Vins : l’année noire du prosecco

Les vendanges du célèbre vin pétillant italien souffrent de conditions climatiques difficiles et d’un manque de main-d’oeuvre qui feront chuter la production. De quoi faire retomber l’effervescence de tout le secteur viticole transalpin.

Le prosecco est éventé. A la veille des vendanges 2023, le quotidien « La Repubblica » déplore une véritable « année noire » pour le produit phare du secteur agroalimentaire Made in Italy. Ou plutôt Made in Vénétie, la région d’origine de ce vin blanc pétillant produit dans le nord-est de la péninsule et dont les ventes dépassaient ces dernières années celles du champagne.

L’ivresse de ce véritable miracle viticole risque de retomber. « On ne trouve plus de travailleurs », explique « La Repubblica ». « Il en faudrait entre 3.000 et 5.000 pour les vendanges, mais les entreprises ont du mal à recruter. » Un véritable obstacle pour les récoltes d’un vignoble de plus de 28.000 hectares récemment classé patrimoine mondial de l’Unesco. Sur environ 7.000 hectares de vignes, les machines ne peuvent pas passer et la récolte doit être effectuée à la main. Mais le salaire horaire de moins de 7 euros, contre plus de 10 dans le secteur des transports ou du BTP, n’aide pas le recrutement.

Une moindre teneur en alcool

Un problème de main-d’oeuvre qui se double d’un problème climatique. Les vignobles ont été successivement frappés cet été par la grêle et des températures records. Lorsqu’elles sont supérieures à 35 degrés, le raisin ne peut développer le taux de sucre suffisant pour une vinification optimale. La teneur en alcool du prosecco cuvée 2023 passera ainsi de 9 à 8,5 %. « C’est la troisième baisse seulement depuis un demi-siècle », constate un producteur interrogé par le quotidien italien. « Ce sera une année horrible pour le prosecco et la pire vendange des quarante dernières années. »

Le prosecco, avec ses près de 640 millions de bouteilles produites l’an dernier, inondait jusque-là les tables du monde entier, générant un chiffre d’affaires de plus de 3 milliards d’euros. Il était à l’origine d’une effervescence du secteur viticole italien qui risque de se réveiller avec la gueule de bois.

L’Italie doublée par la France

Il ne pourra même pas se consoler avec la fierté du titre indiscuté de premier producteur européen de vin détenu depuis des années devant ses éternelles rivales, la France et l’Espagne. Selon la Coldiretti, principal syndicat agricole transalpin, cette année, la production sera en baisse de 14 %, à environ 43 millions d’hectolitres, la faisant ainsi passer derrière celle de l’Hexagone. L’année 2023 rejoindra ainsi 1948, 2007 et 2017 dans le classement des pires millésimes du vignoble italien.

Par Olivier Tosseri (Correspondant à Rome) – A retrouver en cliquant sur Source

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