2018, année morose pour la restauration

Le mouvement des « gilets jaunes » s’ajoute à divers facteurs qui ont affecté la restauration à table cette année : météo, grèves, Coupe du monde de football. La restauration rapide fait, elle, preuve de vitalité.

La restauration commerciale aborde la période des fêtes, moment clef pour le secteur, en petite forme. Après les intempéries du début de l’année (neige puis inondations), les  turbulences printanières dans les transports  − grèves à la SNCF et à Air France −, la Coupe du monde de football et son traditionnel impact, la canicule de l’été, les professionnels connaissent un automne « compliqué » avec le mouvement des « gilets jaunes ». Et ce dernier pourrait peser sur l’activité jusqu’à la fin de l’année.

Ouvertures

« Je m’attendais à un bon mois de décembre jusqu’au 17 novembre [premier samedi avec manifestation à Paris des « gilets jaunes », NDLR]. Depuis, c’est compromis, confie ainsi le président du directoire de Léon de Bruxelles, Laurent Gillard. Après deux belles années pour nous, 2018 ne sera pas un bon millésime ». Le spécialiste de la formule moules-frites devrait enregistrer un volume d’affaires annuel « légèrement négatif » à périmètre comparable. La baisse constatée à Paris et en Ile-de-France (-3 % à fin octobre) est pour partie compensée par sa croissance en province.

Globalement, la déléguée générale du Syndicat national de la restauration thématique et commerciale (SNRTC), Agnès Théodose, le confirme : « 2018 n’a pas été l’année espérée ». La responsable de cette organisation qui réunit 1.700 établissements, soit près de 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 37.000 salariés, constate que « la croissance des chaînes est tirée par les seules ouvertures de nouveaux établissements. »

Restauration rapide

Pour autant, certaines enseignes tirent leur épingle du jeu dans cet environnement morose. Repris en juin 2017 par Groupe Bertrand,  dans le cadre du rachat de Groupe Flo, Hippopotamus se redresse spectaculairement. La relance, menée par son nouveau directeur général Philippe Héry, porte ses premiers fruits. La croissance des ventes a été de plus de 3 % sur les neuf premiers mois de l’année. Tout l’enjeu est désormais de la conforter avec le déploiement du nouveau concept de restaurant.

Del Arte, la chaîne de restauration italienne de Groupe Le Duff, affiche de son côté une hausse de son activité de 2,5 % (à périmètre comparable) pour les dix premiers mois de l’année. « Nous sommes deux à trois points au-dessus du marché », précise Antoine Barreau, le directeur général Restauration de Groupe Le Duff (avec aussi Brioche dorée, Fournil de Pierre, Bruegger’s, Tablapizza). Il déplore néanmoins l’impact du mouvement des « gilets jaunes » qui va « coûter 1,7 point de croissance en novembre », indique-t-il.

Moments hors repas

Mais, d’une manière générale, c’est surtout la restauration rapide qui fait office de locomotive sectorielle. Selon le groupe d’études NPD, le marché de la restauration hors domicile (RHD, y compris la restauration collective) progressait de 1,1 % en fréquentation à fin septembre sur douze mois glissants, soit 105 millions de visites supplémentaires pour environ 10 milliards au total. La restauration rapide contribue pour plus de 50 % à cette hausse, avec une croissance de 1,6 %. Le succès du burger ne se dément pas.

Cette vitalité se traduit aussi en valeur, précise NPD : le ticket moyen du fast-food augmente de 1,4 %. Au bout du compte, les dépenses totales des consommateurs dans ce type de restaurants se sont accrues de 3 % (à 18 milliards d’euros). La restauration à table, quant à elle, reste stable en termes de fréquentation, le ticket moyen s’affichant en légère hausse de 0,6 %. « Les difficultés du segment proviennent notamment de la contre-performance des cafétérias, en difficulté depuis plusieurs mois », analyse Maria Bertoch, spécialiste de la restauration chez NPD.

Pour l’ensemble de la RHD, le ticket moyen a crû de 0,5 %, à 5,60 euros, pour un chiffre d’affaires global de 56,1 milliards, en hausse de 1,6 %. « Ce sont les moments du hors repas − le matin et l’après-midi − qui tirent la croissance contribuant aux visites additionnelles », conclut l’experte.

Source : 2018, année morose pour la restauration – Tourisme – Transport