Nestlé fait peau neuve. En réaction aux scandales sanitaires qui ont frappé Buitoni puis les eaux minérales, en particulier Perrier, le géant suisse a décidé à la fois d’alléger ses directions et de les rapatrier en Suisse à Vevey au siège central du groupe. Le temps presse pour regagner « la confiance des investisseurs ».

L’action de Nestlé a perdu 20 % en un an à la Bourse de Zurich et elle baissait encore de 2 % en début de matinée jeudi. Il faut dire que le chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois s’établit à 67,1 milliards de francs suisses en baisse de 2,4 % en publié. Le groupe a revu ses prévisions à la baisse pour l’année 2024 avec une croissance organique des ventes d’environ 2 %, au lieu de 3 % annoncé en juillet et à une marge d’exploitation commerciale sous-jacente d’environ 17 % pour l’année, contre 17,3 %.

« Apporter un élan plus puissant aux initiatives mondiales »

« La demande des consommateurs a fléchi ces derniers mois et nous prévoyons qu’elle restera modérée. Dans cette perspective, nous avons actualisé nos prévisions pour l’ensemble de l’année et attendons une croissance organique des ventes d’approximativement 2 %, correspondant au niveau enregistré au cours des neuf premiers mois », a conclu Laurent Freixe. La prévision antérieure était de 3 %.

En remaniant la structure de l’entreprise dans ce contexte, son nouveau patron Laurent Freixe, successeur de Mark Schneider évincé cet été, veut mettre en place « une collaboration plus étroite entre les membres basés au siège ». Les décisions doivent se prendre plus vite et ainsi « apporter un élan plus puissant aux initiatives mondiales ». Le leader mondial doit impérativement gagner en dynamisme et reprendre des parts de marché.

Pouvoir concentré

Avec cette nouvelle organisation, Laurent Freixe concentre les pouvoirs. « Tous les responsables des principales unités qui stimulent notre performance et notre transformation me rendront compte désormais directement. Cela est crucial », a-t-il commenté. Les missions sont clairement définies. Il faut « se concentrer davantage sur les consommateurs et les clients ». Pour y parvenir, le groupe renouvelle les investissements dans les marques et dans l’innovation. Parallèlement, il met « davantage l’accent sur la transformation numérique de Nestlé en une organisation connectée en temps réel, de bout en bout, alimentée par les données et l’intelligence artificielle ».

Nestlé n’aura désormais plus qu’une seule et même grande direction pour l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Le nouveau directeur Steve Presley sera installé à Vevey. La Zone Grande Chine fera dorénavant partie de l’ensemble Asie, Océanie et Afrique (AOA), sous la direction de Remy Ejel. La Zone Europe continuera d’être dirigée par Guillaume Le Cunff et restera inchangée.

Défiance à l’égard des marques

Sur les neuf premiers mois, « la croissance a été affectée par une faible demande des consommateurs et leur défiance à l’égard des marques internationales, au vu des tensions géopolitiques », a indiqué Laurent Freixe, le patron de Nestlé. Au troisième trimestre, la croissance interne réelle a été affectée négativement d’environ 60 points de base par les mesures prises par les clients pour réduire leurs stocks, principalement dans la région Amériques. L’effet prix a été de 1,6 %, continuant à se normaliser après des augmentations sans précédent au cours des deux années précédentes.

Le café a été le principal contributeur à la croissance, affichant une progression à un chiffre, soutenue par les trois marques de café leaders, Nescafé, Starbucks et Nespresso. Les produits pour animaux de compagnie Purina ont faiblement augmenté à un chiffre. Les ventes de la confiserie ont de leur côté affiché une croissance moyenne à un chiffre, soutenues par KitKat et les principales marques locales. Le chiffre d’affaires de Nestlé Health Science est en hausse modeste. « Le plan de relance est en bonne voie, avec une croissance à deux chiffres au troisième trimestre », souligne Nestlé. La catégorie des eaux a affiché une croissance moyenne à un chiffre, soutenue par la progression continue de S. Pellegrino et par la reprise de Perrier.