Vins pétillants : les bulles étrangères à l’assaut des rayons français
Dans les étalages des grandes surfaces, le champagne a souffert des confinements. Les autres pétillants aussi, à l’exception du prosecco italien qui surfe sur la vague du spritz. Il domine largement son segment de marché depuis sept ans.
Les flûtes des Français débordent de prosecco. Le vin pétillant italien domine, en dynamique, les ventes des rayons effervescents. L’année 2020 a été une exception, avec ses confinements, qui a pesé sur le champagne. L’interdiction de recevoir a freiné les achats. Pour autant, les autres vins à bulles n’ont pas profité de ce trou d’air, à l’exception du prosecco. Selon Nielsen, les ventes de champagne ont baissé de 4 %, celles des effervescents d’autant, quand les bulles étrangères, dont le breuvage transalpin, ont bondi de 8 %.
Les chiffres de l’autre panéliste, IRI, sont aussi frappants. La société d’étude donne un marché stable entre avril 2020 et avril 2021, avec une chute de 26 % des productions françaises et un jaillissement de 30 % des vins italiens. « Vive le spritz ! » commente l’analyste Emily Mayer, en référence au cocktail à la mode qui mélange Apérol et prosecco.
Un effet prix
« Ce n’est plus une mode car cela dure depuis sept ans », commente Audrey Sonnendrecker, la directrice des vins et effervescents de Carrefour. « C’est un marché hyperdynamique », ajoute-t-elle. Sa progression a encore été de 15 % au premier trimestre, même si les champagnes ont redressé la tête (+12 %). La professionnelle souligne l’effet spritz, mais aussi le rôle des prix : 4,50 euros en moyenne dans une grande surface pour le prosecco, contre 15 euros (après promotions) pour un champagne.
Fort de ce succès, Carrefour teste dans son hypermarché de Chambourcy un espace spécifique dans ses rayons. Les producteurs de prosecco essaient, eux, de transformer l’essai en distribuant cette année un rosé que la réglementation de l’appellation interdisait jusqu’à présent. Une façon de s’émanciper du spritz et de monter en gamme.
Groupes français
Reste que dans les supers et hypermarchés, la victoire du prosecco sur les crémants de Loire ou d’Alsace ne fait pas que la fortune des entreprises italiennes. Les géants français ont acheté des vignes de l’autre côté des Alpes et en produisent en masse, à l’instar du groupe Castel ou des Grands Chais de France.
Aussi, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les petits récoltants italiens ou les productions locales qui triomphent et font la joie des apéros tricolores. Quant aux autres pétillants français qui ne sont pas du champagne, ils souffrent de l’absence de marques connues et d’un marketing déficient. « Le spritz se répand parce que les campagnes de publicité qui font sa promotion foisonnent », résume Audrey Sonnendrecker.
Article de Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur Source