Un été décevant pour la restauration

Mauvaise météo, contexte politique et changements de comportements liés aux JO ont pesé sur l’activité. Les professionnels espèrent une meilleure fin de saison et un effet à plus long terme des Jeux.

A quoi va ressembler la fin de l’été ? C’est la question que se posent, parfois avec inquiétude, tous les professionnels de la restauration. Car les beaux jours n’ont pas été, jusqu’à présent, à la hauteur des attentes.

« Juin et juillet ont été décevants pour la restauration commerciale. Si le ralentissement de l’inflation, la belle performance de la France, arrivée en demie finale, à l’Euro de football et le relais de la flamme olympique dans l’Hexagone avaient pu laisser espérer un beau dynamisme, il n’en est rien », observe Maria Bertoch, experte foodservice chez Circana.

Cumul de facteurs

Durant ces deux mois, la fréquentation ainsi que les dépenses hors cantines et distribution automatique ont reculé de 1 %, selon le panel consommateur CREST de Circana , qui couvre les touristes français mais non les étrangers. Alors qu’en 2023, à cette même période, le chiffre d’affaires progressait de 11 %. La restauration à table est plus pénalisée que les fast-foods.

Les facteurs défavorables se sont en effet accumulés. La météo bien maussade une partie de l’été n’a pas incité à sortir alors que le soleil de l’an dernier avait été porteur. « Les dépenses liées aux vacances d’été mais aussi aux billets des JO ont rendu le budget disponible pour les sorties plus réduit », ajoute Maria Bertoch.

La dissolution et les élections ont également pesé sur les départs et les comportements au quotidien. « Elles ont pétrifié les Français dans leur consommation. Les flux ont été réduits tandis que les états d’esprit ont aussi été touchés », remarque François Blouin, président fondateur de Food Service Vision .

Il souligne, en outre, les effets liés à l’anticipation des JO avec le ralentissement des événements corporate dès juin. « Ce qui est frappant, c’est l’ampleur des disparités. Certains acteurs ont fait la saison de leur vie. D’autres, la pire », poursuit-il.

Paris a été particulièrement touchée. Le mauvais mois de juin, d’ordinaire l’un des trois meilleurs mois de l’année, a été pénalisant. Ensuite, les restrictions de circulation ont eu, assez tôt, des conséquences fortes dans certains quartiers.

Difficile saison à Paris

« La saison a été désastreuse pour les cafés, restaurants et bars. La profession a payé la campagne de communication anxiogène incitant les Franciliens à télétravailler. Entre le 15 et le 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture, certains établissements ont connu des baisses d’activité de 50 voire 70 %. Août lui-même n’est, globalement, pas bon malgré la quinzaine des JO. Car une grande part de la consommation s’est faite dans les enceintes sportives avec des gens n’ayant pas envie de quitter cette ambiance. Et il n’y a pas eu au début de la semaine le phénomène habituel de reprise », regrette Pascal Mousset, président du GHR (Groupement national des indépendants hôtellerie & restauration) Paris Ile-de-France.

Les quartiers de la porte Maillot, de l’Opéra ou des Batignolles ont particulièrement souffert. A l’inverse, les quais de Seine ou les alentours de la Tour Eiffel ont retrouvé des couleurs dès le coup d’envoi des Jeux. Pascal Mousset estime à 20 % en moyenne le recul du chiffre d’affaires dans Paris en juillet et août par rapport à l’an dernier et à 10 % en banlieue. Le GHR mènera en septembre une enquête auprès de ses adhérents pour préciser ces baisses.

L’été a cependant aussi eu ses gagnants. « Les établissements à proximité immédiate des zones d’épreuves ont pu bénéficier de l’effet des Jeux Olympiques. La restauration de kiosque ou les food-trucks ont créé un marché. Enfin, les premiers échos sur le haut de gamme semblent assez favorables », détaille François Blouin.

Il faudra de toute façon attendre pour pouvoir dresser un bilan global de l’été. « La ferveur indéniable autour des JO et une météo plus estivale peuvent inverser la tendance des derniers mois », juge Maria Bertoch.

Retombées en décalé

Avec un mois d’août s’annonçant comme plutôt meilleur, Food Service Vision prévoit que, tous types de repas confondus, restauration collective incluse, la période reste positive. « Il ne faut pas non plus oublier que certains métiers d’accueil, de sécurité mais aussi les policiers et les gendarmes ont été mobilisés autour de Paris 2024. Ces gens vont prendre leurs vacances plus tard », relève François Blouin.

Les établissements de la capitale tablent, eux, à plus long terme, sur un effet de halo des JO. « Il y aura un héritage qui devrait attirer à Paris des touristes supplémentaires », espère Pascal Mousset. Pour les professionnels, les retombées des jeux devraient se faire en décalé.

Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/un-ete-decevant-pour-la-restauration-2116026