Le ticket-restaurant, nouveau marqueur de l’inflation alimentaire

Après avoir annoncé la fin de l’utilisation des titres-restaurant pour les produits alimentaires au supermarché fin 2023, le gouvernement a rétropédalé sous la pression des parlementaires qui y voyaient un mauvais signal en pleine période d’inflation. Les Français devraient donc pouvoir continuer à les utiliser pour faire leurs courses en 2024, au grand dam des restaurateurs qui dénoncent un dévoiement du dispositif.

C’est la polémique qui a embarrassé le gouvernement ces derniers jours. Depuis la loi du 16 août 2022, en plus de les dépenser au restaurant, il était possible d’utiliser ses titres-restaurant pour faire ses courses en magasin (farine, pâtes, viande, etc.). Une mesure d’urgence qui avait été prise pour protéger le pouvoir d’achat des Français mis à mal, notamment depuis la crise sanitaire. Aujourd’hui utilisés par 5 millions de salariés, les titres-restaurant sont financés entre 50 % et 60 % par l’employeur, qui bénéficie en échange d’une exonération de cotisation de sécurité sociale.

Le gouvernement avait dans un premier temps envisagé de mettre fin de ce dispositif à la fin de l’année. Mais face à la bronca des parlementaires, la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a fait machine arrière, mardi 14 novembre : « Ça va continuer tout au long de l’année 2024 », a-t-elle annoncé sur la chaîne de télévision M6.

Ces derniers jours, opposition et gouvernement s’étaient mutuellement rejeté la responsabilité d’une telle décision. Il s’agit d’une « mesure socialement dramatique pour des millions de Français pris à la gorge par l’inflation. Cette indifférence à la souffrance n’est plus acceptable », s’est insurgée Marine Le Pen sur le réseau social X. Hadrien Clouet, député LFI de Haute-Garonne a dénoncé « un scandale financier et sanitaire ».

De son côté, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a dénoncé, mercredi, la position attentiste des sénateurs : « C’était une décision du Sénat de l’arrêter au 31 décembre et du gouvernement de le prolonger d’un an. »

Les restaurateurs dénoncent un dévoiement du titre-restaurant

Invité de la matinale de CNews, le ministre s’est même dit ouvert à l’évolution de la règlementation sur le titre-restaurant : « Est-ce qu’il ne faut pas utiliser le ticket-restaurant de manière plus globale pour l’achat des produits alimentaires ? Est-ce qu’il ne faut pas changer cette dénomination qui induit un peu en erreur ? Avec une seule obsession, que ça corresponde aux attentes des gens », a-t-il déclaré.

Des déclarations qui ne passent pas chez les représentants de la restauration, qui dénoncent un dévoiement du titre-restaurant : « C’est une très belle séance de rétropédalage du gouvernement. Je pense qu’il faut arrêter d’appeler ça le titre-restaurant, parce que c’est un titre-inflation […]. Restaurant, c’est pour aller au restaurant, pas pour faire ses courses […]. Les restaurateurs ne sont pas une variable d’ajustement », a critiqué ce matin sur France info Franck Devaux, président de l’UMIH Île-de-France. Selon le syndicat des métiers de l’hôtellerie, « seuls 4  % des titres-restaurant sont utilisés au restaurant » aujourd’hui.

Marqueur de l’inflation

Pour le président du cabinet Gira conseil, Bernard Boutboul, expert de la consommation contacté par France 24, « le titre-restaurant est devenu un marqueur de l’inflation depuis un an et demi, et on en a complètement détourné le sens initial ». Depuis la crise du Covid-19 et la hausse des coûts de l’énergie, les Français sont confrontés à une forte inflation alimentaire.

Selon l’Insee, celle-ci atteint 8 % sur un an en octobre : « Certes, la vitesse d’inflation ralentit, mais la hausse des prix reste très haute », nuance Bernard Boutboul. L’inflation sur les fruits frais et le poisson a même accéléré en octobre. Et le spécialiste de la consommation n’est pas très optimiste pour les mois à venir : « Avec les inondations dans le Pas-de-Calais, les récoltes vont être mauvaises », estime-t-il.

Trois sénatrices LR ont annoncé sur le réseau social X avoir déposé mercredi une proposition de loi au Sénat pour prolonger l’utilisation des titres-restaurant sur les produits alimentaires en 2024. Les titres-restaurant sont utilisés aujourd’hui par plus de 5 millions de salariés pour régler des repas ou des prestations alimentaires auprès de quelque 234 000 commerçants agréés.

Par la Rédaction de France 24 – A retrouver en cliquant sur Source

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