Vins sans alcool : une vague qui enfle dans le monde entier

De nouvelles tendances s’affirment nettement dans l’univers du vin. Un nombre grandissant de consommateurs dans le monde, surtout jeunes, préfèrent les vins « No/Low » sans alcool ou faiblement alcoolisés, selon IWSR.

Les attentes en matière de vin sont en pleine révolution. « En France, on continue à penser production avant de penser commercialisation. Résultat l’offre n’est plus en adéquation avec la demande. Les vins rouges délaissés aujourd’hui sont ceux qui se consomment à température ambiante. A l’inverse, nous manquons de rouges qu’on peut mettre en glace, comme certains vins d’Alsace ou de Loire », décrit Michel Chapoutier, un des négociants les plus connus de la Vallée du Rhône.

De nouvelles tendances voient le jour. Parmi les plus marquantes observées depuis quelques années, le no/low, qui désigne les vins sans alcool ou très faiblement alcoolisés, capte « un nombre grandissant de consommateurs ».

Le poids des jeunes

Les jeunes âgés de 18 à 25 ans « jouent un rôle prépondérant dans cette évolution », selon le baromètre Sowine/Dynata à l’issue d’une enquête menée en décembre 2022 sur un échantillon de 1.032 personnes. Cette tranche d’âge représente 44 % des consommateurs de No/Low.

La tendance se déploie aussi aujourd’hui sur les tables des restaurants étoilés et « aucun pays n’y échappe », selon les dirigeants de Wine Paris. « Ceux qui ne s’adapteront pas disparaîtront », prévient Rodolphe Lameyse, le directeur général du salon.

Même certains grands domaines se sont lancés dans le vin sans alcool. Coralie de Boüard, présidente du conseil de surveillance de château Angélus, premier grand cru classé en Saint Emilion, a entrepris de produire ce genre de vin, depuis deux ans, pour répondre à une demande des propriétaires qataris du Parc des princes.

Incitations des gouvernements

Curieusement, la France, premier producteur et premier consommateur de vin dans le monde, est en tête de la demande de vin sans alcool avec l’Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas. Pour le vin à faible teneur en alcool, les plus gros consommateurs sont la Norvège, les Etats-Unis, et les Pays-Bas.

Certains gouvernements encouragent les consommateurs à opter pour des vins à faible teneur en alcool. Au Royaume-Uni, les pouvoirs publics autorisent désormais la désalcoolisation de vin en vrac. Une mesure qui pourrait faire se multiplier les alternatives aux boissons alcoolisées.

Au cours des douze derniers mois, les ventes de boissons faiblement alcoolisées et non alcoolisées dans les magasins britanniques Waitrose ont progressé de 20 %, avec la bière en fer de lance. Cette augmentation est jugée tellement significative que l’enseigne a décidé d’augmenter de 60 % la surface dédiée à cette catégorie.

En Australie, le gouvernement a accordé une subvention de 4 millions de dollars destinée à favoriser la qualité et l’innovation sur le marché en plein essor des vins à faible teneur alcoolique ou sans alcool.

Bars sans alcool

Partout de nouveaux concepts de bars sans alcool font leur apparition de Liège, à Londres, à Dublin, San Francisco, New York ou Chicago. Les seuils d’étiquetage des No/low varient selon les pays.

Au Royaume-Uni, il est de 0,05 % de teneur en alcool, mais le ministère de la Santé a lancé une consultation sur son relèvement à 0,5 %, qui lui permettrait de s’aligner sur des nombreux pays dont l’Australie, les Etats-Unis ou encore le Danemark.

Le No/Lo ne se limite pas à la sphère des vins. Dans les spiritueux c’est la croissance la plus rapide de toutes les catégories, y compris plus rapide que l’agave ( tequila et mezcal) avec une accélération moyenne annuelle supérieure à 100 % entre 2017 et 2022, précise-t-on chez Pernod-Ricard. En 2022 la croissance était de 17 % en France et de 33 % au global, selon IWSR.

Marché dynamique

Le marché mondial du no/Lo a dépassé les 11 milliards de dollars en 2022. Il a augmenté de 7 % en volume sur les dix marchés clés parmi lesquels l’Australie, le Brésil, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Afrique du Sud, précise l’institut IWSR… Aux Etats-Unis, entre août 2021 et août 2022, les ventes totales de boissons sans alcool ont bondi de 21 % à 395 millions de dollars sur douze mois.

Les consommateurs de No/low ne sont pas des abstinents. En tout cas pas tous. Selon IWSR, 78 % d’entre eux boivent aussi de l’alcool. Le no/low correspond la plupart du temps à un voeu de sobriété ponctuel, pour des raisons de santé ou de budget, après avoir fait du sport ou pendant une grossesse. La question religieuse a aussi son importance.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

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