Vins et spiritueux : les exportations françaises victimes du pouvoir d’achat

Les exportations de vins et spiritueux ont fortement chuté en 2023, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux. L’excédent commercial recule de la deuxième à la troisième place, derrière les parfums et les cosmétiques.

Le cognac est le produit qui a le plus pesé à la baisse sur le bilan des exportations françaises de vins et spiritueux en 2023. (Shutterstock)

C’est un peu la douche froide. La pépite que représente historiquement l’exportation des vins et spiritueux pour la France s’est brusquement ternie avec la baisse des revenus des consommateurs en 2023.

Les expéditions dans le monde de flacons tricolores ont reculé de 10,4 % en volume à 174,5 millions de caisses et de 5, 9 % en valeur à 16,2 milliards d’euros, selon les chiffres présentés dans le cadre du Salon Wine Paris & Vinexpo qui se tient dans la capitale jusqu’au 14 février. La chute des volumes est « un point de préoccupation important » pour la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), même si, en fin de compte, « 2023 est la deuxième plus grosse année en valeur de notre histoire », précise son président Gabriel Picard.

Chute du cognac

Les vins ont moins chuté (-9,4 %) que les spiritueux (-13,3 %) en volume, mais « c’est leur plus bas niveau depuis 2009 », souligne le président de la FEVS.

En valeur, les vins ont progressé de 3,5 % tandis que les spiritueux ont perdu 12,1 %. Côté produits, c’est le cognac qui a le plus fait défaut au bilan annuel, en raison de son poids (30 %) dans le total des exportations de spiritueux. Mais tous les alcools ont fléchi à deux chiffres en volume. De même pour les vins, y compris le champagne (-11 %).

Le poids des Etats-Unis

Résultat, cette machine à cash qui a toujours tiré la balance commerciale agroalimentaire est rétrogradée, en termes d’excédent commercial, de la deuxième à la troisième place, très loin derrière l’aéronautique et un peu après l’ensemble parfums et cosmétiques.

« L’inflation, initialement liée à l’explosion du coût de l’énergie, a affecté tous les marchés », explique Gabriel Picard.

A y regarder de plus près, on voit que ce sont les Etats-Unis qui ont le plus lourdement pesé (-22 % en valeur) dans la balance. La FEVS y voit deux raisons – l’impact de l’inflation et les conséquences du surstockage opéré par les importateurs américains pendant la crise du Covid.

« Les importateurs ont été portés par l’euphorie d’un boom inattendu de consommation en 2021-2022, et ils ont plus acheté par crainte d’éventuelles difficultés d’acheminement. » La fin des aides gouvernementales au revenu des Américains a aggravé le tout.

Les Etats-Unis restent le premier marché

Les Etats-Unis, qui sont le plus gros marché au monde pour les vins et spiritueux et le plus rentable , restent malgré tout le premier client de la France en 2023 avec des achats de 3,6 milliards d’euros. Ils ont totalisé à eux seuls 22 % de la valeur des exportations de vins et spiritueux et 17 % des volumes.

Même tendance du côté du Canada, si bien que l’ensemble de la destination Amérique du Nord est à la baisse d’un cinquième. Les ventes au reste du continent américain se sont plutôt bien comportées, malgré des tensions logistiques. Premier marché de la zone, le Brésil affiche une hausse de 7 %.

Ralentissement chinois

Le ralentissement de l’économie chinoise a lui aussi eu un effet sur les exportations de vins et spiritueux françaises, qui ont fléchi de 6 % à 1,2 milliard d’euros.

Après avoir tiré parti des tensions entre Pékin et Canberra pendant deux ans, « les ventes de vins français ont souffert de la hausse des prix », note la FEVS et chuté de 20 % à 400 millions d’euros. A l’inverse, les spiritueux ont bénéficié de la réouverture des lieux de consommation . Ils ressortent en hausse de 3 % à 790 millions d’euros. Singapour, en augmentation de 20 % à plus d’1 milliard d’euros, est devenu la quatrième destination pour la France. En fin de compte, et malgré la baisse des ventes au Japon, l’Asie dans son ensemble a dépassé les Etats-Unis avec 4 milliards d’euros d’importation (+1 %).

Bilan positif (+1 % à 4,3 milliards d’euros) pour l’Union européenne, qui absorbe un quart des expéditions de vins et spiritueux de la France. L’Allemagne et la Belgique, stables, demeurent en tête, malgré le bond des achats de l’Espagne (+12 %) et de l’Italie (+4 %).

La FEVS se veut « optimiste » pour 2024 mais rappelle que « les taxes Trump ne sont qu’en suspens » .

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

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