Danone : les trois défis d’Antoine de Saint-Affrique, le nouveau patron

Nommé directeur général du géant français de l’agroalimentaire à la place d’Emmanuel Faber, Antoine de Saint-Affrique devra apporter des réponses aux critiques adressées par les fonds activistes. Il lui faudra regagner la confiance des investisseurs, mettre en oeuvre le plan lancé par son prédécesseur et concilier performance et image sociale.

La feuille de route qui attend Antoine de Saint-Affrique, le nouveau patron opérationnel de Danone est claire. Elle correspond peu ou prou aux critiques adressées par les fonds activistes ces dernières semaines. Il lui faudra rapidement trouver les voies de la relance dans un environnement obscurci par la pandémie de Covid-19.

Son prédécesseur Emmanuel Faber s’était engagé sur « le retour de la croissance au premier trimestre » de 2021, et sur celui de « la croissance rentable au deuxième trimestre ». La promesse n’a pu être tenue du fait de vents contraires. Le chiffre d’affaires de Danone a reculé de plus de 9,4 % sur un an, à 5, 6 milliards d’euros, au cours des trois premiers mois de l’année, résultat des effets conjugués de la crise sanitaire et des taux de change défavorables.

Tenir la comparaison avec Nestlé

Son successeur devra faire taire les comparaisons avec la concurrence, et notamment avec le leader mondial Nestlé qui a, lui, retrouvé la voie vers des jours meilleurs sous la houlette de Mark Schneider, son patron depuis 2017. Ce dernier multiplie les cessions d’activités peu rentables et les acquisitions relutives.

Ainsi, quand le géant suisse affichait une hausse de 3,6 % de ses ventes et une marge opérationnelle de 17,7 % pour l’exercice 2020, Danone enregistrait un chiffre d’affaires en retrait de 6,6 %, à 23,62 milliards d’euros, et un résultat opérationnel courant en baisse de 13,8 %, à 3,3 milliards.

Relever le cours de Bourse

Les investisseurs ont très lourdement sanctionné le titre, qui a perdu près de 30 % de sa valeur en 2020. Nul doute que la communauté financière aura les yeux rivés sur les actions entreprises par Antoine de Saint-Affrique pour relancer les marques les plus touchées par la crise.

Point noir de Danone, le pôle eau a ainsi connu de « fortes turbulences », a reconnu le directeur financier du groupe, Juergen Esser. La crise sanitaire et la fermeture de certains circuits de distribution ont entraîné une chute des ventes de 16,8 % en 2020. C’est un des métiers où la relance est la plus attendue. Nestlé, de son côté, a cédé les eaux en bouteille locales américaines, jugées trop peu rentables.

Changer de mode de fonctionnement

Il appartiendra aussi à Antoine de Saint Affrique de mettre en oeuvre le plan de réorganisation « Local First » annoncé en novembre par Emmanuel Faber et assorti de la fermeture de 1.850 postes de travail.

La pression sur l’encadrement a fait couler beaucoup d’encre et pourrait se traduire par des départs qui ne sont pas inclus dans cette restructuration. Le besoin d’une forme d’apaisement s’exprime dans les rangs des salariés. Un enjeu délicat sachant que le groupe va devoir changer de mode de fonctionnement en passant d’ une organisation par métiers à une organisation géographique .

L’ultime grand défi est inhérent à l’identité même de Danone qui vise à marier les exigences sociales d’une entreprise à mission et celles d’un groupe coté chahuté par la Bourse, en quête de rentabilité et de meilleur retour pour les investisseurs.

Article Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Danone : les trois défis d’Antoine de Saint-Affrique, le nouveau patron | Les Echos