
La navigation fluviale surfe sur la vague du « slow tourisme »
Pour la deuxième année d’affilée, le tourisme fluvial enregistre de très bons résultats avec, en 2018, 11,3 millions de passagers embarqués et 2,4 millions de nuitées. Deux secteurs entretiennent cette forte dynamique : les croisières fluviales et les bateaux promenades. Le succès de la destination France auprès des touristes étrangers y contribue largement.Le « slow tourisme » est en passe de devenir un véritable phénomène sociétal. Les croisières fluviales en France occupent désormais une place sans cesse grandissante, à tel point que Lyon en est devenu la capitale française.
La France des fleuves et des canaux n’en est pas encore à subir les embouteillages de ses routes terrestres, mais ça pourrait venir. Pour l’heure, elle se satisfait de voir la navigation de loisirs faire montre d’un beau dynamisme. « La croissance du tourisme fluvial est constante depuis plusieurs années, à l’exception du trou d’air de 2016 liés aux attentats. En 2017, une dynamique de rattrapage s’est enclenchée permettant de retrouver les niveaux de 2015. Et en 2018, on a retrouvé les éléments de long terme porteurs de croissance », explique aux « Echos » Thierry Guimbaud, le directeur général de Voies navigables de France (VNF) en commentant les chiffres publiés par l’établissement public, gestionnaire du plus grand réseau européen de voies navigables.
Allier activités fluviales et terrestres
De fait, les activités de loisirs sur les fleuves et canaux de l’Hexagone surfent à la fois sur la vague de ce qu’il est convenu d’appeler le « slow tourisme » et sur l’attractivité de la France pour les touristes étrangers. Dans un contexte général de bons résultats pour l’activité touristique au niveau national en 2018, VNF a enregistré une fréquentation en hausse de 2 % par rapport à celle de 2017, à 11,3 millions de passagers, et un nombre de nuitées en forte progression de 8 %, à 2,4 millions de nuitées. Une performance qui tient largement au retour de la clientèle étrangère, souligne VNF. Celle-ci représente 57 % de la fréquentation toutes filières confondues et jusqu’à 84 % pour la filière des paquebots de croisière.
Par ailleurs, Thierry Guimbaud, qui traduit « slow tourisme » par « tourisme fluvestre » (un néologisme fusionnant fluvial et terrestre), constate qu’aux différentes activités sur la voie d’eau (plaisance, kayak,…) qu’elles proposent, les offres des filières du secteur en ajoutent également le long des fleuves, rivières et canaux, telles que la randonnée à vélo, à pied ou à cheval, et la découverte du patrimoine locale, architecturale ou gastronomique.
Le défi du changement climatique
En volume, les bateaux promenades (connus à Paris comme les bateaux-mouches) représentent l’essentiel du tourisme fluvial, avec 10,6 millions de passagers transportés en 2018, soit 100.000 de plus qu’en 2017, dont 71 % en Ile-de-France. Le nombre de passagers étrangers s’est inscrit en hausse de 7,5 % sur le plan national, avec une très forte croissance de 31,2 % sur les voies d’eau de province. Les croisières fluviales (bateaux de croisière et péniches-hôtels) ont embarqué 463.000 personnes, contre 426.640 en 2017. Quant à la location de bateaux habitables, elle a enregistré 26.000 contrats vendus, contre 25.500 un an plus tôt. Seule la plaisance privée affiche une légère baisse de fréquentation, de 1,2 %.
Avec des acteurs professionnels dynamiques, à l’image de la compagnie alsacienne CroisiEurope , leader européen de la croisière fluviale, ou encore de l’américain Viking Cruise, et des collectivités locales très demandeuses, VNF doit relever un double défi, estime son directeur général : celui de monter des offres commerciales avec des partenaires privés et publics sur et en dehors de la voie d’eau ; et celui de maîtriser les effets du changement climatique, notamment par une gestion de plus en plus fine du niveau d’eau.
Source : La navigation fluviale surfe sur la vague du « slow tourisme » | Les Echos