Valorisé plus de 3 milliards d’euros, Grand Frais suscite l’appétit des fonds anglo-saxons

Le fonds Ardian et le fondateur Denis Dumont ont mandaté les banques d’affaires Amala Partners et Morgan Stanley pour céder Prosol, le distributeur de produits frais, qu’ils souhaitent valoriser entre 3 et 4 milliards d’euros, un montant très élevé.

Grand Frais suscite l’appétit des grands fonds anglo-saxons. Le fonds d’investissement Ardian, entré en mars 2017 au capital de Prosol – la partie du groupe de distribution fondée par le discret et visionnaire Denis Dumont – a mandaté les banques d’affaires Amala Partners et Morgan Stanley pour céder cet actif spécialisé dans la distribution de fruits, légumes et produits alimentaires frais.

La cession concerne aussi des concepts de petits formats « Fresh », la plateforme de distribution en ligne Mon-marche.fr, ainsi que la nouvelle activité développée en Italie : Banco Fresco. Un ensemble en croissance à deux chiffres, qui génère un revenu opérationnel ajusté de plus de 250 millions d’euros et dont la valorisation attendue devrait atteindre les 3 à 4 milliards d’euros.

Lancé au début des années 1990, la chaîne Grand Frais dispose aujourd’hui d’environ 250 points de vente et est encore en forte croissance. Le capital du distributeur est partagé en trois blocs : le premier, contrôlé majoritairement par Ardian, gère l’activité fruits et légumes, un second, détenu depuis novembre dernier par le fonds d’investissement PAI, le pôle épicerie, et le dernier, contrôlé par les bouchers lyonnais Despinasse, gère les rayons viande.

Carrefour ne regarde pas

Le processus d’enchères est en phase de préparation et plusieurs candidats sont sur les rangs, de sources concordantes : les fonds d’investissement Bain, Advent, Blackstone et CVC. « A ce stade c’est un processus assez orienté vers les fonds d’investissement, l’équipe de management étant à l’aise avec ce profil indépendant », indiquent des sources. Mais rien n’est fermé.

Le nom de Carrefour, qui vient de rater son mariage avec le canadien Couche-Tard, a été dévoilé par « L’Agefi ». Interrogé, le distributeur ne fait pas de commentaire. Mais, selon une source proche du dossier, cette opération « ne s’inscrit pas dans la politique d’acquisitions de Carrefour. Les synergies ne sont pas évidentes, la gouvernance sous forme de GIE est très complexe et les niveaux de valorisation mentionnés sont ahurissants. Compte tenu de ces éléments, Carrefour ne participera pas à l’éventuel processus de vente », assure cette source. Le distributeur aurait fait face à des investisseurs qui croulent sous les liquidités à déployer. Il a réalisé ces derniers mois plusieurs acquisitions « tactiques » – comme les cash and carry Makro au Brésil ou Bio C’Bon en France -, mais pour des montants bien moins élevés que ceux annoncés pour Prosol.

Zouari écarté

Le fonds d’investissement PAI ainsi que M2X, le véhicule d’investissement (SPAC) de 300 millions d’euros levés en décembre par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, ont en tout cas été exclus du processus, selon nos informations.

Ce dernier a déjà acquis, à titre personnel, et avec le fonds ICG, 49 % de Picard et gère des magasins Monoprix et Franprix en région parisienne. « Ils n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour se positionner de prime abord », indique un proche du dossier qui ajoute aussi que la mention du nom de Grand Frais comme future cible « évidente » du triumvirat au moment de sa levée de fonds n’a pas forcément été bien perçue par ses actionnaires.

Grand Frais et ses concepts associés tablent en tout cas sur une forte croissance en solo. Ardian avait misé 1,7 milliard d’euros sur cet investissement en 2017 et juge avoir aujourd’hui un potentiel d’ouverture de 800 magasins en zone péri-urbaine et banlieues de grandes agglomérations dans les années qui viennent. Idem pour les modèles de petits formats « Fresh » dans les plus petites villes. Le développement en Italie ne fait quant à lui que s’amorcer et la plateforme en ligne s’attaque aux grands centres-villes. Reste que Grand Frais est un concept original. Outre celui de Prosol, son développement nécessite l’accord du pôle épicerie fondé par les Bahadourian et des rayons viande des Despinasse.

Article de Anne Drif, avec Philippe Bertrand – A retouver en cliquant sur Source

Source : Valorisé plus de 3 milliards d’euros, Grand Frais suscite l’appétit des fonds anglo-saxons | Les Echos