Le salon de l’alimentation Sial (Paris) a illustré les tiraillements de l’agroalimentaire entre l’utilisation créative de technologies innovantes et des ingrédients toujours plus naturels.

En 2050, nous nourrirons-nous de gélules, barres énergétiques bio et solutions lyophilisées à boire ? Au Salon de l’alimentaire Sial à Villepinte (Paris), s’exposait une « food tech » française très créative – même si elle manque de capitaux de développement – proposant des substituts de repas équilibrés pour sportifs ou urbains suractifs.

Pourtant, plusieurs experts préfèrent mettre en avant le retour de la « naturalité » et du sain, et miser sur la microbiotech, notamment à travers l’usage d’aliments « vivants » (levures ou produits fermentés) qui soignent en nourrissant.

La food tech, une nourriture « extra-humaine »

Pour les sociologues et les spécialistes de l’agroalimentaire, le contenu de nos assiettes sera moins « futuriste » que ce que l’on peut imaginer. Malgré la croissance rapide d’une startup comme Feed, qui a lancé une gamme bio de substituts de repas à boire (10 millions d’euros de chiffre d’affaires en deux ans), Xavier Terlet, du cabinet XTC, « ne croit pas une seconde » à la généralisation de ce type de repas.

« C’est un non-produit alimentaire destiné aux gens qui n’ont pas de temps, et qui n’associent pas manger avec plaisir », explique-t-il. « Cela peut avoir un intérêt uniquement en situation contrainte. »

Même son de cloche chez Claude Boiocchi, consultant, philosophe de formation, qui qualifie les produits de ce type de « nourriture extra-humaine » pour des gens qui entretiennent une « mauvaise » relation avec leur corps.

Le triomphe du bio et du naturel

Plus qu’une alimentation sous forme de barres nutritives et de repas liquides, notre assiette risque davantage de contenir… des produits bio et sains. L’envolée du bio, la déferlante des protéines végétales et des légumineuses (lentilles, haricots secs, pois chiche) en remplacement d’une partie de la viande, ont marqué le rendez-vous biennal de la planète alimentation à Villepinte, près de Paris.

Alors qu’une enquête du magazine Que Choisir révélait qu’un quart des additifs alimentaires autorisés en Europe étaient « nocifs », le salon a aussi mis en évidence le besoin de transparence et d’information exprimé par les consommateurs.

De plus en plus d’entre eux utilisent des applications sur smartphone, comme Yuka, pour scanner les étiquettes et obtenir la liste des ingrédients, ou des informations sur l’origine. Un raz-de-marée auquel les industriels sont sommés de répondre.

Les « alicaments » ont la cote

Le salon a également illustré un intérêt croissant des consommateurs pour les fonctionnalités de la nourriture sur le système digestif. L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) parraine une « microbiotech » pointue centrée sur l’entretien et le soin de la flore intestinale. Ces « alicaments » (des aliments qui soignent, ndlr), souvent d’inspiration coréenne, ont le vent en poupe.

Dans ce secteur, toute une famille de produits fermentés et naturels, a été mise à l’honneur, des yaourts aux kefirs (boissons issues de la fermentation du lait avec des levures naturelles) en passant par les kombuchas (boissons acidulées obtenues grâce à des levures avec des thés ou tisanes) ou les kimchi coréens (choux fermentés).