Pernod Ricard prouve la force de sa stratégie et de son modèle

Le 12 décembre, Elliott avait publiquement critiqué la gouvernance de Pernod Ricard, son organisation et sa rentabilité. Le géant des spiritueux revoit pourtant à la hausse ses objectifs de croissance.

Deux doses de croissance record, trois doses d’objectifs relevés, un zeste de plan d’économies et une rasade de volontarisme. Tel est le cocktail servi par le PDG de Pernod Ricard jeudi à ses actionnaires, lors de la présentation de ses résultats semestriels. Recette très attendue pour la première sortie d’Alexandre Ricard depuis que le fonds activiste Elliott a annoncé son entrée au capital du numéro deux mondial des spiritueux. Actionnaire à 2,5 %, Elliott a publiquement critiqué, le 12 décembre, la gouvernance de Pernod Ricard, son organisation et sa rentabilité, inférieure à celle du leader mondial Diageo.

«Les résultats des six premiers mois de notre plan à trois ans, “transformer et accélérer”, sont les meilleurs depuis huit ans», souligne Alexandre Ricard après la hausse du chiffre d’affaires (+ 7,8%, à 5,2 milliards d’euros) et de celle du résultat opérationnel (+ 12,8%, à 1,7 milliard). Fort de ces performances, le PDG a relevé à la fois son objectif de croissance de résultat opérationnel pour l’exercice en cours (entre 6 et 8 %) et ses objectifs de croissance à moyen terme du chiffre d’affaires (entre 4 et 7 % par an) et de la marge opérationnelle, qui passera de 27 % en 2018 à 28,5 % ou 28,7 % en 2021.

Pour parvenir à cette hausse de rentabilité, le groupe, qui achèvera en juin avec un an d’avance un plan d’économies de 200 millions d’euros, mise sur un nouveau programme de 100 millions. Il va tailler à la fois dans ses achats, ses budgets marketing et ses coûts de structures (dépenses de voyage, restructuration de sa filiale coréenne…). Pour ambitieux qu’ils soient, ces objectifs restent éloignés des remèdes préconisés par Elliott. Prenant en référence la marge de Diageo (31 %), l’activiste préconise un plan d’économies de 500 millions d’euros. Pernod Ricard assure que ces efforts ne sont en rien un gage à Elliott.

«Nous travaillons depuis un an sur ce plan stratégique à trois ans et nous l’avons finalisé cet été», précise Alexandre Ricard. Ce plan, y compris le projet de réduction des coûts, a été présenté le 23 octobre à la convention des cadres réunis en région parisienne. C’était une quinzaine de jours avant que le fonds n’annonce à Pernod Ricard son entrée à son capital.

«Elliott est l’un de nos actionnaires et nous avons un dialogue avec l’ensemble de nos actionnaires, relativise Alexandre Ricard. Ce n’est pas le seul à dire que nous pouvons mieux faire ; je suis d’ailleurs le premier à le dire.» Si le fonds activiste exige une révolution culturelle et des coupes claires dans les effectifs, le petit-fils de l’inventeur du Ricard insiste sur l’importance de l’ancrage familial du groupe. «Mon plan est un ambitieux plan de croissance, martèle le PDG. Les équipes et les marchés ont besoin d’un message clair et inspirant. On ne peut pas être schizophrène. Mon message depuis trois ans, c’est la croissance.»

Le marché a acheté la croissance, le cours de Pernod Ricard atteignant jeudi son record à près de 150 euros. C’est 8 % de plus que la veille de l’annonce de l’entrée d’Elliott au capital. Reste à savoir si le fonds se contentera de ce gain ou s’il accentuera la pression pour que Pernod Ricard devienne schizophrène…

Source LE FIGARO Par Ivan Letessier

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