Le groupe de champagne, de cognac et de vin veut acquérir ­de nouveaux domaines en France ou à l’étranger. Il va prendre le contrôle des cognacs Delamain.

La société Jacques Bollinger (SJB), surtout connue pour ses champagnes, se porte bien. A peine endetté, le groupe ultradiscret, qui est toujours à 100 % aux mains de la famille fondatrice d’origine allemande, se félicite d’enchaîner « les très bonnes années ». Au point de penser acquérir de nouveaux domaines. En champagne ou en vins tranquilles, en France ou à l’étranger. A condition que des vignes soient attachées à la prochaine cible.

Pour le groupe, qui est, avec 170 hectares en Champagne, un des plus gros propriétaires fonciers de la région, c’est une condition sine qua non. « La propriété des vignes c’est la garantie de la qualité d’un terroir, de l’authenticité et de la traçabilité de plus en plus réclamée », dit Etienne Bizot, le nouveau PDG. Dans l’immédiat, SJB va monter au capital d’ une des plus anciennes maisons de cognac, Delamain et en prendre le contrôle majoritaire. Fondée en 1759, à Jarnac, par des huguenots venus d’Irlande, Delamain élève et vieillit des cognacs jugés de grande qualité par les amateurs.

Fraîchement nommé PDG de SJB par le conseil d’administration pour remplacer Jean-Marc Courau, Etienne Bizot est chargé de veiller à la croissance externe. Membre de la famille, il a passé vingt-six ans dans les différentes sociétés de SJB, dont les cinq dernières années à la direction générale. Autant dire qu’il a toute la confiance des actionnaires, par ailleurs très soudés. Il s’est adjoint les services de Jérôme Philippon, l’actuel patron de la maison de champagne Bollinger, désormais directeur général délégué du groupe.

La voie de la diversification

La dernière acquisition du groupe, les champagnes Ayala, remonte à 2005. Pour les dirigeants, l’heure est venue de se mettre sur les rangs des acquéreurs et d’élargir l’offre de SJB. « Les importateurs apprécient la diversité d’une gamme », explique Jérôme Philippon. La société s’est engagée dans la voie de la diversification dès 1973 en acquérant Langlois-Château, réputé pour ses sancerre et ses crémants. En 1999, elle a acheté le domaine bourguignon Chanson. Elle exploite 40 hectares en Bourgogne et 33 hectares dans le Sancerrois. Toutes propriétés réunies, le chiffre d’affaires consolidé a atteint 140 millions d’euros en 2016, dont 83 millions d’euros pour la seule maison Bollinger et 14 millions pour Ayala. « Nos ventes de champagne se sont beaucoup développées. En 2015, nous avons fait une année record grâce à une vaste opération de communication liée à James Bond. En 2016, nous avons légèrement augmenté nos ventes dans un contexte où les expéditions de champagne reculaient de – 2 à – 3 % », ajoute Jérôme Philippon. Le directeur général du groupe table sur une nouvelle bonne année en 2017, malgré le Brexit de son plus gros client, le Royaume-Uni, et l’impact de la dévaluation de la livre sterling. Bollinger, qui facture en livres, n’a pour l’instant pas perdu de volumes outre-Manche. « Nous avons augmenté nos prix de 5 %, ce qui est loin de couvrir la dévaluation. En revanche, nous nous attendons à un recul de nos ventes en volume de ce fait . » Recul que Bollinger prévoit de compenser par une hausse des ses exportations en Espagne, en Italie, au Japon et aux Etats-Unis, ses autres marchés clefs.