
Le tourisme mondial au sommet de sa forme
L’industrie touristique est entrée dans une phase de normalisation, à des niveaux très élevés. L’année 2025 se présente bien, même si les tensions géopolitiques incitent à la prudence.
Après l’impressionnant rebond post-Covid, l’industrie du tourisme ne redescend pas de son nuage, même si sa croissance s’est normalisée en 2024. L’appétit pour les voyages ne s’est pas démenti, malgré des prix élevés dans l’aérien et l’hébergement.
Une tendance qui s’est logiquement traduite dans les résultats des grands acteurs du secteur. Leader mondial de l’hôtellerie, Marriott a ainsi enregistré un revenu par chambre disponible (RevPar), principal indicateur de l’activité, en hausse de 4,3 %. Son concurrent Hilton a lui aussi réalisé une belle année (+2,7 %), tout comme le britannique IHG (+3 %). Le Français Accor, bien positionné sur les marchés en forte croissance (Europe, Moyen-Orient), a vu son RevPar grimper de 5,7 %.
Les plateformes de réservation en ont également profité, à l’image de Booking.com, qui a publié un chiffre d’affaires de 23,7 milliards de dollars et un résultat de 5,9 milliards, tous deux en nette hausse. Idem pour Expedia, dont les revenus se sont établis à 13,7 milliards et le bénéfice à 1,2 milliard.
Malgré les difficultés rencontrées dans certaines destinations clés, Airbnb a également réalisé un exercice 2024 solide, avec un chiffre d’affaires de 11,1 milliards de dollars et un bénéfice de 2,6 milliards.
Indicateurs au vert
Cinq ans après avoir encaissé la plus grave crise de leur histoire, tous savourent ce nouvel âge d’or, d’autant que l’horizon semble pour l’instant dégagé. « Nous observons que les consommateurs consacrent davantage de budget aux voyages et cela s’avère être une tendance assez persistante. Nous nous sommes demandé pendant un certain temps si cela allait être transitoire, mais en réalité, c’est bien plus fondamental que cela dans les habitudes des consommateurs », souligne Simon Vincent, vice-président exécutif et président Europe, Moyen-Orient et Afrique de Hilton.
« Voyager est l’une des dernières choses que les gens vont arrêter de faire, même lorsque la situation économique ne va pas très bien. Les gens arrêteront d’acheter beaucoup de choses avant d’arrêter d’acheter des voyages, en particulier en Europe », abonde Glenn Fogel, le PDG de Booking Holdings.
De fait, tous les indicateurs sont au vert pour l’année en cours, durant laquelle l’Organisation mondiale du tourisme prévoit une hausse des arrivées de touristes internationaux comprise entre 3 % et 5 %. Même son de cloche du côté de l’Association du trafic aérien international (IATA), qui prévoit de dépasser le cap des 5 milliards de passagers transportés en 2025, tandis que les compagnies devraient réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 1.000 milliards de dollars. Les groupes hôteliers, eux, anticipent une nouvelle hausse de leur RevPar de 2 % à 4 %.
L’Inde, un marché à fort potentiel
Il faut dire que des marges de manoeuvre importantes existent. La reprise en Chine a été plus lente que prévu et n’a pas encore retrouvé ses niveaux pré-Covid. Tandis que l’Inde s’affirme de plus en plus comme un marché à très haut potentiel. « La montée de la classe moyenne est toujours extrêmement importante dans bon nombre de marchés et cette classe moyenne veut voyager. C’est particulièrement évident alors que les Indiens voyagent à l’étranger », note Simon Vincent.
Evidemment, ces perspectives favorables restent à la merci d’événements exceptionnels. « Cette projection initiale retient comme hypothèse que la situation économique mondiale reste favorable, que l’inflation continue de reculer et qu’il n’y ait pas d’escalade des conflits géopolitiques », note d’ailleurs l’OMT. Mais l’industrie touristique, rompue aux crises en tous genres, conserve un certain optimisme : « Les choses pourraient mal tourner à cause de la situation géopolitique, mais elles pourraient aussi s’améliorer. Ce n’est pas quelque chose sur lequel j’ai beaucoup de contrôle, donc je garde espoir », résume Glenn Fogel.
Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/le-tourisme-mondial-au-sommet-de-sa-forme-2151853