Auchan a ouvert son deuxième point de retrait de vente en ligne dans son fief de Lille. Faciles à implanter dans les grandes agglomérations, ces petits espaces séduisent aussi Carrefour, Leclerc et Intermarché.

Pour les zones périphériques et rurbaines, les enseignes de la grande distribution ont inventé le « drive », un entrepôt, souvent installé à côté d’un magasin, où les clients viennent chercher en voiture leurs commandes passées sur Internet. Depuis quelques mois, fleurissent dans les centres urbains, aux voies de circulation saturées, des points de retrait que les distributeurs appellent dans un oxymore, « drive piéton ».

Car il n’est pas question de conduire. C’est bien en marchant que les consommateurs des centres-villes, sans voiture ou qui privilégient la proximité, vont récupérer dans un local plus facile d’accès à pied qu’en voiture leurs  achats passés sur le site marchand de l’enseigne concernée. Auchan a été pionnier avec un premier Auchandirect ouvert en avril 2014 à Paris.

Du site marchand au point de retrait

Après un bon début, le lancement d’un nouvel entrepôt à Chilly-Mazarin a perturbé la logistique du distributeur du Nord. exploitation. Pas question cependant de faire marche arrière. Cette fois, c’est dans son fief lillois qu’il a inauguré la semaine dernière un Auchan drive, ouvert de 9 heures à 21 heures. L’offre est celle du drive de l’hypermarché d’Englos, dans la métropole lilloise, les commandes sur quelque 10.000 références sont livrées en moins de trois heures avec une camionnette qui fait quatre rotations par jour, pour des colis de moins de trente kilos.

Les prix, sont toutefois plus élevés que ceux du drive ou de l’hyper. Ils restent en revanche de cinq à dix points inférieurs aux commerces de proximité de la rue. « Nous ciblons non seulement le jeune actif réticent à prendre sa voiture, mais tous les gens qui vivent dans un rayon de 500 mètres, soit près de 10.000 personnes », explique le directeur d’Auchan Englos, Johan Plé. Auchan complète ainsi l’offre de proximité de son petit concept MyAuchan.

Une nouvelle manière de faire ses courses

« C’est une nouvelle manière de faire ses courses », souligne le directeur. On peut également se faire livrer dans le drive piéton des produits frais et traiteur ou acheter des billets de spectacle. Un point poste s’y installera en fin d’année. Auchan, qui fait là un test dans l’optique bien évidemment de le déployer, espère 100 à 150 commandes par jour.

Un objectif déjà dépassé par le drive piéton Leclerc, ouvert lui en avril 2017, non loin de là, à l’entrée du quartier du Vieux Lille. Thierry Pocher, l’adhérent à l’origine de cet espace de 50 m2 qui faisait lui aussi office de test pour l’enseigne coopérative, dit recevoir entre 150 à 200 commandes par jour, pour un panier moyen de 40 euros et un chiffre d’affaires de 1,2 million de chiffre d’affaires l’an dernier. Des services de conciergerie (pressing et relais colis) y sont également proposés.

Jusqu’à l’avant-dernier kilomètre

Avec un deuxième point de retrait ouvert en avril dernier près de la gare de Lille, le commerçant, qui compte trois hypermarchés dans la métropole nordiste, estime avoir quelque 2.000 foyers clients. « On s’adapte au mode de vie des urbains », analyse Thomas Pocher qui voit là « un moyen de conquérir les quadras sans voiture qui ne veulent plus se rendre dans un hyper ».

Contrairement à Auchan, les prix de ces drives piéton sont alignés sur ceux des hypers, soit selon l’adhérent Leclerc « 30 à 40 % moins cher que ses concurrents de proximité où l’offre est six à sept fois moins importante ». Les ouvertures d’un 3ème, voire d’un 4ème permettront d’optimiser les tournées de livraison.

Fidèles à leurs pratiques, une fois le modèle validé, d’autres adhérents Leclerc vont le décliner à Reims, Caen, Aurillac, Meaux, Rennes, Montpellier, Bordeaux et Paris en fin d’année, en complément du service de livraison Leclerchezmoi. D’autres enseignes, comme Cora,  Carrefour à Lyon et Paris ou Super U à Lyon également, testent ce système de leurs côtés.

Le prix des hypers en ville

Le drive piéton intéresse beaucoup les distributeurs qui ne disposent que d’un petit réseau de supermarchés de proximité. Il permet de s’implanter au coeur des grandes agglomérations à moindres coûts, compte tenu de la petite surface nécessaire. Intermarché suit le même chemin et a ouvert en octobre un premier drive piéton à Paris, dans le quartier Saint-Michel. Un deuxième test sera mené non loin dans un Intermarché Express de 350 mètres carrés qui élargira son offre grâce au click an collect, ce que le président d’Intermarché, Thierry Cotillard, appelle un « point de vente augmenté ».

Carrefour ne manque pas, lui, de supermarchés de proximité ; Il les renforce aussi avec des drives piétons soit isolés, comme à Paris, dans les quartiers Alésia et Parmentier, soit dans des magasins existants. Le groupe compte 22 drive piétons, 11 drive à Paris et 11 dans la région lyonnaise. Pour Carrefour, l’objectif est d’apporter les prix des hypemarchés au plus près des urbains.