Le commerce de proximité bousculé par de nouveaux concepts

Le commerce de proximité attise les convoitises. De nouveaux concepts tentent de bousculer les enseignes pour attirer une clientèle à la recherche d’une consommation zéro gaspi, à moindre prix et d’économie circulaire.

Les derniers chiffres du commerce de proximité sont en trompe-l’oeil. Si le nombre de mètres carrés de surfaces alimentaires de moins de 400 mètres carrés a encore progressé de 4 % l’an dernier, selon le baromètre LSA, « les ventes y sont stables voire en légère régression », indique Olivier Dauvers, spécialiste de l’analyse du commerce. Chaque année, continue-t-il, le commerce conventionnel réduit son chiffre d’affaires « de l’ordre de 0,5 à 1 % ».

Les grandes enseignes comme U Express, Carrefour Contact, Franprix, ou Monop’ répondent à cette situation compliquée par un maillage de plus en plus serré du territoire avec de nouveaux modèles parfois très urbains comme les drive piétons.  Carrefour en installe plusieurs à Paris. E. Leclerc commence aussi à se risquer dans la capitale où il ouvre un premier espace de ce type dans le XVIII ème, près de la station de métro La Fourche.

Le filon de Comptoir de Campagne

Portées par les évolutions des modes de consommation qui privilégient de plus en plus le local, l’anti-gaspi, les produits bio, plusieurs jeunes entreprises s’engagent aussi dans le commerce de proximité. Les gagnants seront ceux qui sauront innover. Comptoir de Campagne estime avoir flairé le bon filon . Cette start-up lyonnaise a levé 1 million d’euros l’an dernier et prévoit un second tour de 1,5 million d’euros en 2019. La jeune entreprise possède à ce jour 6 magasins et entend bien multiplier les ouvertures de commerce dans les territoires ruraux – jusqu’à 2.000 habitants – en proposant des offres multiservices et connectées.

« Nos magasins, indique Virginie Hils, la dirigeante, proposent des produits alimentaires de proximité, mais aussi des services de cordonnerie, pressing, retouches, repassages, livraison de gaz, des fleurs, des livres ainsi qu’un salon de thé. » Le tout est complété par un site Internet d’e-commerce. L’offre est très large pour attirer un maximum de clients potentiels.

A Toulouse, vient d’ouvrir le Drive tout nu. L’équipe propose à ses premiers adeptes le zéro déchet. Les produits alimentaires livrés au drive qui privilégie aussi les produits locaux, sont tous dans des emballes réutilisables que le consommateur est invité à ramener. En contrepartie, il bénéficie d’un bon d’achat de 10 centimes d’euro.

Frais d’Ici dans la brèche

« Ces concepts, s’ils sont encore très embryonnaires, dit encore Olivier Dauvers, pèsent inéluctablement sur le rendement des grandes enseignes situées géographiquement proches de ces nouveaux projets. » Surtout, ils ne sont pas pilotés uniquement par des porteurs privés aux moyens financiers limités. D’importants groupes s’engagent dans la brèche. InVivo a créé l’enseigne Frais d’Ici qui jouxte les jardineries Gamm Vert  lui appartenant. 80 % des produits alimentaires proposés chez Frais d’Ici sont issus des productions agricoles des adhérents de la vaste coopérative, principalement ceux situés à proximité de chacun des magasins. Il existe, pour le moment, à peine une dizaine de Frais d’Ici. « 4 vont ouvrir au printemps puis une dizaine d’autres. Notre objectif est d’atteindre 150 à 200 Frais d’Ici dans 5 ans », précise Frédéric Guyot, directeur général adjoint chez InVivo Retail. Le chiffre d’affaires des premières jardineries équipées d’un Frais d’Ici a « progressé de 30 à 40 % », dit encore Frédéric Guyot pour qui dans l’alimentaire « les typologies de clientèles sont de plus en plus segmentées, elles s’orientent vers des modèles ayant un sens ». Frais d’Ici garantit le made in France, le local, la traçabilité.