Les casinos français sortent la tête de l’eau 

Au sortir d’un exercice 2021-2022 contrasté, le secteur semble avoir tourné la page de la crise sanitaire. Mais quelques motifs d’inquiétude subsistent.

Fortement marqués par la crise sanitaire, les casinos français savourent enfin le retour à meilleure fortune. Leur exercice 2022-2023, commencé le 1er novembre dernier, s’annonce en effet sous de bons auspices, en dépit de l’inflation.

« On est assez surpris de voir des niveaux corrects, malgré le contexte actuel. Il y a une vraie reprise, les gens sont là », selon Romain Tranchant, président du groupe éponyme. « Sur les premiers mois, on observe une fréquentation en hausse de 7 % par rapport à 2019, avec une dépense moyenne similaire. En décembre, on a battu des records », se réjouit quant à lui Laurent Lassiaz, patron du groupe Joa.

Une tendance observée par plusieurs acteurs du marché, dans la continuité d’une reprise intervenue au milieu de la saison précédente. « Le passe vaccinal était une véritable barrière à l’entrée. Mais à partir de mi-mars, nous avons retrouvé une dynamique satisfaisante », souligne ainsi Fabrice Paire, président du directoire du groupe Partouche, qui a renoué avec les bénéfices en 2021-2022 (37 millions d’euros) après deux ans de pertes.

Rapport de force inchangé

De fait, les casinotiers ont vécu une année contrastée. « Le premier semestre de la saison a été entravé par les restrictions sanitaires, le second s’est beaucoup mieux déroulé », résume Philippe Bon, délégué général du syndicat Casinos de France.

Preuve de la vigueur de la reprise, le produit brut des jeux (PBJ) de l’ensemble des casinos a atteint 2,59 milliards d’euros, soit une hausse de 2,9 % par rapport à 2018-2019, selon le Service central des courses et jeux, qui supervise le secteur. « Ce bilan permet de retenir la résilience des établissements de jeux, résilience rendue possible par l’accompagnement de l’Etat, par le dynamisme des acteurs professionnels et par l’attachement des joueurs à l’offre de jeu des casinos », écrit dans son rapport annuel cette antenne du ministère de l’Intérieur.

Le rapport de force entre les différents acteurs, lui, n’a pas vraiment bougé. Toujours leader du marché français, devant Partouche, Joa et Tranchant, le groupe Barrière « a placé cinq de ses établissements dans le top 6 » en termes de PBJ, se réjouit Eric Cavillon, son directeur général des casinos. Les sites d’Enghien-les-Bains, Blotzheim et Toulouse constituent le trio de tête.

Les casinos exposés à la hausse des prix de l’énergie

Globalement, les établissements ont cependant dû faire face à une baisse de la fréquentation, de l’ordre de 15 % en moyenne. En partie due aux restrictions sanitaires, elle semble avoir resserré les rangs autour des joueurs les plus fidèles, ce qui pourrait expliquer que son effet ne se fasse pas sentir d’un point de vue économique.

Le retour à la normale des activités de restauration et de loisirs, essentielles dans l’offre des casinos, a toutefois permis de retrouver des niveaux satisfaisants en fin d’exercice. « Une fois qu’on a pu faire notre métier normalement, le trafic est revenu », souligne Laurent Lassiaz.

Quelques inquiétudes subsistent malgré tout, comme la hausse des prix de l’énergie, à laquelle est particulièrement exposé le secteur. « La principale problématique, c’est qu’il est délicat de réduire la consommation. Les appareils de jeux n’ont pas été faits pour supporter une mise hors tension de manière régulière, tout comme il est compliqué d’éteindre la chambre froide en ce qui concerne la restauration », illustre le dirigeant de Partouche. Impossible, aussi, de répercuter la hausse des coûts sur le prix d’entrée, celle-ci étant gratuite.

Autre problème, et non des moindres : la concurrence des casinos en ligne, illégaux en France mais vers lesquels se tournent de nombreux joueurs. Alors que le phénomène a pu être aggravé durant les confinements, les casinotiers militent toujours pour créer une offre légale sur internet. « Les autorités en sont informées et sont très réceptives », assure Eric Cavillon. D’après certaines estimations, le PBJ des casinos en ligne pourrait dépasser les 2 milliards d’euros, contre 2,6 milliards pour le marché légal.

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant

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