
La France mange toujours autant de viande
Sans avoir diminué depuis 2007, la consommation de viande a considérablement évolué en France. C’est le boeuf qui en a fait les frais. Le porc aussi, mais dans une moindre mesure. Ce dernier reste la première viande consommée, malgré un recul de -7 % des volumes en dix ans. Grande gagnante : la volaille.
Le steak frites et le boeuf au sens large ont beaucoup perdu de leur superbe, détrônée par la volaille, qui est celle qui a le plus profité de l’évolution de la consommation ces dix dernières années. Le porc reste la viande la plus consommée en France.
La consommation de viande en France n’a pas diminué malgré le phénomène vegan . En 2007, les Français absorbaient 85 kilos de viande en moyenne – boeuf, porc et volaille inclus. Soit exactement la même quantité qu’en 2018, selon une étude de France Agrimer fondée sur des données Kantar pour la consommation à domicile et Gira pour la restauration hors foyer.
En revanche, le boeuf a beaucoup perdu de sa superbe, détrôné par la volaille – la viande qui a le plus profité de l’évolution de la consommation ces dix dernières années. Il y a douze ans, on consommait 23 kilos par tête, nous en sommes aujourd’hui à 30 kilos. C’est plus que le boeuf, qui a vu sa portion chuter à 23 kilos par personne l’an dernier (-12 % depuis 2007). Le porc tombe, de son côté, à 32 kilos par personne et par an (-7 %), mais le cochon conserve son premier rang dans l’assiette des Français.
Coups de boutoir
La crise économique et financière n’est sans doute pas seule responsable de la rétrogradation du boeuf – plus cher-, au deuxième rang des viandes consommées en France. La viande bovine a, à vrai dire, opéré un repli sur trente ans assez largement dû à la panique engendrée par la crise de la vache folle . Mais il y a aussi eu les mises en garde médicales sur la tension et le cholestérol, les études établissant un lien entre une consommation importante de viandes rouges et certains cancers, les programmes nutritionnels qui poussent à la consommation de légumes au détriment de la viande rouge, etc.
Reste que le prix des viandes compte toujours énormément dans l’arbitrage des ménages. Les différences sur l’étiquette sont énormes et continue de jouer au détriment du boeuf . Sur les huit premiers mois 2019, le rapport de prix est de 1 à 3 entre le prix moyen du kilo de boeuf (16 euros) et le poulet standard prêt à cuire (5,40 euros), selon Kantar. Entre le porc (8,6 euros) et le boeuf, le rapport est de 1 à 2.
Les morceaux de boeuf à bouillir ou à braiser sont nettement meilleur marché (8,5 euros), mais dans ce cas c’est le manque de temps et les changements d’habitudes culinaires qui travaillent défavorablement. On ne fait pas un pot au feu en rentrant d’une journée de travail.
Les Français mangent plus à l’extérieur
Parallèlement, les Français ont modifié leurs lieux de consommation. On mange de plus en plus à l’extérieur, à la cantine, à la boulangerie ou dans les chaînes de restauration rapide. Au passage, l’élevage français y a beaucoup perdu. Les importations de volaille destinées à fournir ces nouveaux marchés ont littéralement explosé. Une petite moitié de la volaille consommée en France est désormais d’origine étrangère.
« La hausse de la consommation nationale de volaille profite plus à l’importation qu’à la production, constate Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Aujourd’hui, 43 % de la volaille consommée en France est importée. » Et la moitié de cette volaille importée est consommée dans la restauration rapide.
Le leader français de la volaille (LDC) s’est fait fort depuis trois ans de montrer que l’industrie française pouvait reconquérir ce marché et réduire les importations. « Pour l’instant, nous ne sommes parvenus qu’à les stabiliser car la demande augmente plus vite que nous n’avons pu fournir », indiquait Denis Lambert, le patron de LDC, il y a encore quelques mois.
Source : La France mange toujours autant de viande | Les Echos