
Pourquoi la restauration rapide résiste à l’inflation
Le secteur, qui tient salon, n’a jamais eu autant de points de vente en France et attire de plus en plus d’acteurs, y compris parmi les spécialistes du service à table.
La restauration rapide n’a jamais aussi bien porté son nom. Dans un secteur des repas hors domicile qui n’a globalement pas encore retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, ce segment fait preuve de dynamisme.
Son chiffre d’affaires au 1er janvier atteignait ainsi 23,4 milliards d’euros, en hausse de 19 % par rapport à 2019, année d’avant le Covid, selon l’étude menée par CHD Expert-Datassential pour les Salons Sandwich & Snack Show et Parizza qui se tiennent porte de Versailles à Paris les 12 et 13 avril. Le nombre de points de vente a, lui, augmenté de 4 % en un an. Il en existe quelque 51.500 à travers la France. Soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans.
« Le secteur apporte une réponse dynamique aux évolutions de la demande. Le marché est particulièrement résilient, les consommateurs souhaitant toujours se faire plaisir. Il se produit aussi des phénomènes de compensation. Certains Français jugeant qu’ils ont trop dépensé en restauration à table peuvent privilégier les offres rapides », estime Nicolas Nouchi, directeur des études chez CHD Expert-Datassential.
Intégrer l’inflation
L’appétit se maintient malgré la répercussion, partielle, de l’inflation des matières premières et de l’énergie. Mais les acteurs veillent généralement à ajuster leurs prix quitte à rogner sur leurs marges pour conserver leur image d’accessibilité. « L’arme principale des enseignes va être la formule, la promotion, la gratuité, le cash back », juge Nicolas Nouchi.
Le ticket moyen dans la restauration rapide s’est accru de 8 % depuis 2019, selon Circana (qui englobe désormais NPD et Iri), tandis que la fréquentation reste en retard de 4 % sur la même période. A comparer au recul de 24 % des visites par rapport à avant la pandémie dans la restauration à table.
Les acteurs oeuvrant sur cette dernière ne s’y trompent d’ailleurs pas. Groupe Bertrand , qui a dans son portefeuille aussi bien Hippopotamus que des brasseries, a accéléré le pas dans la street-food. A Burger King, dont il détient la master franchise pour la France et qui a vu son nombre d’établissements passer de 339 à 475 en trois ans, il a ajouté l’an dernier de la cuisine asiatique.
L’entreprise a racheté cet été la galaxie Pitaya , au fort accent thaïlandais tout en misant, sous une autre marque, sur les recettes indiennes. Il avait, auparavant, signé la master franchise pour l’Hexagone d’Itsu, enseigne britannique proposant gyozas vapeurs, poulet teriyaki et autres nouilles.
Napaqaro, dont le socle est Buffalo Grill, mise aussi sur la restauration rapide. Si le groupe a remis en vente Courtepaille avant de demander son placement en redressement judiciaire, il table sur le développement de la franchise Popeyes avec son poulet au goût de Louisiane. Il vise d’ici à la fin de l’année une vingtaine de lieux, comprenant à la fois des restaurants et des « dark kitchens » destinées à la livraison.
Vivre des expériences
Les frontières entre les types de restauration se font de plus en plus poreuses. La livraison est aussi proposée par des acteurs très différents, du restaurant de quartier aux chaînes de fast-food. Elle n’a, certes, plus la même ampleur qu’au coeur des confinements et autres couvre-feux. Mais elle se stabilise au-dessus de ses ventes d’avant-Covid, signe que les habitudes sont prises. Quant aux « food courts » , qu’ils soient très copieux ou se concentrent sur plusieurs marques d’un même groupe, ils essaiment de plus en plus.
« Désormais, les gens vont aussi dans des établissements de restauration rapide pour y vivre des expériences et profiter de l’endroit. Comme ils sont devenus plus casaniers avec le Covid, ils doivent avoir de bonnes raisons de sortir », note Maria Bertoch, experte foodservice au sein de Circana.
Des services supplémentaires apparaissent. Le spécialiste des burgers haut de gamme à la française, Big Fernand, vient de lancer les Tables de Fernand dans quelques restaurants. Les tables sont dressées et débarrassées, les clients restent assis pour la prise de commande, l’arrivée des plats et le paiement.
L’attractivité du marché français n’échappe pas aux acteurs étrangers. On prête à l’américain Wendy’s l’intention de s’y lancer. A l’inverse, les fast-foods hexagonaux s’exportent. A l’image d’O’Tacos, qui a revisité ce plat mexicain à la manière française. Il vient d’annoncer coup sur coup son arrivée aux Pays-Bas et au Canada.
Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Pourquoi la restauration rapide résiste à l’inflation