Les ventes du vin pétillant italien ont bondi de 45 % en douze mois en France. Mais ce vin ne totalise encore que 3 % des effervescents vendus par la grande distribution.

Plus aucun barman en France n’ignore ce qu’est le Prosecco, ce vin pétillant italien qui sert à faire le Spritz, un cocktail à la mode depuis quatre ans. Au Royaume-Uni, les ventes de prosecco ont même dépassé celles du champagne il y a déjà deux ans. Et les plus grands groupes français, qu’il s’agisse de Castel, de Rothschild ou de Grands chais de France en distribuent. En France, c’est d’ailleurs, avec un bond de 45 % des ventes sur douze mois à fin septembre (selon IRI), la plus forte progression (et de très très loin) dans la catégorie des vins à bulles – tant en volume qu’en valeur -, dans un marché atone.

Il y a incontestablement un phénomène Prosecco, porté par un vrai savoir-faire italien en matière de marketing et par l ‘effet Spritz , selon IRI. La vogue des bulles a fait le reste . Pourtant, malgré sa réelle notoriété et son exceptionnelle progression, le prosecco ne représente encore que 3 % des ventes en volume (2,2 % en valeur) de vins pétillants, champagne inclus, commercialisés en France. Et le premier vin à bulles étranger en France demeure le cava espagnol, qui a encore progressé de 11 % sur douze mois.

La course est engagée entre les deux rivaux, mais l’écart est encore de 2 millions de bouteilles, soit 1,2 point de part de marché. Réunis, les quatre effervescents italiens vendus en France – Prosecco, Lambrusco, Asti spumante et Moscato spumante – se placent devant le Cava, seul espagnol sur ce segment avec 5 % du marché en grande distribution.

Recul des pétillants français

Reste que les pétillants français sous appellation ont du souci à se faire face à l’offensive italienne. Même si les Saumur, Touraine, Vouvray, Clairette de Die et autres Blanquette de Limoux disposent d’une avance confortable en termes de parts de marché (avec un peu moins de 10 %), toutes ces appellations perdent du terrain. Sur douze mois, les reculs sont impressionnants : de -1,4 % pour la clairette à -12 % pour la blanquette ou -8 % pour le vouvray. Les crémants tirent un peu mieux leur épingle du jeu (Loire et Bourgogne), exception faite du crémant d’Alsace, en recul de plus de 3 %.

La faible récolte de vin en Italie cette année, suite aux épisodes de gel et à une sécheresse exceptionnelle, vont sans doute limiter la concurrence italienne en 2018. En revanche, le phénomène prosecco perdurera, selon Eric Marzec, le spécialiste du vin chez IRI. « Le prosecco a pour lui d’être pour plus de moitié consommé sous forme de Spritz. Il est plus moderne et plus jeune que les vins à bulles français », estime-t-il. Nettement plus cher que le cava espagnol (5 euros la bouteille), il reste néanmoins très accessible, à 8 euros en moyenne.