notamment continuer à faire les beaux jours de l’hôtellerie parisienne.

Politique tarifaire « raisonnable » pour les JO

Attention, tout de même, à ne pas (trop) en profiter. Alors que certains établissements ont été pointés du doigt pour avoir proposé des prix exorbitants pendant le Mondial de rugby, beaucoup incitent à la mesure afin de fidéliser les clients. « Certains hôteliers ont fait des erreurs, avec une forme de surpositionnement pendant la compétition. Résultat : leurs chambres se vendent très bien le jour du match mais dès le lendemain, c’est le trou d’air », observe le spécialiste.

Voilà les professionnels prévenus, en vue des JO : « On leur explique qu’il faut raison garder, et ne pas céder à la tentation de faire un coup pendant les Jeux. On a tout intérêt à transformer l’essai avec une politique tarifaire raisonnable », résume Véronique Siegel. Et ainsi, s’éviter un effet boomerang qui freinerait la bonne dynamique enclenchée après la crise sanitaire.

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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