L’offre de rachat aura été rondement menée. Un mois après avoir prévenu sa cible qu’il voulait la reprendre et dix jours à peine après avoir vu l’information devenir publique, DoorDash est parvenu à un accord pour acquérir son homologue britannique Deliveroo.

L’entreprise américaine, qui détient les deux tiers du marché de la livraison de repas aux Etats-Unis, met 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros) sur la table pour faire tomber dans son escarcelle la plateforme cotée à Londres depuis le printemps 2021. Elle propose 1,80 livre pour chaque action Deliveroo, soit 29 % de plus qu’au 24 avril, veille de l’ouverture de l’offre.

Accès au marché européen

Si le conseil indépendant formé par cette dernière recommande l’opération, il reste à voir la réaction des actionnaires qui avaient été plutôt malmenés après l’arrivée en bourse de la société britannique. Les analystes de Jefferies soulignent que certains trouvent l’offre trop basse et que DoorDash n’a encore reçu des engagements irrévocables que pour 15,4 % des actions.

La plateforme de livraison américaine, qui a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 10,7 milliards de dollars, veut s’offrir un atout de choix pour son expansion internationale. Et a bien ciblé l’objet de sa convoitise. Les terrains d’action des deux acteurs, fondés l’un et l’autre en 2013, ne se recoupent, en effet, pas. Ce qui facilitera la suite vis-à-vis des instances de régulations des différentes zones.

« Le rapprochement avec Deliveroo renforcera la position de DoorDash en tant que plateforme mondiale », se félicitent les deux sociétés dans un communiqué commun. La réunion « des deux entreprises permettra au groupe élargi d’opérer dans des pays dont la population combinée dépasse le milliard d’habitants », soulignent-elles. A elles deux, elles cumulent 50 millions d’utilisateurs actifs chaque mois.

Numéro un dans son territoire d’origine, DoorDash opère dans plus de 30 pays. Plus modeste, Deliveroo n’est plus présent, après avoir réduit la voilure, que dans neuf pays dont son fief, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, le Qatar ou les Emirats arabes unis.

Le rachat intervient, en outre, alors que Deliveroo a pu annoncer pour 2024 son premier bénéfice annuel. De quoi contribuer à rassurer les actionnaires de DoorDash.

L’initiative montre que le secteur est plus que jamais en quête de consolidation. Just Eat Takeaway, basé à Amsterdam, a ainsi fait l’objet en février d’une proposition d’achat de 4,1 milliards d’euros de la part du groupe d’investissement néerlandais Prosus pour créer le « quatrième groupe mondial de livraison de nourriture ».

Désormais, en effet, l’expansion internationale passe essentiellement par des acquisitions. Les différentes zones géographiques sont désormais bien couvertes. Et au vu de la rentabilité du marché, il n’y a la place que pour très peu d’acteurs par pays.