Danone juge que ses efforts « commencent à payer » 

Sous la houlette d’Antoine de Saint-Affrique, Danone a mis au point depuis deux ans une stratégie qui doit lui permettre d’accroître ses volumes de ventes, en baisse depuis sept ans.

L’horizon se dégagerait-il pour Danone ? « Les efforts mis en oeuvre ces derniers mois ont commencé à porter leurs fruits… et nous voyons poindre des signes prometteurs », affirme Antoine de Saint-Affrique, le directeur général du géant de l’eau et des produits laitiers.

Après dix-huit mois d’efforts, les résultats financiers reflètent les progrès. Débarrassé des éléments exceptionnels négatifs de 2022 mais marqué par le grand retour de l’inflation , le résultat net part du groupe au premier semestre de l’exercice 2023 a bondi de 48 % à plus de 1 milliard d’euros. Le résultat opérationnel courant (ROC) a augmenté de 7,5 %, à 1,7 milliard d’euros.

Relancer les volumes

« Confiant pour l’avenir », Antoine de Saint-Affrique table pour l’ensemble de l’exercice en cours sur une croissance dans le haut de la fourchette entre 4 et 6 %, sûr des avancées que doit permettre son plan stratégique lancé il y a un an. Il s’agit de sortir d’une spirale baissière des volumes qui dure depuis sept ans.

Au premier semestre, la croissance du chiffre d’affaires (6,3 % en publié et +8,4 % en données comparables) à 14,1 milliards d’euros est toujours portée par la hausse des prix – de 9,4 %, celle-ci est même supérieure à ce qu’elle était (+8,7 %) sur l’exercice annuel 2022. Les volumes sont donc encore en retrait (-1 %), mais Danone prévoit des améliorations.

Pour retrouver « une culture de performance », le groupe s’est attelé l’an dernier à une vaste opération de rationalisation de ses gammes dans le monde entier, et tout particulièrement en Europe, où le portefeuille souffre plus qu’ailleurs de son éparpillement.

« Avec moins de produits, nous aurons plus de moyens à consacrer au coeur de gamme », explique le patron de Danone. En Espagne, où les ventes ont pâti d’investissements insuffisants dans les marques, Danone a pris des mesures draconiennes et en a divisé le nombre par trois, de 13 à 5.

L’inflation se tasse

La France va suivre le traitement espagnol avec « un repositionnement des marques et la simplification des gammes », indique le groupe. « Il ne s’agit pas d’abandonner des mètres carrés de linéaires mais de remplacer les références dont la rotation est insuffisante », explique Jürgen Esser, le directeur financier.

Au cours des prochains mois, Danone ne devrait plus autant avoir besoin de jouer la carte de la hausse des prix pour préserver ses résultats, au risque de perdre le consommateur dont le pouvoir d’achat s’est amenuisé avec l’inflation. Le géant du yaourt promet de répondre aux contraintes budgétaires des consommateurs en développant les promotions. Un effort « significatif » a été engagé dans ce sens depuis le début de l’année.

« Cette inflation va se calmer au cours du troisième et du quatrième trimestre », prévoit Jürgen Esser, le directeur financier. Pas sur tous les fronts, mais au moins sur le poste énergie et tout ce qui en découle, dont au premier chef, les transports et les emballages.

« Cela va nous permettre de nous concentrer sur les volumes encore en baisse de 1 % au premier semestre de l’exercice en cours. Nous limiterons le lancement de nouveaux produits, afin de vraiment concentrer nos efforts sur nos offres les plus performantes », dit-il.

La question russe

En revanche, Danone reste très prudent sur l’expropriation de ses usines en Russie par le Kremlin le 16 juillet . Après avoir hésité pendant des mois, le groupe s’était finalement résolu en octobre dernier à chercher un repreneur pour douze des treize sites qu’il détenait depuis l’acquisition du leader laitier Unimilk en 2010. Son objectif était alors de conserver l’usine de nutrition spécialisée, de garder 25 % de l’ensemble du capital et de négocier de retour.

La captation des actifs par Moscou semble recouvrir 100 % de l’ensemble sans que le groupe ne soit en mesure de le confirmer. Le conseil d’administration de la filiale russe a été entièrement renouvelé, et le patron remplacé sans en informer Danone.

La déconsolidation de ces actifs se fera à 100 % à compter du 1er juillet 2023 avec une dépréciation des actifs de 200 millions d’euros en cash. Une charge de 500 millions d’euros sans impact sur les fonds propres résultera de la conversion du rouble en euros. Une première provision de 500 millions d’euros avait été faite en 2022. Le groupe avait alors estimé les pertes liées au départ de la Russie à 1 milliard d’euros.

Performance de Mizone, contre-performance du végétal

Dans les résultats remarquables, on peut noter la croissance de 15 % de l’eau Mizone en Chine, portée par les volumes. La marque a gagné des parts de marché dans cette zone du monde. Les produits d’origine végétale, eux, ont enregistré « un faible trimestre », selon le communiqué du groupe, en Amérique du Nord, où les yaourts, les crèmes à café et l’eau ont performé en revanche.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

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