Il faudra attendre le début de l’année 2018 pour connaître la production réelle de vin dans le monde. Les vendanges ne sont pas terminées partout dans l’hémisphère nord. C’est notamment le cas en Chine, un acteur non négligeable qui s’est hissé au septième rang des producteurs de vin en moins de vingt ans.

Néanmoins, sans prendre grand risque, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) prévoit une récolte historiquement basse cette année, autour de 246,7 millions d’hectolitres, soit un recul de 8,2 %. Il faut remonter à 1961 et 1956 pour trouver des niveaux aussi faibles.

A ces différentes périodes, c’était déjà la météo qui était en cause, précise Jean-Marie Aurand, le directeur général de l’OIV. De là à conclure que le changement climatique est une vue de l’esprit, il n’y a un pas que l’OIV ne franchit pas. « Il y a toujours eu des accidents climatiques. En revanche, ce qui a changé avec le réchauffement c’est l’ampleur et la fréquence des problèmes de cet ordre », a estimé Jean-Marie Aurand.

L’Europe de l’ouest lourdement pénalisée

Les viticulteurs de l’Europe de l’ouest sont bien placés pour le savoir, après des gelées et une sécheresse exceptionnelles cette année. Les trois plus grands producteurs de vin – Italie, France et Espagne – accusent des baisses de récolte exceptionnellement sévères, avec respectivement -23 %, -19 % et -15 %.

Certains vignobles ont beaucoup plus souffert encore. C’est le cas du Bordelais, où près de la moitié du raisin a été perdu. La Charente, le Jura, l’Alsace, le Languedoc Roussillon, la Vallée du Rhône : toutes les régions ont aussi subi des dégâts, à l’exception de la Bourgogne, après toutefois deux mauvaises années. L’Allemagne aussi affiche une récolte en retrait. En revanche, le Portugal et la Roumanie ont sauvé les meubles.

Mieux hors Europe

Hors Europe, trois grandes régions ont fait de bonnes vendanges. C’est le cas des Etats-Unis, quatrième producteur mondial, qui enregistre une récolte en très léger retrait malgré les incendies qui ont ravagé la Californie. « Le raisin était rentré lorsque ces sinistres se sont déclarés. Les vignobles et les chais ont été épargnés », a précisé le directeur général de l’OIV.

Autre poids lourd, l’Australie (au cinquième rang mondial) a très bien tiré son épingle du jeu avec une récolte en hausse de +6 %. L’Afrique du sud fait partie des heureux avec une hausse de +2 %. En Amérique du Sud, la tendance est plutôt à la hausse, hors Chili (-6 %). Après une mauvaise année 2016, l’Argentine, (sixième mondial) bondit de 25 % sans toutefois rattraper le niveau de 2015. Fortement pénalisé en 2016 par les aléas climatiques, le Brésil a quant à lui vu sa production croître de 169 % cette année.

Pas de pénurie de vin

Le monde ne manquera pas pour autant de vin. Les stocks sont suffisants pour suppléer aux déficits enregistrés cette année. A fin juillet, ils étaient de 54 millions d’hectolitres, soit un niveau un peu supérieur à 2016, selon France Agrimer.  L’OIV s’est refusé à apprécier l’impact de la petite production sur les prix . Le chiffre d’affaires mondial en 2016 équivalait à 75 milliards d’euros