Après deux années exceptionnelles, l’industrie touristique semble retrouver un rythme de croissance plus raisonnable, dans un contexte économique et géopolitique très tendu.

En première ligne, les tour-opérateurs français ont malgré tout affiché leur optimisme, ce jeudi lors du forum annuel du syndicat de la profession (Seto).

D’abord en dressant un bilan très satisfaisant de la saison hivernale, avec un chiffre d’affaires en hausse de 21 % sur un an, tiré par le nombre de clients (+15 %). Même si la recette unitaire moyenne a connu une progression plus timide (+5,3 %), notamment sur le moyen-courrier, pour lequel la part de l’aérien est plus faible.

Malgré le séisme, le Maroc progresse

Sur ce segment, les Canaries ont conservé leur première place, séduisant toujours plus de clients français (+14,4 %). Malgré le tremblement de terre du mois de septembre, le Maroc occupe la deuxième place du podium, en hausse de 5,2 %.

Après avoir subi la crise sanitaire de plein fouet, la destination a poursuivi son rebond, puisqu’elle a enregistré 14,5 millions d’arrivées sur l’ensemble de l’année 2023, toutes nationalités confondues – un record. A la troisième place, on retrouve la Tunisie, qui a elle aussi retrouvé des couleurs.

Le grand retour de l’Asie

Du côté du long-courrier, l’Île Maurice poursuit son impressionnante percée et fait la course en tête, devant la République dominicaine, pénalisée par l’arrêt des liaisons opérées par Air France.

Plus notable, l’Asie a confirmé son retour en force, représentant plus du quart des départs sur ce segment. Le Vietnam (+80 %) ou la Thaïlande (+62,2 %) illustrent ce renouveau même si pour cette dernière, « nous ne sommes encore qu’à 60 % des volumes de 2019, et on atteindra certainement 85 % en 2024 », indique Guillaume Linton, PDG du tour-opérateur Asia.

Tassement du panier moyen

Les perspectives de l’été, elles, apparaissent un peu plus contrastées. Les voyagistes s’attendent à transporter toujours plus de clients avec une hausse prévisionnelle de 10,9 % entre mai et octobre.

Le panier moyen devrait connaître une stabilisation (+2,6 %), traduisant une « inflation qui se stabilise », selon René-Marc Chikli, le président du Seto. Mais aussi une forme de retour à la normale après le phénomène de « revenge travel » : « Les clients recommencent à faire attention aux prix, voire à négocier », souligne un professionnel.

Communication « exécrable » autour des JO

 Si la tendance est globalement bonne, le mois de juillet inquiète particulièrement les professionnels. Les volumes de réservations vers l’étranger sont en baisse de près de 5 %, qu’il s’agisse du moyen-courrier ou du long-courrier. La faute à une communication « exécrable » autour des Jeux Olympiques de Paris, selon René-Marc Chikli.

« On aurait dû profiter des JO, mais le fait de répéter qu’il sera compliqué de se déplacer, y compris pour rejoindre les aéroports, créé de l’incertitude. Or l’incertitude est la pire ennemie du voyage », résume le dirigeant. Selon le Seto, le phénomène profitera en premier lieu au « secteur non marchand », les Parisiens choisissant en partie de rejoindre leur résidence secondaire ou des amis en régions.

Sur le papier, rien d’alarmant, puisque les autres mois affichent de nettes hausses en volume. « Mais c’est sur les mois de juillet et août que les tour-opérateurs font le plus de marge, donc c’est un peu problématique », confie l’un d’eux. Pas de quoi mettre en péril, malgré tout, la santé du secteur. Avec un nombre de clients quasiment revenu à son niveau pré-Covid et une augmentation des prix supérieure à 20 % dans l’intervalle, la profitabilité des voyagistes a, elle aussi, retrouvé des couleurs.