Le distributeur a tenu ses objectifs de résultats. Son endettement reste son talon d’Achille. Les réseaux de magasins achèvent leur rénovation.

« Le travail d’assainissement est derrière nous ». Jean-Charles Naouri a estimé lors de la présentation des résultats annuels ce jeudi que Casino était en ordre de marche. « Le groupe s’appuie désormais en France sur trois enseignes très rentables », a expliqué le PDG qui a précisé que Franprix et Casino Supermarchés affichaient la même rentabilité – hors loyers – que la pépite Monoprix.

Le groupe a, par ailleurs, réduit d’un point sa base de coûts en 2017 grâce à des économies sur les achats non marchands (gardiennage, nettoyage, etc.) et une drastique réduction des effectifs au Brésil. Les effectifs de la branche alimentaire de Grupo Pao de Açucar ont fondu de 21 % dans la logistique et de 18 % dans les hypermarchés, soit un total de 13.000 suppressions de postes… En France,  la surface des hypers Géant a été réduite de plus de 6 % en moyenne en quelques années.

Une récurrence à prouver

Le résultat opérationnel courant progresse de 20 %, à 1,124 milliard d’euros, à taux de change réel (+16,7 %, à 1,2 milliard à taux de change constant). Le ROC de la France gagne une cinquantaine de millions, à 556 millions, celui des filiales latino-américaines s’améliore de 175 millions, à 713 millions. Cdiscount a lui doublé sa perte opérationnelle, à 27 millions. Le résultat net normalisé part du groupe s’établit à 372 millions, en hausse de 9 %.  Casino a atteint sa prévision revue à la baisse de janvier.

Le cours du distributeur a perdu 3,66 % en Bourse dans un marché en hausse. Certains analystes ont jugé la présentation des résultats peu lisibles. « Les chiffres bruts sont plutôt en ligne avec les attentes, mais incluent de nombreux éléments dont la récurrence reste à prouver », a déclaré, par exemple, Grégoire Laverne, gérant de Roche-Brune AM, à l’agence Reuters. Le débat porte sur des crédits fiscaux intégrés au résultat, notamment au Brésil. Le résultat opérationnel courant n’atteint que 1,08 milliard si on les exclut. Un écart de 200 millions d’euros. Quant au résultat net publié, part du groupe de l’ensemble consolidé, il s’effondre de 2,6 milliards à 120 millions.

Montée en gamme

« Au Brésil, les taxes qui s’apparentent à la TVA font l’objet de nombreux contentieux. Nous avons dû attendre des décisions de la Cour suprême avant de les intégrer à nos comptes », explique Antoine Giscard d’Estaing. Le directeur financier ajoute que la filiale Grupo Pao de Açucar dispose par ailleurs d’un actif potentiel en crédits fiscaux de l’ordre de 400 millions d’euros, qui n’a pas été comptabilisé à ce jour et qui pourra être reconnu au cours des prochaines années en fonction des modalités d’application d’une décision juridique.

Casino tire profit sur le plan du chiffre d’affaires de la rénovation de son front de vente. Les ventes 2017 du groupe ont progressé de 3,2 % en organique, à 37,8 milliards d’euros. L’Amérique latine a été (+6,4 %) plus performante que la France tout juste stable (+0,1 %), en raison du passage en franchise de nombreux petits magasins et d ela fermeture de 20 Leader Price. Monoprix, Franprix et Casino Supermarchés affichent cependant des croissances respectives à périmètre comparable de 2 %, 1,3 % et 1,5 %. Franprix et Casino Supermarchés ont monté leur concept en gamme, en mettant l’accent sur les rayons à service, les fruits et légumes ainsi que le bio.

Cash and carry

Au Brésil, c’est le cash and carry qui est le format gagnant. Il offre les prix bas dont le consommateur a besoin. Assai a ouvert 20 nouveaux points de vente en 2017, dont 15 sont issus de la transformation d’hypermarchés Extra. « Avec 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, Assai est la plus grosse « business unit » du groupe », a résumé Jean-Charles Naouri. Le concept est en cours d’introduction en Colombie.

L’accroissement de la dette du groupe passée de 3,37 à 4,1 milliards d’euros jette toutefois une ombre sur cette dynamique commerciale. Casino est régulièrement attaqué sur son endettement. Les dirigeants ont promis une réduction en 2018 grâce à une hausse supérieure à 10 % du résultat opérationnel courant (hors crédits fiscaux) et à la génération d’un milliard de cash-flows. Jean-Charles Nouari a précisé en outre devant les journalistes que la filiale non-alimentaire brésilienne Via Varejo repartait comme l’économie du pays. Elle est valorisée aujourd’hui à 3 milliards, contre 1 milliard lors de sa mise en vente en 2016. Une poire pour la soif.