Danone : Emmanuel Faber sauve sa présidence mais perd la direction générale

Le conseil d’administration du géant français de l’agroalimentaire a décidé d’une dissociation des fonctions de président et de directeur général. Dans quelques mois, quand le plan Local First aura été lancé et qu’un directeur général aura été trouvé, Emmanuel Faber ne sera plus PDG mais président.

Lâcher du lest pour ne pas se faire emporter. Mis sous forte pression par des fonds qui réclamaient « un changement urgent et nécessaire » à la tête de Danone, le PDG Emmanuel Faber a sauvé en partie sa place.

Le conseil d’administration du géant français de l’alimentation, qui s’est réuni lundi soir en visioconférence à partir de 18 heures, a décidé de dissocier, « sur proposition d’Emmanuel Faber », les fonctions de président et de directeur général. Mais il maintient à l’unanimité sa confiance envers le dirigeant, qui devra en sus mener à bien la stratégie « Local First » qu’il a lui-même dessinée. Les fonds activistes qui réclamaient son départ total et l’abandon du plan stratégique ont fragilisé le dirigeant mais n’ont pas réussi leur coup d’Etat.

La chasse au futur DG

Ce patron humaniste, qui s’est vu confier les pleins pouvoirs en 2017 , ne sera tout de même plus PDG de Danone dans quelques mois. Il deviendra « simplement » président du conseil d’administration, devant confier la gestion quotidienne de l’entreprise à un DG. Ainsi en ont décidé les 15 administrateurs du spécialiste des produits laitiers et des eaux minérales. Il faudra sans doute quelques mois au groupe fondé par Antoine Riboud pour trouver le nouveau directeur général. La chasse est lancée.

Le conseil d’administration a par ailleurs a nommé vice-président Gilles Schepp, l’ancien PDG de Legrand de 2006 à 2018, au même titre que Cécile Cabanis, l’ex-directrice des finances de Danone. Jean-Michel Severino, directeur général de l’Agence française de développement entre 2001 et 2010 devient pour sa part administrateur référent alors que ce poste semblait promis à l’ex de Legrand qui venait de rejoindre le conseil de Danone. Cette nomination prend effet immédiatement. Michel Landel, ancien DG de Sodexo, lui passe donc le relais.

Depuis trois semaines, le patron atypique de Danone, qui s’était fait connaître du grand public par un discours iconoclaste devant les diplômés d’HEC en 2016, plaidant pour la justice sociale, faisait l’objet de critiques virulentes. Le fonds californien Artisan Partners, qui détient 3 % du capital, et l’activiste britannique Bluebell Capital, d’envergure beaucoup plus modeste (autour d’une dizaine de millions investis dans Danone), ont réclamé la désignation d’un nouveau président et d’un nouveau directeur général, dotés d’une « expertise extérieure pertinente ». Ils n’ont pas été entendus par les administrateurs, qui ont cependant accepté de modifier quelque peu la donne et la gouvernance.

850 millions d’euros rendus aux actionnaires

Dimanche, Emmanuel Faber avait déjà annoncé une nouvelle étape de sa revue de portefeuille décidée en octobre dernier. Une opération qui va permettre au PDG de faire remonter 850 millions d’euros auprès de ses actionnaires au travers d’un programme de rachat d’actions. Danone a également conclu un accord pour détenir en direct sa participation au capital du géant laitier chinois Mengniu – pour pouvoir la céder.

Danone rejoint aujourd’hui le clan grossissant des groupes dirigés par un président et un directeur général dissocié. A l’exception des groupes familiaux, la dissociation des fonctions s’impose à des entreprises qui ne juraient auparavant que par l’unicité de commandement. En juillet prochain, L’Oréal se dotera – un exemple parmi d’autres -, d’un directeur général – Nicolas Hiéronimus, 56 ans, actuel directeur général adjoint – et le PDG, Jean-Paul Agon, 64 ans, deviendra président du conseil d’administration.

Article de Laurence Boisseau – A retrouver en cliquant sur Source

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